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Festival Everybody, la fête de tous les corps

Suite et fin du Festival Everybody avec un riche et intense programme croisant diversité, inclusion et jeunesse au Carreau du Temple à Paris, de Cover à Chemical Joy.


Cover
puise dans les souvenirs intimes et les bouleversantes révélations personnelles qui traversent une large partie de la vie de : ceux de son père, Socrate, arrivé enfant de Guadeloupe, devenu expert à la radio des musiques noires ; ceux du racisme ordinaire ; ou encore ceux de la vie de danseuse, qui doit se battre contre les clichés et les méchancetés. Masquée de dos ou disco girl à paillettes, n'est jamais indulgente avec elle-même dans ce récit dansé : ado « racisée », livrée à la concupiscence d'un playboy, puis danseuse modern-jazz recrutée pour son parfum exotique. C'est un spectacle militant, dont la construction aurait pu être travaillée davantage pour qu'il devienne encore plus revendicatif.

, jeune femme trisomique, danseuse depuis quelques années, devient chorégraphe dans ce généreux projet, Danser ensemble. Après un échauffement original et festif, la troupe très spéciale composée de chorégraphes célèbres ou aguerris, dont l'initiale du prénom est brodée sur le costume, se sépare en duos tendres et complices, chacun construit sur une narration différente.

et Michael Phelippeau se lancent, par exemple, dans une danse des prénoms, où chaque mouvement porte le prénom d'une rencontre d'Alice. Puis et Bérénice Legrand troquent chaussures et pantalon doré pour un duo de danse baroque. Xavier Lot et Bruce Chiefare nous emmènent dans la jungle pour un tendre duo naturaliste. Enfin, les deux Sophie Marceau, alias et Nathalie Hervé, rejouent les années adolescentes du film La Boum, du premier baiser aux déceptions amoureuses.
Pour finir, et Marc Lacourt rejouent Bip Bip et le Coyote des célèbres cartoons, pour se lancer dans une danse matérialiste et endiablée digne de Boris Vian.

De slow en chansons d'amour, c'est tout un répertoire de la chanson populaire qu' nous fait partager au gré de ces duos comiques ou nostalgiques. Premier public des duos qu'elle a elle-même commandés, Alice rit aux larmes, avant qu'une dernière chorégraphie collective ne permette aux interprètes réunis de danser tout le vocabulaire chorégraphique transmis par Alice.

La soirée s'achève avec la première française de Chemical Joy, de Bodhi Project. La chorégraphie explore les constructions culturelles autour des corps de cinq jeunes danseurs. Si l'unité de base est la marche, donnant au début au plateau des airs de « catwalk » ou de « runway », les déplacements s'enrichissent progressivement de mouvements empruntés au disco ou au fitness, qu'une chanteuse comme Britney Spears (dont une chanson est intégralement dansée) mélange allègrement. Le rythme binaire intense exige une forme de virtuosité, dont les danseurs ne manquent pas.

Si l'énergie de ces cinq danseurs évoque celle des compagnies La Horde, Mazelfreten ou de Static Shot de Maud Le Pladec pour le Ballet de Lorraine, la chorégraphe tente aussi à travers Chemical Joy une critique de la fascination exercée par ces mouvements stéréotypés, rendus populaires par les réseaux sociaux et les clips. Nous sommes nous-mêmes attirés par ces corps jeunes et puissants, à la beauté atypique pour certains. Les costumes renforcent cette esthétique pop et décalée : léotard à paillettes, mini-shorts flamboyants et t-shirts à sequins. Une fois ces artefacts retirés, les tentatives de nudité de ces corps épuisés se révèlent cependant un peu dépourvues de magie et d'érotisme.

Crédits photographiques : photos 1 et 2 : Danser ensemble © Lechangeur-CDCN ;  photo 3 : Chemical Joy Bodhi Project © Albert Vidal Vertex Comunicacio

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