Suite du legs discographique de Carlos Païta avec des Brahms et des Beethoven incendiaires
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Johannes Brahms (1833-1897) : Symphonie n°1 en ut mineur ; Concerto pour violon et orchestre en ré majeur. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n°5 en ut mineur et n°7 en la majeur. Ayla Erduran (violon), National philharmonic orchestra ; Philharmonic Symphony Orchestra of London ; London Philharmonic Orchestra, direction : Carlos Païta. 2 CD Le palais des dégustateurs. Enregistrés au Kingsway Hall de Londres entre septembre 1981 et 1985, au Walthamstow Town hall en janvier 1985 (concerto). Notice de présentation en français et anglais. Durée totale : 120:33:13’
Le Palais des DégustateursLe Palais des dégustateurs poursuit son hommage mérité au chef argentin Carlos Païta avec ce double album consacré à Brahms et Beethoven.
Dès l'entame de la première symphonie de Brahms qui ouvre cet album, nous sommes fixés : ces coups de timbales violemment scandées nous écartent de l'introduction si souvent cotonneuse de l'œuvre. Cette fois c'est un Brahms sanguin, hyper-romantique, excessif même qui nous parle, pas le vieil homme bougon à la barbe fluviale. Et cette flamme, cette intensité vont se maintenir jusqu'à l'apothéose finale où choral de cuivres, thème hymnique inspiré par Beethoven vont s'entrechoquer avec un panache flamboyant. Certes on trouvera autant de feu mais avec sans doute moins d'excès et plus d'équilibre dans les gravures historiques et inégalées de Furtwaengler, plus de pure beauté chez Karajan ou Abbado, plus de lyrisme intense chez Giulini par exemple, mais cette conception d'un Brahms incendiaire impressionne toujours quarante-cinq ans après l'enregistrement.
On retrouve très naturellement cette grandeur et ce lyrisme exacerbé, comme ce choix de tempos très vifs, dans les deux symphonies les plus extraverties de Beethoven, mais à tout prendre, ces excès de romantisme restent un cran en deçà de ce que, avec autant de fougue mais nettement plus de profondeur d'interprétation, Carlos Kleiber fit à Vienne (DG). Il est vrai que les orchestres anglais choisis pour ces enregistrements impressionnent plus par leur engagement que par leur raffinement, loin des références des Berlinois ou des Viennois dans ce répertoire. Reste un inédit, le Concerto pour violon de Brahms qui pâtit quand même d'un certain manque d'affinités entre le chef et la soliste turque récemment disparue Ayla Erduran (1934-2025).
Néanmoins, après des Symphonies n° 8 spectaculaires de Bruckner et Chostakovitch et une Fantastique électrique ce nouvel album vient opportunément rappeler la personnalité extravertie mais talentueuse et attachante de Carlos Païta. La furia qui le caractérise fait de ses interprétations presque excessives des documents inoubliables, à défaut d'être vraiment des références. D'autres CD sont annoncés (et on ne peut que s'en réjouir) par Le Palais des dégustateurs pour réévaluer le legs du chef argentin.
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Le Palais des Dégustateurs