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La Maison des écrivains et de la littérature asphyxiée par le silence du ministère de la Culture

 

La Maison des écrivains et de la littérature (Mél), installée à Paris dans la Villa des Frères Goncourt, est un centre de documentation, un laboratoire des formes nouvelles de la vie littéraire dans le champ social et culturel, et fait travailler 300 écrivains en France en matière d’éducation artistique et culturelle. Agréée par le ministère de l’Éducation nationale, elle est le premier employeur d’écrivains et est forte d’un effectif de sept personnes.

Aujourd’hui 15 février, elle est au bord de la cessation de paiement, faute d’obtenir la confirmation par la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) du versement de sa subvention 2025 de 350 000€.

Elle subit, comme bien d’autres structures avant elle, la technique de l’asphyxie par le silence. Selon cette méthode éprouvée bien que mal connue du grand public, l’organisme financeur ne retire pas ses financements, il se contente simplement de ne plus répondre et de laisser le bénéficiaire dans le doute, l’obligeant à trouver mille expédients pour survivre en attendant l’arrivée (légitimement) espérée de sa subvention. La suite des événements est bien connue : le bénéficiaire s’épuise progressivement, coupe dans ses effectifs, réduit ses activités, espère toujours, relance discrètement. À la fin, il finit par être rattrapé par la réalité comptable et doit brutalement déposer le bilan. Etouffé, il disparaît dans le silence.

En quelques années, la Mél a vu ses subventions diminuer drastiquement de 714 000€ à 500 000€ (400 000 de la DRAC Île de France et 100 000 de la Centrale pour le national) puis à 350 000€ aujourd’hui. Les conditions de visibilité se sont également dégradées, passant d’engagements à trois ans à simplement annuels. La Mél avait auparavant des conventions triennales et dépendait du Centre National du Livre (CNL) et de la Direction du Livre et de la Lecture (DLL, fondue en 2009 dans une nouvelle Direction générale des Médias et des Industries culturelles). La Mél a ensuite eu une convention triennale avec la DRAC puis une annuelle à hauteur de 350.000€ donc. Le bon contrôle de l’usage des subventions était assuré par un bilan d’exécution, financier et d’activité.

La directrice Sylvie Gouttebaron s’explique : « Nous avons manifesté notre désaccord profond, en travaillant toujours davantage pour nos missions de diffusion de la littérature. Mais cette fois, les non réponses sont grandes, comme si l’administration voulait laisser « pourrir » notre situation. Sans prendre eux, la décision de la fermeture de la Mél, laissant le processus de liquidation se faire… En gardant le silence. ». 

Mais la situation est désormais intenable : « L’absence totale de visibilité et de concertation – annonces tardives en juillet, versements en fin d’année, absence de pérennisation – nous empêche d’anticiper et d’assurer la continuité des actions. »

La Mél a déjà mis en œuvre deux licenciements et deux départs en retraite non remplacés à des postes stratégiques, comptable et chargés de mission en Éducation Artistique et Culturelle, avec ce que cela entraîne de désorganisation, de climat d’incertitude démoralisant pour les équipes, de pertes de revenus accessoires très importants pour les auteurs, et de suppression des projets éducatifs, de recherche et d’enseignement.

L’écrivaine, poétesse et toujours directrice de la Mél, s’est rendue le 14 février au ministère de la Culture avec des administrateurs et des salariés, et a obtenu une vague promesse de rendez-vous à une date non fixée. Pour sauver l’association, elle met ses pas dans ceux du philosophe allemand Ernst Bloch et du titre de l’un de ses ouvrages majeurs : Le principe espérance (1938-1947). Ce principe, assène-t-elle, « il est chevillé à notre action et à notre militantisme. » (JCLT)

Mis à jour le 15/02/2025 à 13:38

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1 commentaire sur “La Maison des écrivains et de la littérature asphyxiée par le silence du ministère de la Culture”

  • Bogeat dit :

    Merci pour cet article-alerte sur ce centre de documentation indispensable. Info pour la ministre concernée, la Culture n’est pas uniquement se montrer à la télé: aux Victoires de la musique, César et autre Festival de Cannes.

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