Thomas Lebrun fait le lien entre trois générations dans 1998

A Micadanses, 1998 est une merveilleuse soirée conçue par Thomas Lebrun qui ressuscite un temps où l'écriture de la danse était une valeur essentielle.

C'est à une vision calme et exigeante de la danse que nous invite Thomas Lebrun, reconstituant cette soirée de très petites formes, solo et duos, avec le calme tranquille des corps portés par le mouvement. Ce spectacle composé de quatre pièces traverse allègrement ces dernières vingt-cinq années. Du solo, Pouce !, de Bernard Glandier offert à Thomas Lebrun, qui aujourd'hui le transmet à de nouveaux interprètes au duo de Christine Bastin, Noce.

Pouce ! est un solo de Bernard Glandier créé en 1994 et transmis à Thomas Lebrun en 1998. Légué à la mort du chorégraphe, en 2001, il est aujourd'hui transmis par Thomas Lebrun à deux nouveaux interprètes, en alternance, José Meireles et Hugues Rondepierre. Ce soir là, José Meireles témoigne d'un engagement physique et chorégraphique exceptionnel pour ce solo qui s'inscrit dans le cadre d'un carré de lumière, délimitant une frontière, presque un enfermement contre lequel se cogne le danseur en chemise blanche et pantalon de toile. Avec une énergie combative, il parcourt son carré de bord à bord, dans un épuisement sans échappée possible. L'écriture est intense et étonnamment moderne, voir actuelle. Un solo dont la nécessité éclate à chaque pas.

Tú, sólo tú de Bernard Glandier, extrait de la pièce Faits et Gestes, a été créé en 1997. Il est ici interprété par Montaine Chevalier avec beaucoup de douceur pour ce délicat solo inspiré, entre autres, par Dominique Bagouet. Beaucoup d'émotion aussi, alors que s'élève un chant yiddish. Ports de bras du baroque, petits sauts de chat et une musicalité infinie dans les gestes de la danseuse. Là encore, une écriture d'une précision et d'une délicatesse que l'on ne voit plus aujourd'hui. L'émotion affleure à chaque mouvement, à chaque instant.

Créé en 1999 par Christine Bastin pour la pièce Be, Noce est un superbe duo d'amour entre deux hommes sur l'Hallelujah de Jeff Buckley. Transmis par Christine Bastin et Pascal Allio à Maxime Aubert et José Meireles, qui forment deux corps à l'unisson pour une confrontation sensuelle et sensorielle. La façon dont ces corps s'imbriquent intimement, fusionnent pour ne faire qu'un, aimantés, est époustouflant.

La soirée s'achève par un duo féminin de Thomas Lebrun, Le titre n'a pas d'importance, créé spécialement pour compléter ce programme. Ce magnifique duo féminin, où le mouvement coule de source, fait le lien entre deux écritures : le moelleux de la danse baroque et la rigueur plus austère de l'école américaine. Deux générations de danseuses, Montaine Chevalier et Anne-Emmanuelle Deroo, aux corps tenus et limpides. Elles joignent leur deux langages ensemble, comme les deux instruments d'une partition qui jouent en harmonie.

Crédits photographique : © Frédéric Iovino

Lire aussi : Tous nos articles du festival Faits d'hiver