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Messina, Berthaud, Chiovetta : lecture magnétique de trios de Mozart et Bruch

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Max Bruch (1838-1920) : Huit Pièces pour clarinette, alto et piano, op. 83 ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Trio en mi bémol majeur « Les Quilles », K.498. Patrick Messina, clarinette ; Lise Berthaud, alto ; Fabrizio Chiovetta, piano. 1 CD Aparté. Enregistré réalisé en novembre 2022 à l’Auditorium Darius Milhaud, Aix-en-Provence. Notice de présentation en français et anglais. Durée : 51:00

 

L'heureuse association du clarinettiste , de l'altiste et du pianiste  illumine deux partitions incontournables issues de l'esprit de Wolfgang Amadeus Mozart et de celui de .

Avec le Trio pour piano, clarinette et alto dit « Les Quilles », en mi bémol majeur (K.498), Mozart semble avoir pour la première fois composé pour cette formation instrumentale inhabituelle. Nous sommes à Vienne en 1786. Si ultérieurement son intérêt pour la clarinette s'intensifiera encore, les potentialités de l'instrument ont retenu longtemps son attention. C'est le contact avec le fameux virtuose Anton Stadler (1753-1812) au sein d'une loge maçonnique qui l'incitera à confier à son génie créateur des musiques comme le Quintette K.581 (1789), le Concerto pour clarinette K.622 (1791) et d'autres chefs-d'œuvre encore. Pour l'anecdote, précisons que le surnom attribué à ce Trio K. 498 résulte sans doute d'une confusion entre cette pièce et les Duos pour cors (K. 487 à 496a) composés la même année. Le Trio est créé chez le futur baron von Jacquin, botaniste distingué, dont la fille Franziska deviendra une élève zélée de Wolfgang.

De manière inusitée l'œuvre commence par un Andante franchement monothématique puisque le premier thème est entendu une quarantaine de fois tandis que le second thème se montre proche du premier. L'absence du tempo Allegro attendu n'empêche donc pas Mozart de parer cette partie d'une coloration instrumentale délicieuse, homogène, dépassant nombre de conventions tout en mettant en route une économie de moyens (on pense à Joseph Haydn). Tonique, le mouvement suivant, noté Menuetto, s'enrichit d'une brillante cohérence. Le dernier mouvement, Rondeau, est un Allegretto, dans lequel la clarinette majestueuse doit à l'évidence au second motif du premier mouvement et parachève la grande unité de cette partition polyphonique bénéficiant des sections contrastées jamais amputées de la précieuse et légère poésie mozartienne.

L'équilibre parfait imaginé entre les trois instrumentistes fait merveille à l'écoute d'une complicité évidente. Bénéficiant de leurs interactions délicates, les trois musiciens de cet enregistrement déploient un jeu rigoureux et de toute beauté. Ils parviennent ainsi à traduire toute la richesse mélodique et virtuose de la partition.

On se souvient de comme d'un compositeur allemand ayant excellé dans ses grandes œuvres chorales et pour ses deux merveilleux concertos pour violon. On connait moins ses partitions de musique de chambre pourtant de belle facture et appréciables pour leur beauté sonore et leur structure classique accomplie. Les Huit Pièces op. 83 ont été élaborées vers la fin de la vie du maître (1910). Elles révèlent un compositeur plein de noblesse et apte à enfanter une musique développée avec maestria et conçue pour faire ressortir les qualités de chaque instrument. Plutôt conservateur et romantique, positionné dans le sillage de Brahms, Bruch compose dans le registre de la tonalité et offre à sa musique une accessibilité patente, s'opposant aux innovations de son temps, visant en particulier tant Max Reger que Richard Strauss, ses contemporains.

Son habileté et son sens de l'équilibre, parfaitement suivis et traduits par les musiciens de cette parution, se déroulent au cours des pièces majoritairement adagio : n° 1, 3, 5 (Air roumain), et 6 (Chant nocturne), mais aussi allegro : n° 2, 4 et 7, ou encore Moderato : n° 8.

Un enregistrement délicat et engagé fêtant tour à tour ou de concert la clarinette, l'alto et le piano.

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Max Bruch (1838-1920) : Huit Pièces pour clarinette, alto et piano, op. 83 ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Trio en mi bémol majeur « Les Quilles », K.498. Patrick Messina, clarinette ; Lise Berthaud, alto ; Fabrizio Chiovetta, piano. 1 CD Aparté. Enregistré réalisé en novembre 2022 à l’Auditorium Darius Milhaud, Aix-en-Provence. Notice de présentation en français et anglais. Durée : 51:00

 
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