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Onéguine à l’Opéra de Paris : une myriade d’Étoiles

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Paris. Palais Garnier. 8-II-2025. Piotr Illitch Tchaïkovski (1840-1893) : extraits de Les Saisons, Roméo et Juliette, Les Caprices d’Oxane, Francesca Da Rimini, ballet en trois actes d’après le roman d’Alexandre Pouchkine. Arrangements et orchestration : Kurt-Heinz Stolze. Chorégraphie et mise en scène : John Cranko. Décors et costumes : Jürgen Rose. Lumière : Steen Bjarke. Avec : Mathieu Ganio, Eugène Onéguine ;  Ludmila Pagliero, Tatiana ; Marc Moreau, Lenski ; Léonore Baulac, Olga ; Mathieu Contat, le Prince Grémine ; Laurène Lévy, Madame Larina ; Sarah Barthez, la Nourrice ; et le Corps de Ballet de l’Opéra National de Paris. Orchestre de l’Opéra National de Paris, direction : Vello Pähn

Le ballet Onéguine de est désormais un classique du répertoire du . Cette nouvelle reprise sur la scène du Palais Garnier, où il n'avait pas été donné depuis 2018, permet de voir une dernière fois ensemble et .

Il y avait beaucoup d'émotion au soir de la Première, dont la distribution dans les deux principaux rôles de ce ballet de affichait et , deux danseurs qui feront très prochainement leurs adieux au Ballet de l'Opéra de Paris.

Après avoir façonné l'image de la danse parisienne pour un nombre important d'amateurs de ballet, fera ses adieux à l'Opéra de Paris le 1er mars 2025 dans Onéguine, un rôle qu'il aura lui-même choisi. À l'aube de ses 41 ans, le danseur étoile utilise la beauté de sa technique superlative à des fins expressives avec l'humilité et la générosité qui le caractérisent. Il parvient à un très bel équilibre dans la construction de son personnage, entre la lassitude d'Onéguine au premier acte, son mépris irrité envers Tatiana au second et la réalisation du gâchis dont il est l'instigateur au troisième. Toutes ses émotions se lisent sur son visage et se transcrivent dans des pas parfaitement assumés, caractérisés par l'élégance extrême du style. Il est de surcroît très attentif à sa Tatiana, incarné par , dont le hiératisme se marie à une pudeur pouvant correspondre à un certain idéal du féminin au XIXe siècle.

Ressemblant aux vignettes célébrant les gloires de la danse à l'époque romantique, la danseuse au regard mélancolique s'épanouit complètement dans un dernier acte où la flamboyance de sa maturité se marie à un port de buste impérial et à une danse parfaitement contrôlée. Cette artiste fait partie des danseuses qui se révèlent au fur et à mesure des saisons, créant avec le spectateur une relation où sa personnalité se dévoile sereinement. Elle-même a pris la décision de quitter la scène le 17 avril 2025. Réaliser que ce couple se produit pour quelques représentations encore devant nos yeux force doublement l'admiration, générant même chez le spectateur un sentiment de reconnaissance face à tant de bonheurs enfuis et après des carrières aussi bien remplies.

Le second couple-phare est constitué de dans Lenski et de dans Olga. acquiert depuis sa nomination d'Étoile en 2023 une présence incontestable, avec une grande intelligence dans la construction de ses phrasés et dans le délié de sa danse. Réalisant avec effroi l'inéluctabilité de son destin, Lenski se confronte à l'angoisse de sa mort imminente et le ridicule de son emportement ayant entraîné le duel avec Onéguine. s'améliore en tous points avec les saisons. Le style technique de Cranko lui convient parfaitement et lui permet de mettre à profit sa musicalité habituelle. Elle a surtout l'intelligence de ne pas minauder dans le premier acte, ce qui lui permet de créer une certaine vraisemblance dans son amusement au bal de l'anniversaire de Tatiana et son désespoir au moment de la mort de son amant.

Pour cette Première, le corps de ballet est au cordeau, avec une mention toute particulière pour les nombreuses scènes de bal, parfaitement harmonieuses (notamment au palais du Prince Grémine).

Confronté à la beauté symphonique d'un compositeur inspiré, l'Orchestre de l'Opéra National de Paris, dirigé par , est un peu en-deçà de ses capacités. L'ensemble manque de cohérence et de respiration, avec des écarts de dynamique entre les différents pupitres, ce qui sera certainement amélioré au cours des représentations.

On ne peut rêver mieux comme chant du cygne que cet Onéguine où les danseurs, au faîte de leur carrière, laissent derrière eux une traînée scintillante de souvenirs éblouis.

Crédit photographique : Ludmila Pagliero, Mathieu Ganio. © Julien Benhamou / Opéra national de Paris

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Paris. Palais Garnier. 8-II-2025. Piotr Illitch Tchaïkovski (1840-1893) : extraits de Les Saisons, Roméo et Juliette, Les Caprices d’Oxane, Francesca Da Rimini, ballet en trois actes d’après le roman d’Alexandre Pouchkine. Arrangements et orchestration : Kurt-Heinz Stolze. Chorégraphie et mise en scène : John Cranko. Décors et costumes : Jürgen Rose. Lumière : Steen Bjarke. Avec : Mathieu Ganio, Eugène Onéguine ;  Ludmila Pagliero, Tatiana ; Marc Moreau, Lenski ; Léonore Baulac, Olga ; Mathieu Contat, le Prince Grémine ; Laurène Lévy, Madame Larina ; Sarah Barthez, la Nourrice ; et le Corps de Ballet de l’Opéra National de Paris. Orchestre de l’Opéra National de Paris, direction : Vello Pähn

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4 commentaires sur “Onéguine à l’Opéra de Paris : une myriade d’Étoiles”

  • Camilleri dit :

    très dommage qu il n y ait pas de captation pour diffusion dans cinelas

  • Nelly Marengo dit :

    Plus de places malheureusement !

  • Kajinafe dit :

    Je ne pensais pas qu’une danseuse puisse me faire oublier Isabelle Ciaravola dans ce rôle. Devant le merveilleux couple formé par Matthieu Ganio et Ludmila Pagliero, j’ai à nouveau vibré, particulièrement dans le dernier acte. Un très beau moment de danse qui éblouit autant qu’il émeut. Quelle joie de voir ces danseurs, pour la dernière fois sur cette scène, dans ce ballet!

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