Mathilde Monnier donne vie à La vague d’Hokusai à la BnF

Avec La Vague d'Hokusai, Mathilde Monnier inaugure le cycle chorégraphique « Chorégraphie pour une œuvre » de la Bibliothèque nationale de France. Grace à ses six danseurs, la chorégraphe s'est efforcée  de traduire en mouvement la célèbre estampe japonaise.

Tout d'abord un frémissement qui parcourt le groupe des six danseurs, qui, peu à peu prend de l'ampleur, non sans rappeler, à un tout autre niveau, le génial Ties Unseen de Christos Papadopoulos. Puis, petit à petit, la vague formée par les interprètes avance et ondule entre les tables de la magnifique salle de lecture de la Bibliothèque nationale de France. Et soudain, le groupe éclate comme l'écume qui se répand. Les mouvements se font alors distincts, prennent encore plus d'ampleur avant que le groupe ne se reforme. On imagine à la fois l'eau, les pêcheurs surpris par cette déferlante menaçante, les végétaux ou les poissons, tous pris au piège de ce tsunami en devenir représenté par Hokusai dans son estampe iconique de 1830. La fragilité des hommes face à un tel phénomène que le peintre japonais a mis en exergue dans son dessin, apparaît également dans la chorégraphie de Mathilde Monnier qui s'essaie ici au minimalisme, portée par la musique envoûtante de Ryūichi Sakamoto.

Une exploration chorégraphique qu'elle entend poursuivre après cette courte création (25 minutes), suivie par un éclairage sur l'artiste japonais et son œuvre par la conservatrice Valérie Sueur (chargée de collections des estampes du XIX^e siècle, département des Estampes et de la photographie à la BnF). Une belle façon de compléter ce dialogue dynamique entre le passé et le présent et une rare occasion pour le public, très attentif dans ce magnifique écrin récemment restauré, d'expérimenter un regard à la fois artistique et scientifique sur une œuvre.

À noter que cette mise en mouvement de l'estampe d'Hokusai, admirée en son temps par Debussy, Van Gogh ou encore Monet, fait partie d'un cycle qui verra également d'autres chorégraphes – dont Noé Soulier au mois de mars – se confronter à quelques-unes des plus belles pièces des collections de la Bibliothèque nationale de France qui, outre les estampes, compte nombre de manuscrits, livres rares, sculptures ou photographies…

Crédit photographique : © Bnf ; © Caroline Charron