Pour Asmik Grigorian, une nouvelle version vidéo de Madama Butterfly
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Giacomo Puccini (1858-1924) : Madama Butterfly, tragédie japonaise en trois actes sur un livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa. Mise en scène : Moshe Leiser et Patrice Caurier. Reprise de la mise en scène : Daisy Evans. Décors : Christian Fenouillat. Costumes : Agostino Cavalca. Lumières : Christophe Forey. Avec Asmik Grigorian, soprano (Cio-Cio-San) ; Joshua Guerrero, ténor (Lt. B.F. Pinkerton) ; Hongni Wu, mezzo-soprano (Suzuki) ; Lauri Vasar, baryton (Sharpless) ; Ya-Chung Huan, ténor (Goro) ; Josef Yeongmeenn Ahn, baryton (Le Prince Yamadori) ; Eryl Royle, soprano (La Mère de Butterfly) ; Andrew O’Connor, baryton-basse (L’Oncle Yakuside) ; Jeremy White, basse (Le Bonze) ; Amy Catt, mezzo-soprano (La Cousine de Butterfly) ; Kiera Lyness, soprano (La Tante de Butterfly) ; Romanas Kudriašsovas, baryton (Le Commissaire Impérial) ; Lee Hickenbottom, ténor (Le Greffier) ; Veena Akama-Makia, mezzo-soprano (Kate Pinkerton) ; Claudia Fleming (Dolore). Chœur du Royal Opera House, Covent Garden (chef de chœur : William Spaulding). Orchestre du Royal Opera House, Covent Garden, direction : Kevin John Edusei. Réalisation : Bridget Caldwell. Enregistré sur le vif au Royal Opera House, Covent Garden les 19, 23 et 26 mars 2024. Sous-titrage en anglais, français, allemand, italien, japonais et coréen. 1 Blu-Ray Opus Arte. Notice de présentation en anglais. Durée : 149:00 (opéra) + 11:00 (extras)
Opus ArteNouvelle captation vidéo d'un spectacle bien connu à Londres, auquel Asmik Grigorian et l'ensemble de ses partenaires donnent une nouvelle vie. Un enchantement à la fois pour les yeux et les oreilles.
Créée en 2003, la mise en scène par Moshe Leiser et Patrice Caurier de Madama Butterfly en était en mars 2024 à sa dixième reprise. Il avait été demandé à Daisy Evans de revoir pour l'occasion certains fondamentaux de la production, et notamment la vision européenne que les contemporains de Puccini pouvaient en leur temps avoir du Japon : en toile de fond une très belle reproduction couleur sépia de la baie de Nagasaki, ainsi que pour le dernier acte un sublime ciel étoilé sous lequel se joue le drame social et familial que nous connaissons bien. Le spectacle que l'on pourra voir sur ce Blu-Ray, qu'il sera évidemment intéressant de comparer avec la captation en 2018 de la même production disponible chez le même éditeur avec la Butterfly d'Ermonela Jaho, donne du Japon une évocation encore plus épurée. Réduite aux quelques vues offertes depuis la maison de Butterfly, elle-même constituée de quelques panneaux coulissants et de rares accessoires minimaux, cette vision fait montre de la plus grande sobriété. Débarrassée des amoncellements de kitsch qui encombrent certaines mises en scène, mais tout en assumant fièrement sa japonité, la proposition du tandem Leiser et Caurier met en revanche en exergue les superbes costumes traditionnels d'Agostino Cavalca, lesquels semblent constituer les seuls et véritables décors du spectacle. Les costumes trois pièces de Pinkerton et Sharpless ainsi que la robe Belle Époque de Kate marquent le choc des cultures, fossé que tente de combler Buttefly avec sa tentative au deuxième acte de porter un costume semblable à ceux qu'elle imagine être caractéristiques de sa nouvelle patrie. La direction d'acteurs, millimétrée et servie par des chanteurs-acteurs tous très investis, a visiblement été particulièrement soignée pour cette reprise.
La raison de la commercialisation d'une deuxième captation de la même mise en scène, si peu d'années après la précédente version, est sans doute liée à la participation à ce spectacle de l'extraordinaire Asmik Grigorian, qui marque là une incarnation scénique majeure. Son soprano ample et puissant, couronné dans les hauteurs de la voix par de sublimes demi-teintes, en font aujourd'hui une des meilleures interprètes du rôle. Et cela est sans compter avec l'exceptionnelle densité de son jeu, à la fois d'une grande sobriété et d'une ardeur toute contenue. Le triomphe qui lui est réservé en fin de spectacle est éminemment mérité. Une prestation d'une telle intensité a visiblement pour effet de tirer vers le haut des partenaires au nom encore peu connu. Joshua Guerrero a tout pour être le Pinkerton idéal. Une voix solaire, un physique de latin lover et un jeu d'une précision sans doute plus facilement décelable à l'écran qu'à la scène ne justifient pas les quelques huées essuyées au moment des saluts, que l'on attribuera donc davantage au personnage qu'à l'interprète. On salue également le Sharpless humain et bien chantant du baryton Lauri Vasar, ainsi que la Suzuki pleine de promesses de Hongni Wu. Belle cohorte de comprimarii, dont se détache le Prince Yamadori du baryton Josef Yeongmeenn Ahn.
Si la précédente version bénéficiait de la direction du directeur musical de la maison, Antonio Pappano, celle proposée aujourd'hui n'est pas en reste. Le chef d'orchestre allemand Kevin John Edusei met au service de Puccini tout son talent, attentif à la fois au détail analytique de la partition et à la création des climats suspendus dans le temps qui font tout le prix de ce chef d'œuvre lyrique hors normes qu'est Madama Butterfly. Une belle manière de finir en beauté l'année du centenaire.
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Giacomo Puccini (1858-1924) : Madama Butterfly, tragédie japonaise en trois actes sur un livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa. Mise en scène : Moshe Leiser et Patrice Caurier. Reprise de la mise en scène : Daisy Evans. Décors : Christian Fenouillat. Costumes : Agostino Cavalca. Lumières : Christophe Forey. Avec Asmik Grigorian, soprano (Cio-Cio-San) ; Joshua Guerrero, ténor (Lt. B.F. Pinkerton) ; Hongni Wu, mezzo-soprano (Suzuki) ; Lauri Vasar, baryton (Sharpless) ; Ya-Chung Huan, ténor (Goro) ; Josef Yeongmeenn Ahn, baryton (Le Prince Yamadori) ; Eryl Royle, soprano (La Mère de Butterfly) ; Andrew O’Connor, baryton-basse (L’Oncle Yakuside) ; Jeremy White, basse (Le Bonze) ; Amy Catt, mezzo-soprano (La Cousine de Butterfly) ; Kiera Lyness, soprano (La Tante de Butterfly) ; Romanas Kudriašsovas, baryton (Le Commissaire Impérial) ; Lee Hickenbottom, ténor (Le Greffier) ; Veena Akama-Makia, mezzo-soprano (Kate Pinkerton) ; Claudia Fleming (Dolore). Chœur du Royal Opera House, Covent Garden (chef de chœur : William Spaulding). Orchestre du Royal Opera House, Covent Garden, direction : Kevin John Edusei. Réalisation : Bridget Caldwell. Enregistré sur le vif au Royal Opera House, Covent Garden les 19, 23 et 26 mars 2024. Sous-titrage en anglais, français, allemand, italien, japonais et coréen. 1 Blu-Ray Opus Arte. Notice de présentation en anglais. Durée : 149:00 (opéra) + 11:00 (extras)
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