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Pene Pati, le chant lyrique en famille

Dans son nouvel album, se singularise par son sens du tragique et un travail particulièrement abouti. Et tout cela, en famille !

La puissance et l'agilité vocales du ténor samoan sortent tout droit des nouvelles pratiques culturelles de notre temps. C'est en effet en découvrant Luciano Pavarotti sur Youtube que le futur belcantiste s'est lancé dans l'opéra, notamment en apprenant le chant de son mentor virtuel en décortiquant toutes les vidéos disponibles sur les réseaux sociaux.

Son arrivée remarquée au disque en 2022, se confirme par la qualité de ce nouvel enregistrement se caractérisant par une programmation musicale opulente, même si elle aurait pu être mieux agencée. Voici donc une heure vingt de musique qui tend à raconter le parcours et entrevoir l'avenir prochain du ténor entre les pages lyriques les plus célèbres (Nessun dorma extrait de Turandot ou encore Che gelida manina de Puccini), et celles bien moins connues telles que celles d'Il bravo de (1795-1870), le ténor offrant même deux premières mondiales au disque : la cabalette de Faust de Gounod coupée à son époque au moment des répétitions (« C'est l'enfer qui t'envoie ») et le duo « Nous partirons ce soir ! » extrait de Frédégonde d' (1837-1892).

Soutenu par un irréprochable sous la direction d'Emmanuel Vuillaume, ne peut recevoir que des éloges sous les traits de Faust, que ce soit dans la musique de Gounod ou de Berlioz. On est séduit à l'écoute de son sens expressif affirmé par une sublime ligne de chant, tout autant qu'une qualité de diction de la langue de Molière remarquable. Le diminuendo sur le très attendu contre-ut de la cavatine « Salut ! demeure chaste et pure » mériterait à lui seul l'écoute de cet enregistrement, accompagné de multiples intentions et couleurs offrant un sens enthousiasmant à chaque parole au service d'une portée tragique du meilleur effet, le tout par le biais d'une technique de chant solide.

La prosodie du chanteur et son legato gracieux caractérisent également le bel interprète de Donizetti, accompagné par un orchestre en symbiose avec les nuances du ténor pour dépeindre le désespoir d'Edgardo dans Lucia di Lamermoor. Certains aigus restent toutefois à parfaire à l'écoute de l'air « Traduire ! Ah ! Bien souvent… Pourquoi me réveiller » de extrait de Werther. A la baguette, , le même compère que dans le premier album, choisit une direction musicale sans exubérance, au service de chaque instant du soliste qu'il accompagne, avec souplesse et précision.

Dans Verdi, Pene Pati lève le voile sur les prochaines années, avec un air de Macduff (« Ah la paterna mano », Macbeth) qui expose de belles nuances et son sens des couleurs qui trouve son apothéose dans « Che gelida manina » de Puccini (air de Rodolfo dans La Bohème). L'artiste, il est vrai, bénéficie des conditions de studio pour ces rôles « lourds », comme celui de Calaf avec son célèbre « Nessun dorma ! ».

Avec son frère , c'est un duel vaillant de ténors qui s'engage dans l'extrait Il Bravo de . Tandis qu'avec sa femme , c'est une découverte de belle facture du compositeur qui prévaut, même si la soprano semble un peu à l'épreuve dans le chant de la princesse Eudoxie de La Juive d'Halévy. C'est en somme une très belle proposition lyrique que Pene Pati nous offre en famille.

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