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Markus Poschner, une intégrale brucknérienne menée au pas de charge mais inégale

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Anton Bruckner (1824-1896) : Les onze symphonies : Symphonie en fa « d’étude » ; Symphonie n°1 (version de Linz et scherzo isolé; version de Vienne) ; Symphonie n° « 0 » ; Symphonie n°2 (versions de 1872 et 1877) ; Symphonie n°3 « Wagner » (versions de 1873, 1878, 1889 et andante de 1876) ; Symphonie n°4 « Romantique » (versions de 1876, 1880, 1889 et final « Volkfest » de 1878) ; Symphonies n°5, 6 et 7 ; Symphonie n°8 (versions de 1887 et 1890) ; Symphonie n°9. Orchestre Bruckner de Linz, orchestre radio symphonique de l’ORF, Vienne (Symphonies n°2-version de 1872-, 3- versions de 1873 et 1877, 4 -versions de 1876 et 1888, « Volkfest », 5, 7) direction : Markus Poschner. 18 CD Capriccio. Enregistré au Musikverein de Vienne et au théâtre de Linz entre février 2018 et décembre 2023. Notices de présentation en anglais et allemand. Durée totale : 17h.50’53’’

 

Pour célébrer le bicentenaire de la naissance du compositeur en 2024, le chef à la tête de deux orchestres autrichiens, celui de la radio de Vienne et celui de Linz, a enregistré les onze symphonies de Bruckner dans leurs différentes versions successives. Le résultat s'avère bien inégal.

aura donc réussi son pari d'enregistrer avant la fin de l'année 2024 toutes les symphonies de Bruckner dans toute les versions publiées par la nouvelle édition critique (Neue Gesamtausgabe).

Le cycle s'ouvre par la dernière gravée, la symphonie « d'étude » écrite lorsque le maître découvrait les richesses de l'orchestre sous la houlette du chef de l'opéra de Linz, Otto Kitzler. Malheureusement, malgré un CD au minutage indécent de 33', Poschner n'effectue pas la reprise du premier mouvement ; de toute façon, depuis la véritable révélation gravée par Christian Thielemann à Vienne, qui a su sublimer l'œuvre (Clef d'or 2024), il est difficile pour toute nouvelle version de rivaliser.

Pour la « 0 », Pinscher reste également en deçà des quelques grandes versions signées Barenboim, Chailly et, incontournable désormais, Thielemann à nouveau.

Viennent ensuite les deux versions de la première symphonie numérotée, celle de Linz (1866) et la tardive révision de Vienne (1891) ; Poschner se défend vaillamment mais face à Abbado (DG) et Thielemann qui ont réalisé le même exercice, l'orchestre est surclassé et la direction moins fouillée ne s'impose pas. Seule véritable nouveauté, la première rédaction du scherzo, très inférieure à la version finale, plus proche d'un pastiche de Schubert que de Bruckner mais quasiment introuvable au disque jusque là.

Pour la n°2, Poschner confronte les versions de 1872 et 1877 ; sa particularité est de remettre dans l'ordre conventionnel les deux mouvements centraux de la version de 1872 qui dans l'édition Carragan figuraient dans l'ordre inverse (Scherzo puis Adagio) ; les textes de présentation très fouillés de Paul Hawkshaw expliquent ce choix. L'ensemble est un des points forts du cycle même si les gravures de Giulini et Thielemann demeurent devant pour la version de 1877, et celles de Tintner ou Ballot nous emportent plus loin dans celle de 1872.

La n°3 est, sous ses trois formes accompagnées de l'adagio dans la version de 1876, un ratage complet. La faute à des tempos d'une rapidité délirante, qui amoindrissent la portée de la première « grande » symphonie de Bruckner et bousculent les orchestres. A oublier.

Plus satisfaisante, la « Romantique » souffre cependant d'être confrontée au récent et passionnant coffret de Jakub Hrůša qui ajoute à toutes les versions et variantes connues des fragments jusque là inédits. Et puis, face à Boehm ou Celibidache, Poschner reste bien prosaïque.

Les montagnes russes se poursuivent avec une faible n°5, très décevante, notamment à cause d'un orchestre de la radio de Vienne, curieusement assez dépassé par la partition.

La n°6, première étape du cycle, se révèle en fin de compte la meilleure par un équilibre dans les proportions et les tempos que les autres enregistrements ne sauront pas toujours retrouver.

En revanche, la célébrissime n°7, symphonie la plus gravée de tout le cycle brucknérien, s'avère très inférieure aux nombreuses références disponibles, notamment celles gravées avec les orchestres philharmoniques de Vienne et Berlin.

Les deux versions de la n°8 sont de bien meilleure tenue mais il est regrettable que le cycle ait été achevé avant que la version intermédiaire de l'adagio (gravée par Gerd Schaller) n'ait été publiée. Elle aurait constitué un appréciable apport.

Enfin, une belle n°9 vient couronner ce cycle très inégal mais il est dommage que soient écartés les deux versions alternatives du trio du scherzo que l'on n'entend jamais et, bien sûr, que l'impasse soit faite sur les fragments du finale, cette énigme majeure de la discographie brucknérienne que l'année 2024 n'aura pas résolue. Attendons désormais la fin du cycle, encore plus complet, de Gerd Schaller (Profil Hänssler) encore en cours de parution. Sinon, sans prétendre à la même exhaustivité, mais au sommet, on restera fidèle à l'exceptionnelle réussite de Christian Thielemann avec des viennois en état de grâce (Sony).

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Anton Bruckner (1824-1896) : Les onze symphonies : Symphonie en fa « d’étude » ; Symphonie n°1 (version de Linz et scherzo isolé; version de Vienne) ; Symphonie n° « 0 » ; Symphonie n°2 (versions de 1872 et 1877) ; Symphonie n°3 « Wagner » (versions de 1873, 1878, 1889 et andante de 1876) ; Symphonie n°4 « Romantique » (versions de 1876, 1880, 1889 et final « Volkfest » de 1878) ; Symphonies n°5, 6 et 7 ; Symphonie n°8 (versions de 1887 et 1890) ; Symphonie n°9. Orchestre Bruckner de Linz, orchestre radio symphonique de l’ORF, Vienne (Symphonies n°2-version de 1872-, 3- versions de 1873 et 1877, 4 -versions de 1876 et 1888, « Volkfest », 5, 7) direction : Markus Poschner. 18 CD Capriccio. Enregistré au Musikverein de Vienne et au théâtre de Linz entre février 2018 et décembre 2023. Notices de présentation en anglais et allemand. Durée totale : 17h.50’53’’

 
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