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Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n° 7. Orchestre symphonique de la Radio de Bavière à Munich, direction : Simon Rattle. 1 CD BR Klassik. Enregistré à l’Isarphilharmonie im Gasteig, en novembre 2024. Notice de présentation en anglais et allemand. Durée : 75:38
BR KlassikAprès la parution des symphonies n° 6 et n° 9 (Clef ResMusica) ainsi que Le Chant de la Terre, le label munichois édite la Symphonie n° 7 sous la direction de Simon Rattle. Cette quatrième parution du cycle consacré à une nouvelle intégrale mahlérienne présente la meilleure des cinq lectures de l'œuvre sous la baguette du chef anglais.
Rappelons brièvement les témoignages de Rattle dans cette symphonie. Avec le Symphonique de Birmingham (Emi, 1991), l'engagement compense les limites d'un orchestre et d'une prise de son plate. Véritable rareté, la version avec le Philharmonique de Vienne captée en tournée lors des “Mahler Fest” d'Amsterdam (RCO, 1995) est intéressante car Rattle impose un climat d'urgence superbement assuré par un orchestre flamboyant. En revanche, une direction ultérieure qui se révèle assez décevante (2016, BPH). Quelques jours après l'enregistrement audio, la version DVD (Unitel) n'apporte rien de plus.
Au sein de la discographie de la formation bavaroise, cette nouvelle Symphonie n° 7 dirigée par le directeur musical du Symphonique de la Radio de Bavière depuis 2023 enrichit le catalogue de l'orchestre. Dans la même partition, celui-ci comprend déjà les prestations de Kubelik (celle pour DG demeure préférable au “live” Audite), Maazel (non-officiel), Jansons et Haitink.
Les deux mouvements extrêmes de la symphonie sont les plus réussis de la nouvelle mouture Rattle. La puissance des cuivres, la matière sonore si caractéristique de cet orchestre, aujourd'hui le plus typé d'Allemagne, emporte l'adhésion dans le premier mouvement. Rattle théâtralise chaque phrase, incitant les pupitres à se charger d'affect. L'expression post-romantique et d'un lyrisme chargé – au sens du drame puccinien – privilégie la dimension grandiose à défaut de souligner les atmosphères sous-jacentes, chargées de menaces et de mystère. Dans cette page, Mahler l'écrivit : « c'est la Nature qui rugit ! ». On peut admirer la démarche de Rattle tout en préférant l'approfondissement des timbres chez Tennstedt, Bernstein et Sinopoli.
Cette même nature est magnifiée dans la première Nachtmusik. Elle joue d'effets d'échos, ceux provoqués lors de la fin d'une randonnée alpestre, à la tombée de la nuit. Le caractère assez lisse de la direction, le peu de contrastes et de couleurs étonnent. Les cuivres jouent à leur convenance. Le manque de tenue et d'engagement dans les effluves de musiques militaires sous-emploie les vents. L'auditeur a davantage le sentiment d'assister à un interlude d'opéra qu'à un mouvement de symphonie. On espérait du Scherzo – schattenhaft (fantomatique) – qu'il suggère une valse “glissante”. A l'évidence, Rattle a choisi la contemplation d'un paysage dont les plans sonores s'évacuent sans beaucoup de respirations et dans des tempi bien rapides. L'orchestre est, à nouveau, en sous-régime. De fait, nous n'entrons pas dans ce cauchemar éveillé contrairement à la conception d'un Sinopoli. Willem Mengelberg écrivit sur sa partition : « « c'est une danse des morts comme on en voit dans les vieilles fresques […] la mort joue du violon, invite à danser et bientôt, tous doivent suivre… ». La seconde Nachtmusik – Andante amoroso – est dirigée bien trop rapidement, ce qui a pour conséquence de brouiller l'esprit de la sérénade pour vents, revendiquée comme un hommage mozartien. La lecture devient un collage d'épisodes purement décoratifs. Saluons l'impeccable prestation des solistes invités, qu'il s'agisse de la mandoline ou de la guitare.
Tout comme dans le premier mouvement, Rattle offre dans le finale, un déploiement d'énergie d'un superbe élan. Les pupitres jouent à pleine puissance sans altérer l'articulation des voix: imaginons l'arrivée d'une armée dont les troupes victorieuses sont décrites avec autant d'humour que de grandeur factice. Dans ces démonstrations triomphales, Rattle est toujours à son affaire. Notons que la prise de son, remarquable, est bien supérieure à celle de la captation “live” de la version berlinoise.
Sans bouleverser la discographie, cette version mérite d'être écoutée, ne serait-ce que pour la beauté incandescente de l'orchestre.
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Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n° 7. Orchestre symphonique de la Radio de Bavière à Munich, direction : Simon Rattle. 1 CD BR Klassik. Enregistré à l’Isarphilharmonie im Gasteig, en novembre 2024. Notice de présentation en anglais et allemand. Durée : 75:38
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