Nous avons appris le décès, ce 24 février à Bouge, près de Namur, du compositeur et pédagogue belge Frederik Van Rossum.
Né à Bruxelles le 5 décembre 1939 au sein d'une famille à vocation artistique (il était le petit-fils du peintre symboliste Léon Spilliaert), il a été formé au conservatoire de sa ville natale auprès notamment de Marcel Quinet et d'André Souris.
S'il s'inspire dès ses premières œuvres de Stravinsky, Berg ou Varèse, il s'intéresse aussi aux recherches, un peu plus à l'Est, de Lutosławski, Ligeti ou Górecki. On peut qualifier son style de librement expressionniste, à l'écart des modes, entre tradition séculaire et acquis de la modernité tout en évitant les écueils tant de l'académisme que de l'avant-garde cultivée pour elle-même. Son œuvre, essentiellement instrumentale, plus rarement vocale, est destinée à son instrument, le piano ou à diverses formations – de l'ensemble de chambre au « grand symphonique ». Des partitions aux fortes connotations ou préoccupations humanistes retranscrites dans leurs titres : Épitaphe pour ensemble de cordes, à la mémoire de son grand-père Spilliaert, Réquisitoire, pour cuivres et percussion, œuvre angoissée et d'une noirceur épique, le Souffle de Némésis, sous-titre de sa troisième symphonie, Eloquences, pour cor et orchestre…
Son style est à la fois original, sincère, sans esbrouffe inutile, et directement accessible au plus grand nombre : il conquiert les faveurs du public avec son premier concerto pour violon (1980) destiné à l'épreuve finale du Concours Musical International Reine Elisabeth, une des rares œuvres composées en cette circonstance à être restée au répertoire, du moins en Belgique. Un second concerto, plus développé, suivra une quinzaine d'années plus tard. Il est célébré par plusieurs prix nationaux et internationaux : Prix Koopal (1972), Grand Prix Paul-Gilson (1973), ou Grand Prix de la Tribune internationale des Compositeurs de l'UNESCO (1981).
Frederik van Rossum était un enseignant recherché : il a été professeur de composition et d'analyse au Conservatoire Royal de Bruxelles, puis à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth de Waterloo, et a été directeur de l'Académie de Musique de Watermael-Boisfort, en périphérie bruxelloise. Toutefois, dans la cinquantaine, il avait renoncé à ces activités pour se consacrer uniquement à la composition. De 1995 à 2000, il a été compositeur en résidence du Festival de Flandres. Depuis 2004, il était membre de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique.
Une partie de son œuvre a été éditée à Paris par Billaudot, maison qu'il a quittée au fil de sa carrière, ce qui semble aujourd'hui, hélas, rendre l'accès à certaines de ses partitions assez difficile. (BH)
Forte personnalité dont j’ai été l’élève au conservatoire de Liège.
Mes sincères condoléances