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Décès du pianiste Herbert Henck

 

Le label ECM nous apprend la disparition du pianiste, musicologue et improvisateur allemand , grand défenseur du répertoire contemporain ; une disparition survenue le 17 janvier 2025.

est né en 1948 à Treysa en Hesse. Enfant doué évoluant dans un milieu mélomane, il entre au conservatoire de Mannheim en 1959, où il étudie – notamment Debussy et Ravel – avec Doris Rothmund, une ancienne élève de Walter Gieseking. Il poursuit son cursus pianistique et musical à Stuttgart, où Helmut Lachenmann le remarque et le recommande à Aloys Kontarsky, qui le prend sous son aile à la Musikhochschule de Cologne. C'est à cette époque que le jeune prodige peut travailler, par cet intermédiaire prestigieux, avec Karlheinz Stockhausen : il consacre une importante étude musicologique au Klavierstücke X  de son mentor et participe à la création de certains pans de l'œuvre « intuitive » Aus Sieben tage, en 1973.

Esprit indépendant, il montrera toujours des sympathies pour les compositeurs  marginaux, non-conformistes et les « défavorisés, diffamés et opprimés »  – comme il le dit dans son album ECM consacré à Mossolov. Il publie dans les années 1980 cinq annuaires Neuland consacrés au recensement des nouvelles œuvres dédiées au piano. Il se lance dès 1975 dans une carrière de pianiste free-lance consacrée quasi exclusivement aux répertoire des XXe et XXIe siècle dans ce qu'ils ont de plus prémonitoire diversifié ou marginalisé. Il sera très longtemps lié au label spécialisé allemand Wergo, pour lequel il fixe dès 1978 un enregistrement de référence de la Concord Sonata de Charles Ives. Outre les maîtres sériels (Boulez, Stockhausen) il y grave aussi, en esprit éclectique, entre autres, des « classiques modernes « (Schoenberg), la plus erratique et ludique Music of Changes de John Cage ou en première mondiale en 1986, les rares Heures persanes de Charles Koechlin. Passé chez ECM, en artiste fer de lance de la New serie, branche « classique » ce ce label avant tout étiqueté jazz, il enregistre aussi bien Mompou (Música callada) que la brûlante et hautaine sonate de Jean Barraqué, les musiques motoriques de Antheil ou Nancarrow, les aphorismes quasi oubliés de Ludwig Terpulka ou le chatoyant Buch der Klange de Hans Otte (qui servira de bande-son à Jean-Luc Godard pour son film De l'origine du XXIe siècle). Enfin, dans un splendide double album, le pianiste rapproche ses propres improvisations – les Festeburger Fantasien – des sonates et interludes pour piano préparé de John Cage. A ce sujet il écrit : « La véritable improvisation, du moins d'après mon expérience, n'est possible que si l'on en a faim … Ce désir et ce plaisir de l'imprévu naîtront spontanément ou pas du tout … Ce n'est pas une question de prouesse technique, mais de pouvoirs expressifs. »

En 2005, la maladie met un terme brutal à sa carrière de pianiste. Courageusement, publiera encore quelques études musicologiques mais ne pourra plus jamais se produire en public ou enregistrer.

Herbert Henck avait reçu de nombreux prix discographiques et honorifiques , dont en 1989, le Prix Schneider-Schott pour la musique à Mayence. (BH)

Crédits photographiques : Herbert Henck © ECM/Jutta Riedel-Henck

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