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Grande soirée italienne avec Mühlemann et Spotti à la Chaux-de-Fonds

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La Chaux-de-Fonds. Salle de Musique. 7-II-2025. Gioachino Rossini (1792-1868) : Il Barbiere di Siviglia : Ouverture & aria. Il Turco in Italia : Symphonie & air. Gaetano Donizetti (1797-1846) : Don Pasquale : aria. La Fille du Régiment : air. Lucia di Lammermoor : Air de la Folie. Vincenzo Bellini (1801-1835) : Beatrice di Tenda : Prélude. I Capuleti e i Montecchi : aria. Léo Delibes (1836-1891) : Sylvie : Pizzicato. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Macbeth : Prélude. Regula Mühlemann, soprano. Orchestre de Chambre de Bâle, direction : Michele Spotti

Dans une soirée presque intégralement italienne, déploie toute sa maestria pour transformer l' en véritable formation latine, et accompagner la soprano suisse .


Nous les avions quittés début décembre à Marseille dans un répertoire germanique plus adapté à qu'au chef. Nous les retrouvons en ce début d'année dans l'exceptionnelle acoustique de la Salle de Musique de la Chaux-de-Fonds, dans un répertoire italien où est cette fois ici comme un poisson dans l'eau !

Déjà dans la fosse phocéenne en 2021, nous avions été passionnés par sa direction de Guillaume Tell et d'un Rossini véritablement pris au sérieux, tout comme aujourd'hui en Suisse avec une Ouverture du Barbier de Séville pleine de fougue et d'ivresse. La soprano entre juste après en scène pour « Una voce poco fa », et si nous connaissions surtout ses qualités de lyrique léger dans le répertoire mozartien, les doutes quant à ce qu'elle pourrait offrir dans Rossini s'effacent dès la première phrase.

D'un splendide timbre de voix, conserve cette pureté qui lui va si bien dans Mozart, tout en s'amusant comme elle le souhaite avec les aigus et contre-aigus. Jamais dans la démonstration, elle utilise au contraire un style de chant toujours contrôlé en même temps que très lyrique, nuancé en termes de coloris sur tous les registres (à une exception près, dans la seconde partie de l'air de Norina). Pour cet aria de Donizetti, elle revient sur scène avec un magazine afin de rendre le chef jaloux en lui montrant des torses masculins. Joueuse, la soprano suisse le devient donc scéniquement autant que vocalement. On est bluffé là encore par son agilité et sa souplesse dans un répertoire belcantiste abordé depuis plus de dix ans, mais auquel on l'identifie encore assez peu.

Rossini permet de remettre en avant la parfaite maîtrise du chef pour ce compositeur, à tel point que la Symphonie du Turc en Italie nous ferait presque croire que l'ensemble en présence est italien. On retrouve dans l'air I vostri cenci vi mando de Donna Fiorilla les mêmes qualités de la soprano que pour celui de Rosina au début. Et là encore, le geste s'allie à la parole, puisque la chanteuse devenue peste récupère un sac de voyage déposé juste avant par le chef, qu'elle finit par vider sur scène en jetant les nombreux escarpins qu'il contenait.

Du même niveau, la seconde partie convainc dès le Prélude de Beatrice di Tenda de Bellini, puis avec celui de Macbeth de Verdi à l'orchestre. Précautionneuse dans ce répertoire, Mühlemann y surprend par sa précision et sa souplesse, sans jouer la surbrillance ou trop mettre en avant les notes de la dernière octave qu'elle maîtrise pourtant parfaitement. Plus soignée, elle développe son chant comme elle le fait pour Mozart, tout en maîtrise et raffinement. Elle séduit encore dans l'Air de la Folie de Lucia en conclusion d'un programme qui avait annoncé le moins célèbre Regnava nel silenzio. À l'opposé d'artistes aux voix plus dramatiques, elle se dresse ici en Lucia jeune, plus dans le doute que dans l'affirmation d'une soi-disant folie, bien que toujours en parfait contrôle de son chant.

Sans doute pour s'adapter au public de La Chaux-de-Fonds, les artistes qui avaient fait juste deux incursions dans le répertoire français avec la pièce d'orchestre Pizzicato tirée du Sylvia de Delibes, puis avec l'air « Salut à la France » de La Fille du Régiment de Donizetti, offrent en bis au public totalement conquis un air un peu en dehors du programme, bien que tout aussi lyrique, puisqu'il s'agit du « Je veux vivre » extrait du Roméo et Juliette de Gounod, lequel conclut avec éclat cette très belle soirée.

Crédits photographiques : © ResMusica

Modifié le 13/02/2025 à 22h40

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La Chaux-de-Fonds. Salle de Musique. 7-II-2025. Gioachino Rossini (1792-1868) : Il Barbiere di Siviglia : Ouverture & aria. Il Turco in Italia : Symphonie & air. Gaetano Donizetti (1797-1846) : Don Pasquale : aria. La Fille du Régiment : air. Lucia di Lammermoor : Air de la Folie. Vincenzo Bellini (1801-1835) : Beatrice di Tenda : Prélude. I Capuleti e i Montecchi : aria. Léo Delibes (1836-1891) : Sylvie : Pizzicato. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Macbeth : Prélude. Regula Mühlemann, soprano. Orchestre de Chambre de Bâle, direction : Michele Spotti

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