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Entre Bach et Mozart : András Schiff dans son jardin à la Philharmonie de Paris

Accompagné par la , András Schiff joue J.S Bach (Concerto brandebourgeois n° 5 et Triple concerto pour flute, violon et clavecin) et W.A Mozart (concertos pour piano n° 24 et n° 25).

Un concert qui vaut tant par la notoriété d'un programme appariant Bach et Mozart que par la remarquable qualité musicale de ses interprètes, soliste et orchestre, qui permet d'entrée de jeu d'apprécier l'impressionnante délicatesse du toucher d' combinant tout à la fois expressivité et virtuosité.

Il est sans doute pertinent de rapprocher le Concerto brandebourgeois n° 5 (1720) dédié au Margrave de Brandebourg dont Bach fit la connaissance à l'occasion d'un voyage à Berlin pour acheter un clavecin et le Triple concerto pour flute violon et clavecin (1738) puisqu'ils adoptent la même formation recrutant trois solistes face au continuo et affirment tous deux la primeur du clavier, jusqu'ici limité à son humble fonction de soutien. Nonobstant ses thèmes célébrissimes plein d'allant irradiant de lumière, le Concerto brandebourgeois n° 5 s'inscrit de façon véhémente dans cette évolution grandissante du clavecin qui conduira au futur concerto romantique. La longue, virtuose et envoûtante cadence du premier mouvement en porte témoignage, qui permet également de juger de la variété et de la fluidité du jeu d'. Il comprend trois mouvements : un Allegro plein d'autorité dont on admire l'équilibre et la complicité entre partenaires auquel succède la mélodie charmante et poétique de l'Affetuoso, avant que le Finale n'entame une gigue alerte conclusive.

De genèse plus incertaine, composé vers 1740, à partir d'éléments plus anciens (Prélude et Fugue pour clavecin seul BWV 894 et Sonate pour orgue BWV 527) le Triple concerto ménage également une large place au clavier, tout particulièrement dans l'Adagio central. et ses partenaires en livrent une lecture peut être moins aboutie, pénalisée par une légère instabilité rythmique et par une projection insuffisante du violon de Erich Höbarth.

Autre époque (1784-1786), autre climat avec le Concerto pour piano n° 24 de Mozart qui séduit tant par son instrumentation et son équilibre que par sa richesse thématique complexe et son expressivité intense qui invitent à des comparaisons avec ses airs d'opéra de concert. Après une ouverture très opératique de l'Allegro qui anticipe celle de Don Giovanni, mettant en avant la qualité de la Cappella Barca (petite harmonie et cors), le Larghetto très nuancé, gracieux, empreint de rêverie, s'appuie sur un dialogue courtois entre soliste et orchestre, précédant un Allegretto final où vents et cordes partagent la parole avec le piano dans une volubile péroraison conclue par un rythme de marche aux accents dramatiques ouvrant sur une série de variations jusqu'aux brusques accords ultimes.

Contemporain de la Symphonie n° 38 « Prague », le Concerto pour piano n° 25 se singularise, quant à lui, par l'absence de clarinette dans son instrumentation. Grandiose et triomphal dans l'Allegro maestoso scandé par la flûte et les timbales avec une entrée retardée du piano dont on savoure la belle sonorité et le cantabile du phrasé, autant que la cadence bâtie sur l'air de la « Marseillaise » ; grave, inquiet et poétique dans l'Andante central ; virtuose, léger et dansant dans le Rondo final développé sur une gavotte extraite du ballet Idomeneo.

En bis, András Schiff donne le deuxième mouvement « Adagio » de la Sonate en si bémol K570 de Mozart.

Crédit photographique : © Nadia F Romanini   

Modifié le 04/02/2025 à 11h17

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