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De vraies « Beautés de la danse » à la Seine Musicale

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Boulogne-Billancourt. La Seine Musicale. 12-I-2025. Les Beautés de la danse 5e édition. Sous la direction de Gil Isoart et Ekaterina Anapolskaya. Orlando Pas de deux de Christian Spück avec Michelle Willlems (Staatsballett Berlin) et Esteban Berlanga (Ballet Zürich) ; La Mort du cygne de Michel Fokine avec Dorothée Gilbert (Opéra de Paris) ; Le Corsaire Pas de deux d’après Marius Petipa avec Inès McIntosh et Shale Wagman (Opéra de Paris) ; Dance of the Blessed Spirits de Frederick Ashton avec Matthew Ball (Royal Ballet de Londres) ; Coppélia Pas de deux d’Arthur Saint-Léon avec Mayara Magri (Royal Ballet de Londres) et Victor Caixeta (The Dutch National Ballet) ; Trois Gnossiennes de Hans van Manen avec Olga Smirnova (The Dutch National Ballet) et Hugo Marchand (Opéra de Paris) ; Flammes de Paris Pas de deux de Vassili Vainonen avec Inès McIntosh et Shale Wagman ; Casi Fado de Ricardo Franco avec Esteban Berlanga ; ‘To&Fro’ de Matthew Ball avec Mayari Magri et Matthew Ball ; La Esmeralda Pas de deux d’après Marius Petipa avec Bleuenn Battistoni et Paul Marque (Opéra de Paris) ; Casse-Noisette Pas de deux de Jean-Christophe Maillot avec Olga Smirnova et Victor Caixeta ; Le Parc Pas de deux d’Angelin Preljocaj avec Dorothée Gilbert et Hugo Marchand. 

On croyait fini le temps des grands galas de danse avec de simples duos de danseurs stars. C'était sans compter sur « Les Beautés de la danse », un spectacle conçu par à La Seine Musicale.

Pour sa 5ème édition, le gala « Les Beautés de la Danse » a mis la barre haut, comme chaque année d'ailleurs, car ce sont pour beaucoup les mêmes danseurs qui se sont produits. On peut d'ailleurs espérer que les prochaines éditions nous permettront de découvrir quelques nouvelles pépites. Mais celles-ci, quand même, ont un sacré brillant, et du brio. De la technique et de l'artistique. Portant haut, ce dont on attend du meilleur de la danse classique.

Les danseurs du Ballet de l'Opéra de Paris, dans des duos déjà bien connus, ont occupé une place prépondérante dans ce programme et cela se comprend quand on sait qu'il ne viennent pas de très loin, et que le maître d'œuvre de ce gala, , est un ancien  danseur de l'Opéra avant d'en être aujourd'hui l'un de ses meilleurs professeurs.

Il a donc fait venir quelques-uns de ses  « élèves ». , étoile impeccable bien qu'un peu froide dans une « Mort du cygne » aux bras pourtant frémissants, revient dans le duo du baiser du « Parc » de Preljocaj, enlevée par une autre étoile de l'Opéra, . On a aussi aimé voir s'épanouir la nouvelle étoile aux côtés de . Lui, très sûr et elle suprême Esméralda dans le pas de deux d'après Petipa. Cette jeune danseuse a l'éclat gracieux son corps longiligne et son torse qui semble immense en imposant sans jamais en rajouter dans le spectaculaire démonstratif. Et c'est heureux.

