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Philharmonie de Paris – Cité de la Musique. Exposition Ravel Boléro. du 3 décembre 2024 au 15 juin 2025. Commissaire de l’exposition : Pierre Korzilius. Conseillère musicale : Lucie Kayas
L'œuvre la plus jouée au monde méritait bien une exposition pour elle toute seule ! À la veille de la commémoration de la naissance de Maurice Ravel il y aura 150 ans en mars 2025, la Philharmonie de Paris lui en consacre une, de ce mois de décembre à juin 2025.
Il a fait le tour du monde plus vite qu'il ne faut pour le dire, remportant un succès planétaire immédiatement après sa création en 1928. Et depuis… il continue à faire le tour du monde ! Dites Boléro à quelqu'un, et voilà que mélomane ou non, de France ou d'ailleurs, il se met à fredonner son thème obsédant. « Danse espagnole de rythme lent » comme le définit Le Robert, on n'en connaît qu'un au monde, universel et populaire, et c'est celui de Maurice Ravel ! Lequel avec son esprit facétieux s'exclama un jour à propos de ce chef-d'œuvre : « Quel bon tour j'ai joué au monde musical ! » Cette œuvre contagieuse contamina le cinéma, le jazz, jusqu'à la pop culture !
L'exposition orchestrée par son commissaire Pierre Korzilius, fruit d'un travail d'équipe avec la musicologue Lucie Kayas et le Musée de la musique, repose sur une rencontre des arts visuels et sonores, enrichie d'importants prêts de la Maison-Musée Maurice Ravel de Montfort-l'Amaury, du Musée d'Orsay, du Musée national d'art moderne-Centre Georges Pompidou et de la Bibliothèque nationale de France. Elle est rythmée en six temps, organisée en six espaces thématiques constituant son parcours. Le premier plonge tout de go le visiteur dans l'œuvre musicale : un écran de dix mètres de large et un système de son immersif le font entrer au cœur de l'orchestre, au cœur du son et du mécanisme du Boléro, dans une production audio-visuelle où l'Orchestre de Paris est disposé en spirale autour de la caisse claire de Nicolas Martynciow, telle une galaxie, procédé original sans chef qui en seize minutes accompagne l'effet d'amplification instrumentale et sonore caractéristique de l'œuvre jusqu'à l'explosion finale.
De nombreux documents retracent bien sûr l'histoire du Boléro, depuis la commande d'un ballet espagnol par la danseuse Ida Rubinstein jusqu'à sa création en 1928 à l'Opéra de Paris : la lettre manuscrite de Ravel qui donne les clés de sa composition, une reproduction de l'affiche de sa première représentation, mais aussi des maquettes de décors, des photos de répétitions d'époque, des dessins de costumes, et divers documents qui attestent de sa diffusion au-delà de la France. L'exposition présente à l'appui un portrait émouvant de l'homme Ravel, indissociable du compositeur, à travers les jalons de sa vie, depuis son enfance, ses origines familiales (nombreuses photographies et portraits de lui, de ses parents et de son frère), jusqu'à son environnement quotidien durant ses dix-sept dernières années dans sa maison à Montfort l'Amaury, dont nombre d'objets et de mobilier sont présents, comme son bureau sur lequel a été composé le Boléro.
Son attachement à l'Espagne qu'il tient des origines basques de sa mère, (« ma jeunesse a été bercée par des habaneras que je n'ai jamais oubliées »), et dont témoignent nombre de ses œuvres parmi lesquelles le Boléro y est largement évoqué, un goût partagé par les peintres et sculpteurs de son temps tels Degas et Manet dont quelques œuvres sont exposées. Personnage complexe, ses multiples facettes sont présentées et illustrées : l'enfant qu'il demeura toute sa vie et que l'on rencontre à travers les jouets mécaniques et casse-têtes qu'il aimait posséder, et le perfectionniste, le « bricoleur » passionné de mécanique pour lequel une œuvre musicale est une machine parfaitement réglée, et plus que toute autre son «usine Boléro ».
Enfin le visiteur ne peut se soustraire à une « partition audiovisuelle » qui se déploie tout au long du parcours : projections d'extraits cinématographiques ou télévisuels offrant de multiples lectures de l'œuvre, et de représentations du ballet de 1935 à nos jours, en passant évidemment par la version qui fera date, celle de Maurice Béjart que Jorge Donn, Nicolas Le Riche ou encore Sylvie Guillem immortaliseront.
Une belle exposition à voir aussi en famille, qu'on pourra compléter par le livre-catalogue paru aux éditions La Martinière/Éditions de la Philharmonie.
Crédits photographiques © Gilles Lefauconnier et Nicolas Lascourrèges (Philharmonie de Paris), Jany Campello/ResMusica
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