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Ticciati élégant dans Mahler, Batiashvili romantique dans Mozart

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Paris. Philharmonie de Paris ; Grande Salle Pierre Boulez. 15-I-2025. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto n°5 en la majeur, K.219. Lisa Batiashvili, violon. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°5 en ut dièse mineur. Orchestre de Paris, direction : Robin Ticciati.

En résidence à l', revient pour un Concerto n°5 de Mozart abordé de manière très romantique, accompagnée avec élégance par , précédant devant l'ensemble en grande formation la Symphonie n°5 de Mahler.

En deux soirs pouvait-on entendre à Paris deux interprétations différentes de la Cinquième Symphonie de Mahler, le mercredi (et le jeudi) par et l', le jeudi par le jeune Tarmo Peltokoski devant le Philharmonique de Radio France.

Pour débuter son concert, le premier propose d'abord Mozart, avec un Concerto n° 5 pour violon qui remet à l'honneur l'artiste en résidence à l'orchestre cette année. Après un Concerto pour violon de Tchaïkovski en début de saison avec Klaus Mäkelä et avant un programme de concertos pour violon et hautbois de Bach et Escaich, revient cet hiver à un répertoire plus classique. Mais si l'Allegro aperto introductif – avec sans risque la cadence de Grumiaux pour conclure le mouvement – présente un jeu mesuré de la part de l'artiste sur son sublime Garneri « del Gesu » de 1739, l'Adagio, et encore plus le Rondo, semblent aussi avoir connu Sibelius, tant le style s'y montre très romantique, voire presque parfois mielleux au mouvement médian.

Quelque peu en décalage avec l'accompagnement de , plus sobre et d'une élégance très anglaise, le jeu de Batiashvili ressort d'autant plus de l'ensemble que l'effectif choisit pour l'accompagner est d'à peine trente-cinq musiciens. Bien porté par la première violon invitée Seohee Min (Konzertmeisterin du Philharmonique du Luxembourg), l' profite aussi des contrebasses, bien identifiables dans de nombreuses parties de l'œuvre, tandis que le premier cor réussit de beaux moments (le milieu du Rondo), sans être pour autant exempt de plusieurs attaques compliquées, en plus de louper la note finale. En bis, la violoniste nous rappelle ses origines avec un collage arrangés par Nikoloz Rachveli de Trois Chants géorgiens de Sulkhan Tsintsadze, compositeur dont elle avait enregistré en 2015 Six Miniatures pour Sony Classical.

Après une vive attaque de la première trompette, la Trauermarsch (Marche Funèbre) de la Symphonie n°5 de Mahler avance sans tristesse sous la direction soignée du chef britannique, dont le geste un temps avant la note perturbe comme souvent maintenant l'Orchestre de Paris. Quelques flottements apparaissent alors au premier mouvement, le temps que les musiciens se calent à ce type de battue. En grand effectif à présent, les contrebasses se démarquent encore, cette fois d'abord par leur jeu râpeux, puis par plus de chaleur par la suite.

Sans faire ressortir d'options particulières de la partition, Robin Ticciati parvient toutefois à traiter l'œuvre comme un ensemble, bien démarqué entre ses trois parties, avec quelques mises en valeurs très intéressantes dans les bois, ou de fugaces accelerandos particulièrement réussis pour aviver le Stürmisch Bewegt. Sans amplifier les fractures du mouvement, le Kräftig avance avec tenue, excellemment porté par le cor solo Benoît de Barsony, debout pendant tout le mouvement. Le célèbre Adagietto se déploie en neuf minutes sans briguer trop de pathos, sans doute avec un manque d'amour sur la fin, mais d'une belle élégance et d'une manière assez subtile, tandis que le Rondo-Finale débute par un énorme faux pas du cor solo, puis expose une vraie fatigue chez certains musiciens, dont on sent qu'ils mettent toutes leurs forces dans la bataille pour finir par la gagner, grâce aux trois minutes conclusives toujours emplies d'une grande énergie.

Crédits photographiques : ResMusica

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Paris. Philharmonie de Paris ; Grande Salle Pierre Boulez. 15-I-2025. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto n°5 en la majeur, K.219. Lisa Batiashvili, violon. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°5 en ut dièse mineur. Orchestre de Paris, direction : Robin Ticciati.

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