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Les fils rouges du destin pour le Jules César de Haendel au Capitole

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Toulouse. Théâtre du Capitole. 23-II-2025. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Giulio Cesare in Egitto, dramma per musica en trois actes sur un livret de Nicola Francesco Haym. Mise en scène : Damiano Michieletto. Décors : Paolo Fantin. Costumes : Agostino Cavalca. Chorégraphie : Thomas Wilhelm. Coiffure, maquillages, masques : Cécile Kretschmar. Lumières : Alessandro Carletti. Avec : Rose Naggar-Tremblay, Giulio Cesare ; Claudia Pavone, Cleopatra ; Irina Sherazadishvili, Cornelia ; Key’mon Murrah, Sesto ; Nils Wanderer ; Nils Wanderer, Tolomeo ; Joan Martín-Royo, Achilla ; William Shelton, Nireno ; Adrien Fournaison, Curio. Diane Magre, Taos Mesbahi, Tiare Salgado Giadrosic, danseuses. Les Talens Lyriques, direction musicale : Christophe Rousset

L'un des grands classiques de l'opéra baroque, Giulio Cesare in Egitto de Haendel, fait son entrée au répertoire du Théâtre du Capitole de Toulouse avec de nouvelles voix particulièrement adaptées à ce catalogue d'arias marquant.

La mise en scène de présentée en 2022 au Théâtre des Champs-Elysées puis à Montpellier ne nous convainc pas sur la scène toulousaine. Son aspect contemporain minimaliste n'a pour seul avantage que de favoriser la concentration sur les voix plutôt que sur une approche scénique particulière. Des éléments parasites agacent plus qu'ils n'apportent un regard nouveau sur cette œuvre emblématique de Haendel : un plateau quasiment nu, des costumes de villes simplistes, des Parques omniprésentes parées de leurs fils rouges dédiés à une esthétique graphique plus qu'à une véritable symbolique, un masque qui obstrue le visage de Cléopâtre dans son aria « Se pietà di me non senti », l'apparition de toges romaines armées de dagues initialement absentes du livret…

Côté voix, on va de découverte en découverte dans ce casting de belle qualité. La première à retenir, et pas des moindres, est celle du contre-ténor Key'mon Winkfield Murrah qui campe vocalement un extraordinaire Sesto, déployant la sensibilité de son personnage par une intéressante évolution des affects, et maîtrisant la tessiture vocale de ce rôle avec une facilité étonnante. A ses côtés, , en veuve éplorée, est d'une efficacité redoutable. Forte d'un timbre plantureux, la mezzo est magistrale dans le duo avec son fils « Son nata à lagrimar » où, avec le contre-ténor, elle parvient à une émotion poignante.


En une semaine de répétition, , qui tient le rôle travesti de Giulio Cesare, offre au chef de guerre une stature toute relative, la puissance de sa voix s'ornant plus de vocalises que d'une ampleur conquérante. Faisant preuve d'une agilité sans pareille, la Cléopâtre qui l'accompagne se distingue grâce à la brillance du timbre de , qui excelle dans les différentes couleurs de ce personnage complexe.

Les personnages secondaires tels que Tolomeo (), Achilla (Joan Martín-Royo qui a remplacé au pied levé Edwin Fardini), Nireno ( étant annoncé souffrant) et Curio () complètent une distribution vocale homogène, et sont convaincants malgré des interventions plus en retrait.


Dans la fosse, le public toulousain a la chance d'avoir la crème de la crème pour défendre cet ouvrage lyrique dans toute sa splendeur. A la tête de ses Talens Lyriques, sait parfaitement mettre en lumière les individualités, qu'elles soient sur le plateau ou dans l'orchestre (très belle intervention du cor !). Dans un équilibre agréable entre voix et instruments, et avec une belle ampleur orchestrale, la qualité de cette interprétation se traduit autant par sa fluidité et sa cohérence, que par son engagement à faire se déployer les différents sentiments de la musique de Haendel.

Crédits photographiques : © Mirco Magliocca

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Toulouse. Théâtre du Capitole. 23-II-2025. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Giulio Cesare in Egitto, dramma per musica en trois actes sur un livret de Nicola Francesco Haym. Mise en scène : Damiano Michieletto. Décors : Paolo Fantin. Costumes : Agostino Cavalca. Chorégraphie : Thomas Wilhelm. Coiffure, maquillages, masques : Cécile Kretschmar. Lumières : Alessandro Carletti. Avec : Rose Naggar-Tremblay, Giulio Cesare ; Claudia Pavone, Cleopatra ; Irina Sherazadishvili, Cornelia ; Key’mon Murrah, Sesto ; Nils Wanderer ; Nils Wanderer, Tolomeo ; Joan Martín-Royo, Achilla ; William Shelton, Nireno ; Adrien Fournaison, Curio. Diane Magre, Taos Mesbahi, Tiare Salgado Giadrosic, danseuses. Les Talens Lyriques, direction musicale : Christophe Rousset

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