C'est ce que l'on va devoir – hélas – reprocher à , le jeune prodige canadien que l'Opéra de Paris vient de recruter au bas de l'échelle via le concours externe. Prix de Lausanne, soliste à l'English National Ballet, invité au Mariinsky dans La Sylphide, soliste au ballet de Bavière… A 24 ans, le jeune homme au parcours fulgurant est adulé tel un talisman miracle et vu comme un jeune quadrille qui va pulvériser le record de vitesse de la nomination expresse d'Etoile. Mais pas si vite… Il a du talent, c'est évident, et ne cesse de le montrer.  Il cherche à oser des sauts improbables dans Le Corsaire, mais perd le fil, danse en force, et s'avère surtout être un partenaire très incertain, aux côtés d'Ines McIntosh, toute récente première danseuse de l'Opéra, elle aussi perçue comme une future Etoile. Elle est solide, elle assure, notamment dans Flammes de Paris, duo technique toujours avec qu'ils dansent ensemble un peu partout. Mais il y a chez elle une sagesse folle, qu'il va lui falloir raboter sérieusement pour dénicher un brin de folie qu'elle possède sûrement, bien enfoui, et qui fera d'elle peut-être une grande artiste. Mais il y a encore du travail et un tempérament à développer.

Peut-être aura-t'elle pu observer les autres danseurs à l'affiche de ce riche gala. Notamment ce couple brésilien formidable composé de (principal du Royal Ballet) et de au parcours impressionnant (une ribambelle de prix internationaux, une formation à Berlin avant d'intégrer le Mariinsky qui le nomme soliste, et qu'il quitte au lendemain de l'invasion de l'Ukraine par la Russie pour rejoindre alors le Het National Ballet d'Amsterdam). Ces destins qui traversent le monde pour réussir font preuve d'une évidente maturité. Surtout, dans Coppélia, où ils nous montrent ce que l'on voit rarement : qu'un pas de deux, comme disait Noureev, « est un dialogue amoureux. Si l'un des deux est muet, il ne se passe rien. » Or là, en cinq minutes, ils nous dévoilent toute une histoire, une passion, la joie d'un garçon et d'une fille qui se retrouvent. Cela paraît simple, mais s'avère en réalité le fruit d'un très gros travail minutieux de réflexion sur ce que doit dire le geste. Il se dégage de ce couple une joie incommensurable et magnifique. danse ensuite « Tl&Fro » un duo sur du Respighi chorégraphié par , son éminent collègue Etoile du Royal Ballet de Londres, danseur habité et doué de surcroît pour chorégraphier. Il tisse ici un duo composé de très jolis portés où la danseuse glisse au sol sans même que l'on comprenne comment, sous les applaudissements d'un public bon enfant mais connaisseur.

, (danseur espagnol Etoile au Ballet de Zürich), après avoir dansé un joli duo de (chorégraphe directeur du ballet de Berlin qu'il serait temps d'inviter en France) s'est lancé dans un sympathique solo à l'espagnole.

Et puis, reste le summum, la superstar qui ne le montre jamais, mais qui, tel l'Everest, dépasse tout, survole absolument tout : . « La » Smirnova, L'Etoile du Bolchoï formée à la Vaganova, qui a osé défier le régime russe en expliquant publiquement pourquoi elle quittait Moscou le lendemain de l'invasion de l'Ukraine, est désormais installée au Het National Ballet d'Amsterdam. Elle a évidemment appris de nombreux ballets du génial . Le nonagénaire chorégraphe néerlandais, là encore si peu programmé en France, lui va bien. Aux côtés d', qui a souvent dansé ce duo, elle est en harmonie. Elle entre en scène, et elle est  là. Divine, artiste jusqu'au bout du chignon, dans son monde, celui d'une danse unique et inspirée. C'est intéressant, chez elle, cette présence qui n'en est pas. Immatérielle, elle est. Et c'est ce qui fait le nec plus ultra de la danse. Lorsque l'humain disparait derrière le geste. En tout cas, pour ce type de répertoire. Dans ce Van Manen, elle a une manière de pointer le pied puis de le passer en mode flex qui n'est celle de personne… Et , presque un enfant face à elle, la guide avec une humilité qu'on ne lui connaissait pas.

On retrouve dans le très beau pas de deux du Casse-Noisette de Jean-Christophe Maillot. Là encore, pas de strass, pas de fanfaronnade, juste le mouvement… On a alors l'impression d'une simple apparition, qui restera assurément dans les mémoires. Et l'on attend avec impatience sa venue en Guest à l'Opéra de Paris. Qui sait ?

Crédits photographiques : © Francette Levieux

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