Première analyse substantielle de la carrière du compositeur Charles Lenepveu

Le juriste et essayiste Franck Petit signe chez Hermann Editeurs un ouvrage très documenté et captivant consacré au compositeur et pédagogue encore trop méconnu, Charles Lenepveu (1840-1910).

En s'appuyant sur une multitude de sources peu diffusées, l'auteur bâtit avec verve et précision la vie et le catalogue de ce compositeur « régional » dont l'activité et l'aura en réalité dépassèrent largement les terres de sa région natale.

En 1860 à Caen, il obtient un premier prix pour une cantate puis intègre la classe d'Ambroise Paré au Conservatoire de Paris en 1863 avant de remporter deux ans plus tard le premier Grand Prix de Rome avec sa Cantate Renaud dans les jardins d'Armide. En 1874 Lenepveu prend la suite de Guiraud comme professeur d'harmonie au Conservatoire de Paris, puis le remplace comme professeur de composition en 1893. Élu à l'Académie des Beaux-Arts en 1896, il succède ainsi à Ambroise Thomas.

Lenepveu consacre également une part notable de son activité à la voix soliste, comme en témoignent ses nombreuses et élégantes mélodies, mais aussi à l'organisation de nombreux concerts. Lenepveu partage une réelle proximité avec Jules Massenet, Camille Saint-Saëns et Théodore Dubois, sans oublier Gabriel Fauré avec lequel s'établirent des relations plus complexes.

Ces quelques étapes majeures de sa carrière rappelées à grands traits ici bénéficient de développements avisés et pertinents de Franck Petit qui ne manque pas d'évoquer les influences orientalisantes de son art qui se concrétisèrent à partir de 1909.

Des développements fort bien venus donnent envie de découvrir sa musique religieuse, en particulier son magnifique Requiem, mais incitent à en savoir davantage sur une partition majeure, son oratorio Jeanne d'Arc.

En plus de ses multiples centres d'intérêt, Lenepveu, également membre de l'Institut, laisse le souvenir d'un pédagogue réputé. Parmi ses nombreux élèves on rappellera simplement les fameux André Caplet, Paul Paray, Philippe Gaubert et Max d'Ollone. D'autres musiciens moins célèbres reçoivent aussi une présentation captivante. Très notable aussi le chapitre intitulé Charles Lenepveu, le découvreur de talents féminins, riche de renseignements peu diffusés.

L'exécution de sa musique à Paris (en particulier à partir de 1880) et en régions constitue une source captivante que complète très utilement, pour conclure cet ouvrage, un panorama du rayonnement de la musique de Lenepveu à l'étranger.

Cet ouvrage, riche des correspondances, d'une liste des discours et concerts de Charles Lenepveu fait suite à une première biographie que Petit avait déjà consacré au compositeur : Charles Lenepveu (1840-1910). Musicien officiel de la IIIe République, paru chez Mare et Martin en 2015.

Lire aussi :

Avec Enguerrand de Hys et Paul Beynet, bouquet de mélodies françaises d'inspiration religieuse