En ouverture du festival Faits d'hiver, le Théâtre de la Cité Internationale accueille About Love and Death, un extraordinaire solo d'Emmanuel Eggermont qui s'inscrit dans les pas de son mentor, Raimund Hoghe.
Précision et qualité du mouvement, tenue impeccable et mèche parfaitement peignée, tout en Emmanuel Eggermont respire la netteté et l'exactitude. Pourtant, de Nijinsky à Gene Kelly, de Joséphine Baker à la Callas, il se glisse dans la peau des plus grandes bêtes de scène pour un solo à la fois exubérant et impeccable. On y croise les fantômes de divas, comme Judy Garland ou la Callas, et sur une bande-son jubilatoire, la voix de Raimund Hogue récitant un poème en allemand, deJakub Józef Orliński chantant Purcell ou de Rosemary Standley chantant « Johnny guitar ». L'émotion affleure partout dans ce solo à la fois pudique et tendre.
La silhouette noire et juvénile du chorégraphe partage avec le spectateur un sens de la tragédie et de l'absurde. Il joue l'homme volant à la manière d'un Folon ou Magritte, ou comme le Petit Poucet, sème ses vêtements partout. Dans ce panthéon où les souvenirs sont omniprésents, Emmanuel Eggermont se révèle un grand interprète et le continuateur naturel de Raimund Hoghe, chorégraphe allemand décédé en 2021 et qui fut son compagnon de route pendant de nombreuses années. Très souvent la musique prend l'ascendant sur la danse, même si la forte présence du chorégraphe installe un contrepoint, comme dans la Habanera de Carmen, qu'il danse avec élégance et délicatesse. Ce sont les accents du Boléro qui clôture le solo pour un somptueux disco, inspiré de La Fièvre du samedi soir.
De magnifiques images, un hommage poignant à Raimund Hoghe et toutes ces figures disparues.
Crédits photographiques : © Rosa Frank, © Jihyé Jung
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