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Elsa Dreisig chante la lumière de Ravel et de Fauré à la Philharmonie de Paris

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Philharmonie de Paris. 15-II-2025. Maurice Ravel (1875-1937) : Ballade de la reine morte d’aimer, Tripatos, Trois beaux oiseaux de Paradis, Trois poèmes de Stéphane Mallarmé, Quatuor à cordes ; Gabriel Fauré (1845-1924) : La Bonne Chanson. Elsa Dreisig, soprano. Célia Oneto Bensaid, piano. Musiciens de l’Orchestre de Paris. Concert chansigné (Collectif INTEGRAAL)

Elle nous avait enthousiasmés il y a deux ans dans le rôle de Juliette aux côtés de Benjamin Bernheim. Entourée, à la Philharmonie de Paris, de au piano et de musiciens de l', nous enchante à présent dans le cadre plus intimiste de la mélodie française.

Inscrit dans la série de concerts chansignés organisés par la Philharmonie en collaboration avec le Collectif INTEGRAAL, ce récital est accessible aux sourds et signants qui peuvent par l'intervention sur scène de deux artistes chansigneuses, comprendre non seulement les paroles des mélodies chantées, mais aussi percevoir les inflexions expressives, les rythmes de la musique, en sentir les émotions. 

Et en matière d'expressivité, ne reste pas dans la réserve. C'est dire que le courant sera passé ! Elle a choisi, pour le 150ème anniversaire de la naissance de , que la Philharmonie célèbre par les concerts et une exposition, un assortiment parmi les nombreuses mélodies que le compositeur n'a eu de cesse d'écrire tout au long de sa vie. Et pour commencer la toute première : la Ballade de la reine morte d'aimer, dont elle éclaire la belle simplicité de son timbre frais et pur sur les notes délicates et doucement cristallines du piano. Les mélismes et les « la li li la » de Tripatos, bref chant populaire grec harmonisé par Ravel, apportent un élan de gaité, entonnés de sa voix souple, libre, agile. Vient en contraste Trois beaux oiseaux du paradis, mélancolique chanson composée au début de la Grande Guerre puis les Trois poèmes de Stéphane Mallarmé où la voix s'enchâsse dans le superbe écrin instrumental des musiciens de l'. Beauté des lignes, longueur de souffle sur la languide sensualité des cordes dans Soupir, la chanteuse évolue d'un registre extrême à l'autre avec une aisance déconcertante, dans un legato exemplaire. Sensuel sur la troublante flûte de Placet futile, son chant soyeux s'épanouit dans de belles nuances, sans la moindre lourdeur, sans le moindre gras, sur les sonorités précieuses de Surgi de la croupe et du bond. 

Après une interprétation remarquable par son relief, ses atmosphères, du Quatuor de Ravel, les musiciens de l' rejoignent sur scène, cette fois en quintette à cordes, le piano sensible et fluide de , pour non plus , mais , son maître au Conservatoire de Paris, dédicataire (fort critique !) de son Quatuor. Si les vers de Verlaine ne sont pas toujours très compréhensibles, gommés ici par l'onctuosité du chant, le vibrato fin, la rondeur de la voix dont pare les neuf mélodies de La Bonne Chanson, sa projection naturelle donnent par moments à cette musique une dimension lyrique que réclament ses élans, ses embrasements : «car voici le soleil d'or » qui achève Avant que tu t'en ailles, et davantage encore le dernier quatrain de L'hiver a cessé (« Que vienne l'été !… ») ardente et éclatante conclusion du cycle, et du récital. On s'y laisse volontiers prendre ! Elsa Dreisig nous aura séduits tout autant qu'à l'opéra. Comment ne pas formuler le vœu d'entendre à nouveau son timbre lumineux dans ce beau répertoire de la mélodie française…

Crédit photographique © Jany Campello/ResMusica

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Philharmonie de Paris. 15-II-2025. Maurice Ravel (1875-1937) : Ballade de la reine morte d’aimer, Tripatos, Trois beaux oiseaux de Paradis, Trois poèmes de Stéphane Mallarmé, Quatuor à cordes ; Gabriel Fauré (1845-1924) : La Bonne Chanson. Elsa Dreisig, soprano. Célia Oneto Bensaid, piano. Musiciens de l’Orchestre de Paris. Concert chansigné (Collectif INTEGRAAL)

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