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Giuliano d’Angiolini (né en 1960) : ›››‹‹‹ : version pour 4 flûtes et six clarinettes ; 7 flauti, pour sept flûtes ; 100100, pour 36 flûtes. Manuel Zurria, flûtes ; Paolo Ravaglia, clarinette. 1 CD Elsewhere music. Enregistré à La Beaudelle-Le Saillant (France) en 2023. Notice de présentation en talien. Durée : 50:00
ElsewhereLe compositeur romain privilégie le processus au détriment de l'objet fini : il revendique son appartenance à l'arte povera dans ce nouveau CD monographique où s'exerce son geste singulier.
Trois pièces dont deux toutes récentes convient deux instrumentistes, le flûtiste Manuel Zurria et le clarinettiste Paolo Ravaglia ainsi qu'un certain nombre d'instruments (6 clarinettes, de 7 à 36 flûtes…) à la faveur du procédé du re-recording. Dans 7 flûtes (2010), le temps est étale et le silence parfois long entre chacune des propositions allant du solo à la trame plus dense qui voyage dans les différents registres des trois flûtes (en do, en sol et flûte basse) que joue Manuel Zurria : étirement ou resserrement des « phrases », variation de timbre, de spectre, battements entre deux fréquences rapprochées, présence ou non du souffle dans le son, bruit blanc ou coloré etc. Les enchaînements sont soumis à des procédés d'indétermination et la fin de la pièce est arbitraire.
›››‹‹‹, le « signalement » de la pièce qui ouvre l'album relève de la calligraphie. Avec quatre flûtes et six clarinettes, le compositeur reprend le concept de 7 flûtes et l'enrichit ; la version originelle est pour flûtes et sheng ou accordéon. Variant d'autant les espacements silencieux, D'Angiolini joue avec l'attente. Le son droit ou légèrement infléchi vers le haut ou le bas, le jeu avec les transitoires d'attaque (l'énergie du souffle au départ du son) regardent vers l'Asie et ses instruments traditionnels. Les lignes se frôlent (battements de fréquence) ou s'écartent, l'intensité vibratoire de la fin de la pièce signalant la fin du processus à l'œuvre.
Comme 7 flûtes, 100 100, le titre (énigmatique) de la troisième pièce (2023) conçue pour 36 flûtes – celles de Manuel Zurria – fait appel à des procédés d'indétermination (algorithmes ?) en vertu desquels l'œuvre se modifie à chaque nouvelle exécution. Le flux y est beaucoup plus continu, évoquant la soufflerie de l'orgue soumis à une registration particulière : foisonnement du son, richesse du spectre et jeu sur les allures (vibrato, légers flatterzunge, friction des fréquences) appellent une écoute immersive. À ce titre, on regrette que l'œuvre très (trop) courte (9.08) ne s'étire pas davantage dans le temps.
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Giuliano d’Angiolini (né en 1960) : ›››‹‹‹ : version pour 4 flûtes et six clarinettes ; 7 flauti, pour sept flûtes ; 100100, pour 36 flûtes. Manuel Zurria, flûtes ; Paolo Ravaglia, clarinette. 1 CD Elsewhere music. Enregistré à La Beaudelle-Le Saillant (France) en 2023. Notice de présentation en talien. Durée : 50:00
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