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Rome. Teatro dell’Opera. 23-III-2025. Gaetano Donizetti (1797-1848) : Lucrezia Borgia, opéra en un prologue et deux actes actes sur un livret de Felice Romani d’après Victor Hugo. Mise en scène : Valentina Carrasco. Lumières : Marco Filibeck. Costumes : Silvia Aymonino. Avec : Carlo Lepore, Alfonso ; Angela Meade, Lucrezia Borgia ; Oreste Cosimo : Gennaro ; Teresa Iervolino, Maffio Orsini. Orchestre et Choeur du Teatro dell’Opera di Roma, direction musicale : Roberto Abbado
Lucrezia Borgia n'est pas parmi les opéras les plus représentés de Gaetano Donizetti, mais la vivacité des scènes italiennes permet de le voir régulièrement mis en scène avec intelligence. L'Opéra de Rome fait appel à Valentina Carrasco pour cette production.
Ayant déjà mis en scène La Favorite du même compositeur, la metteuse en scène italienne propose une lecture intéressante de cette œuvre. Les deux axes majeurs de cette réflexion sont l'usage du masque et l'utilisation de trois couleurs principales. Le masque est partout dans l'opéra, depuis le bal à Venise jusqu'au dîner de Ferrare. Le chœur en est paré, avec des masques à doubles faces. Un masque blanc immense trône au-dessus du plateau, ayant comme fonction d'être un rideau de scène ponctuant la topographie. Le palais des Borgia est parsemé de masques posés sur des tiges. Exhibés ainsi, on pense autant aux masques portés avec la duplicité familiale qu'aux victimes de leurs méfaits.
D'immenses tulles rouges, noirs et blancs illustrent la tonalité des scènes : le noir est réservé aux Borgia (de même que dans le Palais Negroni, signifiant ainsi la révélation finale qu'en arrière-main, on se trouve chez un Borgia) ; le rouge annonce l'amour (notamment maternel de Lucrezia envers Gennaro) mais également le sang versé (avec la très belle idée du tableau où Lucrezia scarifie le dos des amis de Gennaro avec les lettres de son nom amputé du B initial, les désignant ainsi pour l'empoisonnement à venir) ; le blanc est réservé à Gennaro et ses comparses. Un enfant (rôle muet) parcourt l'ensemble de l'œuvre, depuis l'échographie diffusée lors de l'Ouverture, de son rapt dès la naissance, jusqu'à la mort de Gennaro où il est pris dans les bras de Lucrezia. L'ensemble est efficace, permettant de suivre facilement la progression dramatique et de bien saisir les enjeux inhérents à chacune des scènes.
En Lucrezia Borgia, Angela Meade commence difficilement la représentation avec des notes piani ne passant pas du tout, sonnant faux, et où le souffle se dérobe. Toutefois, la chanteuse s'échauffe au fur et à mesure de la soirée. Dès le duo avec Gennaro, elle donne une certaine idée de sa puissance vocale, récupérant une maîtrise jusque là hésitante. Les moments les plus impressionnants sont le duo avec Alfonso et l'air du dernier acte « Mille volte »: le lyrisme de ses phrases et son legato y sont exploités à merveille. En revanche, les moments de virtuosité pure sont empreints d'une trémulation qui n'est pas du meilleur effet. Son mari, Alfonso d'Este, est incarné par Carlo Lepore, un chanteur habitué des rôles belcantistes. Sa voix impressionne par la puissance de son émission et la justesse de son intonation. En revanche, Oreste Cosimo, ténor au physique avenant, est parfois en difficulté avec la tessiture aigüe et la juvénilité du rôle. Il est toujours dans une émission en force, là où parfois des nuances et des couleurs auraient pu faciliter son jeu. Enfin, Teresa Iervolino a les graves somptueux pour le rôle de Maffio Orsini et son Brindisi est entraînant.
Roberto Abbado dirige avec attention l'orchestre maison, en prenant garde d'accompagner les chanteurs dans leur rythme respectif. Sans paraître routinier, il maintient une tension tout au long du spectacle.
Ainsi défendue, Lucrezia Borgia gagne à être représentée plus souvent sur scène.
Crédit photographique : Angela Meade © Fabrizio Sansoni-Teatro dell'Opera di Roma
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Rome. Teatro dell’Opera. 23-III-2025. Gaetano Donizetti (1797-1848) : Lucrezia Borgia, opéra en un prologue et deux actes actes sur un livret de Felice Romani d’après Victor Hugo. Mise en scène : Valentina Carrasco. Lumières : Marco Filibeck. Costumes : Silvia Aymonino. Avec : Carlo Lepore, Alfonso ; Angela Meade, Lucrezia Borgia ; Oreste Cosimo : Gennaro ; Teresa Iervolino, Maffio Orsini. Orchestre et Choeur du Teatro dell’Opera di Roma, direction musicale : Roberto Abbado