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La poésie musicale de Ronsard selon Doulce Mémoire, Marc Mauillon et Anne le Bozec

Avec 400 mises en musique des poésies de , le 500ème anniversaire du Prince des poètes ne pouvait se fêter qu'en musique !

La richesse de cette inspiration, présente avec plus ou moins de ferveur au fil des siècles, ne pouvait qu'offrir une programmation musicale foisonnante et éclectique. Ce n'est pas moins de 55 œuvres qui sont enregistrées dans ce double album, le premier disque étant consacré à la musique de la Renaissance, réservé en toute logique à l', le second disque étant mené par et , duo confirmé pour interpréter les chansons françaises du XIXe et XXe siècles.

Pour fil conducteur, le directeur artistique Denis Raisin Dadre choisit de se concentrer sur les textes qui ont le plus inspirés les compositeurs. Ainsi, le premier disque est construit en « bloc », avec une récitation du poème à la lyre improvisée par Baptiste Romain, une pratique italienne de la Cour de Valois soutenue ici par un accompagnement proche de l'art du recitare alla lira typique de la Renaissance, qui précède plusieurs versions musicales de ce même sonnet, reliées par des ricercari de luth improvisés par un Bor Zuljan particulièrement avisé. Pour le second disque, ce fil conducteur est enrichi par exemple de trois pièces composées à l'occasion du 400ème anniversaire du poète, par , et .

Du côté de la Renaissance, « Que dis-tu, que fais-tu, pensive tourterelle » fait ainsi l'objet d'un double chœur dans les musiques d' (1508-1569), (1532-1594) et (vers 1540-après 1600), alors que (?-après 1598) et D'Entraigues (15 ?-15 ?) retrace ce dialogue en jouant sur la distribution des quatre voix.

Pour le poème « Je suis tellement amoureux », même si la sensibilité d' (1542/43-1591) et séduisent, la modernité du langage musical de la chanson d' (1510-1577) avec son chromatisme et ses changements harmoniques brusques, ainsi que la richesse de ses intentions, surprennent. La notoriété des poèmes « Bon jour mon cœur, Bon jour ma douce vie » et « Mignonne, allons voir si la rose » les inclut naturellement dans cette programmation musicale avec cinq chansons pour chaque texte, confirmant s'il ne le fallait encore, la sensibilité juste de l', dont l'interprétation nuancée et élégante, soutient une ferveur communicative.

Du côté de la mélodie française, la complicité de longue date des deux interprètes magnifie de nombreuses pièces rares au disque, dont particulièrement Les Amours de Marie op.8 d' (1873-1966) qui bénéficie pour ces six pièces d'une interprétation profonde et mystérieuse. L'élégance du jeu et des effets musicaux du Pleyel de 1905 d' assure une agréable moment à l'écoute du plus célèbre La Terre les eaux va buvant d' (1892-1955) ou de L'Amant malheureux, extrait des Cinq poèmes de Ronsard de (1835-1921), se transformant même en une étonnante guitare pour la mélodie de (A sa guitare).

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