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Lille. Nouveau Siècle. 30-I-2025. Ludwig Van Beethoven (1770-1827): Concerto pour piano n°2 en si bémol majeur op.19 (1795). Anton Bruckner (1824-1896): Symphonie n°4 « Romantique » en mi bémol majeur WAB 104 (seconde version 1881). Filippo Gorini, piano. Membres du choeur Septentrion ; Orchestre national de Lille, direction : Hartmut Haenchen
Vétéran de la scène internationale, spécialiste du grand romantisme, le chef allemand Hartmut Haenchen était à la tête de l'Orchestre national de Lille pour un concert tout en contrastes proposant le juvénile Concerto pour piano n°2 de Beethoven et la monumentale Symphonie n°4 « Romantique » de Bruckner.
L'eau et le feu, l'intime et le grandiose, Hartmut Haenchen à la tête de l'Orchestre national de Lille ne pouvait proposer programme plus contrasté en opposant le plus mozartien des concertos pour piano de Ludwig van Beethoven, à l'une des plus monumentales symphonies d'Anton Bruckner.
Beethoven n'a que 25 ans quand il compose son Concerto pour piano n° 2 en si bémol majeur qui, malgré sa numérotation, est bien le premier de la série des cinq concertos pour piano du compositeur. L'œuvre est encore très juvénile, sous l'influence de Mozart, avec son premier mouvement Allegro con brio qui a des allures d'ouverture d'opéra, son merveilleux Adagio central plein de tendresse, et son Rondo final tumultueux. Mais derrière sa légèreté presque enfantine se cachent déjà les oppositions de forces, l'alternance du chaud et du froid, de la joie et de l'inquiétude.
Autant de contrastes parfaitement rendus par le jeune pianiste Filippo Gorini en soliste. Le lauréat du Concours Telekom Beethoven 2015 maîtrise parfaitement le langage du maître de Bonn. En osmose avec la direction attentive, sans aucune pesanteur d'Hartmut Haenchen, et un ONL aux petits soins, ils livrent une version de toute beauté de cette œuvre, dont ils expriment les éléments de la maturité à venir.
Le contraste est toutefois saisissant entre l'orchestre mozartien de la première partie, et l'imposante masse symphonique de la seconde.
Surnommée « Romantique« , la Symphonie n° 4 en mi bémol majeur WAB 104 d'Anton Bruckner (composée en 1874, jouée ici dans sa seconde version de 1881) pourrait tout aussi bien s'appeler « Pastorale« , tant les éléments naturels et bucoliques y sont présents. C'est aussi la symphonie de Bruckner la plus jouée, sans doute parce qu'elle synthétise avec le plus de simplicité et d'évidence tout ce qui fait l'art du compositeur autrichien.
Entrer dans une symphonie de Bruckner, c'est, comme chez Gustav Mahler, se laisser emporter dans une œuvre monde, une cathédrale sonore, à la fois intime et universelle, où de gigantesques crescendos succèdent à d'infimes pianissimi, où le spirituel côtoie le terrestre. Chez Anton Bruckner, organiste d'origine, tout est affaire de masses sonores, de pressions et dépressions incessantes, l'orchestre devenant un grand organisme respirant et expirant au grès de moments d'accalmie et de torrentielles extases.
Hartmut Haenchen, en grand spécialiste du dernier romantisme, dirige avec rigueur et précision, sans tomber dans l'excessif ou le vulgaire, joue de tous ces contrastes, sait mesurer et doser chaque instant, depuis les grondements aux basses et l'appel du cor du début jusqu'à la grandiose fanfare finale. Il est en cela parfaitement suivi par un Orchestre national de Lille des grands jours.
Signalons enfin, la prise de parole en début de seconde partie, et le soutien de tous les musiciens, en réaction au brutal licenciement pour raisons économiques des choristes de l'Opéra de Toulon, suivi d'un Va Pensiero de Verdi avec des membres du Choeur Septentrion, chaleureusement applaudis.
Crédit photographique : © Didier Peron
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Lille. Nouveau Siècle. 30-I-2025. Ludwig Van Beethoven (1770-1827): Concerto pour piano n°2 en si bémol majeur op.19 (1795). Anton Bruckner (1824-1896): Symphonie n°4 « Romantique » en mi bémol majeur WAB 104 (seconde version 1881). Filippo Gorini, piano. Membres du choeur Septentrion ; Orchestre national de Lille, direction : Hartmut Haenchen