Magie Balanchine, envoûtement garanti au Théâtre du Capitole

Alors que le New York City Ballet donne son traditionnel Casse-noisette de fin d'année, George Balanchine est également à l'honneur à l'Opéra national du Capitole avec Magie Balanchine, un magnifique florilège de trois œuvres du chorégraphe iconique de la modernité étasunienne.

D'origine géorgienne, Giorgi Melitonis dze Balanchivadze est né à Saint-Pétersbourg le 22 janvier 1904 avant de se former à la danse quelques années plus tard à l'école impériale du Théâtre Marinski. Après un passage aux Ballets Russes de Diaghilev, où il sera danseur puis chorégraphe, George Balanchine, de son nom américanisé, est adopté par les États-Unis qui le consacreront comme fondateur du style néo-classique, tel que défini par les critiques de danse étasuniens Edwin Denby et Lincoln Kirstein.

Pour le deuxième spectacle de danse de sa saison, l'Opéra national du Capitole a opté pour un programme réjouissant réunissant Thème et variations, Tchaïkovski Pas de deux et Who cares?, véritable florilège des diverses contributions stylistiques de Balanchine à la technique classique. Cette sélection offre également un bel éclairage sur le rapport du célèbre chorégraphe à son maître spirituel, Marius Petipa, et à l'un de ses compositeurs favoris, Piotr Ilitch Tchaïkovski, tout en célébrant son identité américaine à travers sa relation à Broadway et au cinéma hollywoodien des années 30 et 40.

Thème et variations est tout d'abord conçu comme une sorte de manifeste des bases de la technique classique revisitée selon Balanchine. Construit sur les 12 variations finales de la Suite no 3 pour orchestre de Tchaïkovski, ce ballet commence par une séquence de dégagés originale et évolue vers différents tableaux de groupes très ciselés tant chorégraphiquement que spatialement (déplacements, projections de bras et de jambes dans des directions très marquées). Également fortement inspiré de Petipa, on y retrouve de nombreuses arabesques, attitudes ou encore tours finis développés similaires à ceux présents dans les variations d'Aurore dans La Belle au bois dormant, en plus des chandeliers suspendus et des tutus verts et bleus pastels richement parés de pierres et broderies.

Dans un même style d'écriture virtuose et inattendu, le programme se poursuit avec Tchaïkovski Pas de deux, une courte création née de la redécouverte en 1953 dans les archives du Théâtre Bolchoï d'une musique additionnelle composée pour le Lac des cygnes à la demande de la danseuse étoile Anne Sobeshchanskaya. Dans ce ballet, c'est la structure même du pas de deux que Balanchine contribue à fixer (adage, variations, coda). Lian Sánchez Castro, en robe bustier pistache, et Alexandre De Oliveira Ferreira, en tenue de prince vert foncé, forment un duo complice et très généreux, au plaisir de danser évident.

Pour finir, Who cares? vient apporter une touche jazz, romantique et très new-yorkaise à l'ensemble avec un décor urbain peint en fond de scène et sur les pendrillons. George Gershwin est cette fois-ci à l'honneur à travers 17 de ses standards, sur lesquels évoluent des girls next door en tunique à paillettes et des tombeurs à pantalon à pinces et gilet de costume. Le style est ici un peu différent, influencé par le passage de Balanchine à Hollywood et Broadway, où il contribua à développer la dimension chorégraphique des comédies et films musicaux : centre de gravité plus bas (déplacements pliés, passages sur demi-pointes ou à pieds plats), bassins désaxés et utilisation des bras plus relâchée dans les coudes et les mains.

Magie Balanchine est donc un programme habilement conçu et superbement porté par les danseurs et danseuses de Ballet du Capitole, qui saura autant ravir les connaisseurs que les novices de par la valeur historique et intemporelle de sa composition.

Crédits photographiques : © David Herrero

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