Impressionnant Figuring age de Boglárka Börcsök au Festival Everybody

Il y en a pour tous les goûts au Festival Everybody, lancé le 14 février au Carreau du Temple à Paris sur le thème de la place du corps dans nos sociétés. La hongroise Boglárka Börcsök ouvre cette grande fête avec un spectacle touchant et original : Figuring Age.

Le festival Everybody signe une quatrième édition particulièrement inclusive où l'on peut assister à un cabaret drag ou à un bal voguing, participer à un atelier de nail art ou de yoga, suivre une rencontre sur le thème de la discrimination dans les arts vivants ou encore voir une dizaine de spectacles dont Un cœur réduit à un point de Marie-Jo Faggianelli, Cover de Myriam Soulanges ou encore Danser ensemble d'Alice Davazoglou. Le point commun de ces différentes manifestations qui se tiennent dans les différents espaces du Carreau du Temple : la représentation du corps et sa place dans nos sociétés.

Pour ouvrir les festivités, la danseuse et chorégraphe hongroise Boglárka Börcsök présente Figuring Age, un projet hybride mené avec le réalisateur allemand Andreas Bolm, avec lequel elle tourne dans toute l'Europe. Celle qui a étudié la danse contemporaine à l'Université privée Anton Bruckner à Linz, puis au Performing Arts Research and Training Studios à Bruxelles appuie son travail sur des recherches d'archives, des rencontres personnelles, ici filmées par Andreas Bolm, et la pratique attentive de l'écoute et de l'observation. De la rencontre de la chorégraphe avec plusieurs anciennes danseuses très âgées ayant assisté aux débuts de la danse moderne hongroise dans les années 30, est né Figuring Age, performance immersive qui interroge la mémoire corporelle, le grand âge et la vieillesse avec beaucoup de délicatesse et de poésie.

Sous les yeux d'un petit groupe de spectateurs assis autour d'elle dans un décor tout blanc, la danseuse entame un monologue pour relater les conditions dans lesquelles la danse moderne a émergé dans son pays, dans un climat politique hostile. Puis soudain la danseuse « devient » l'une de ces danseuses nonagénaires qu'elle a rencontrées. Son corps se recroqueville, sa respiration se fait plus difficile, chaque pas semble une torture à tel point qu'elle demande l'assistance des spectateurs pour se déplacer dans l'espace, s'asseoir ou se lever. L'effet est bluffant. Le public retient son souffle pour ne pas perturber cette vie que l'on sent si fragile. Et en quittant la salle, après que la danseuse a demandé de l'aide pour aller se coucher, épuisée, nombreux sont ceux qui n'ont pu s'empêcher d'aller lui prendre la main, la remercier, la couvrir de son drap… comme ils l'auraient fait avec leur propre grand-mère. L'expérience partagée est intense. A la sortie, les trois vraies danseuses (90 à 101 ans) se meuvent sur un écran, chez elles, et l'on reconnaît les mouvements esquissés par la chorégraphe qui leur a prêté sa voix et son corps. La boucle est bouclée et tout prend alors encore plus de sens.

Crédit photographique : © Andreas Bolm

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