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Ravel Boléro. Lucie Kayas (direction) et Jean-François Cornu. Catalogue accompagnant l’exposition présentée au Musée de la musique – Philharmonie de Paris du 3/12/2024 au 15/6/2025. Editions de La Martinière, en coédition avec la Philharmonie de Paris. 224 pages. 32,50 €. Novembre 2024.
Accompagnant l'exposition présentée au Musée de la musique – Philharmonie de Paris jusqu'en juin 2025, le catalogue « Ravel, Boléro », sous la direction de Lucie Kayas, se veut un beau-livre à part entière.
C'est la maison de Maurice Ravel qui ouvre l'ouvrage grâce à une iconographie spécifique, reproduite sur un papier de couleur foncée, bien différenciée. En premier, la plaque en céramique du « Belvédère », ensuite une vue extérieure en dézoomant en quelque sorte, puis les intérieurs, si raffinés : le salon, la chambre, le bureau, et enfin le piano pour plonger au cœur de l'univers du compositeur. Le ton est donné. D'autres photographies des lieux viendront en pages de conclusion, dont le petit jardin et son bassin moussu, si intime.
Dix-huit chapitres structurent l'ensemble sur le modèle des dix-huit entrées de la partition du Boléro. Tour à tour musicologues, compositeurs, écrivains et artistes se succèdent pour évoquer telle ou telle facette ravélienne, illustrée par les images des objets, dessins, tableaux et partitions exposées dans le cadre de l'exposition. Entre chaque section, des extraits de correspondances de Ravel ou à son sujet ponctuent la lecture.
L'écrivaine Claire Houdart évoque les influences nouvelles, dont le japonisme, dans la décoration du Belvédère, qu'elle décrit, et que l'on retrouve dans la musique du compositeur. Le musicologue François Dru présente l'écriture et le parcours de la partition d'une œuvre dont « la magie reste entière », « une étonnante machine » pour Pierre Korzillius commissaire de l'exposition, qui va jusqu'à être comparée avec gourmandise à un dessert par le chef Klaus Mäkelä. Le spécialiste de Ravel, Manuel Cornejo nous parle du penchant de Ravel pour un « hispanisme flamboyant » selon le mot du poète René Chalupt tandis que pour le musicologue Emmanuel Reibel, Ravel reste « un grand enfant émerveillé et farceur », « un magicien de l'orchestre » pour l'éditeur Jean-François Monnard. Le fort attrait du compositeur pour la danse est évidemment central quand on parle du Boléro. « L'âme de la danse peut être perçu dans l'esprit même de ses compositions, dans ses rythmiques et ses pulsations » souligne Claude Abromont. Bien évidemment une section est consacrée à la danseuse Ida Rubinstein commanditaire de l'œuvre, à qui le ballet est dédié et qu'elle danse en 1928. Le chorégraphe Dominique Brun dresse son portrait de femme forte et pionnière (« son goût pour la beauté », « l'intensité de sa présence » quand « sa musicalité la met en mouvement »). Le percussionniste de l'Orchestre de Paris, Nicolas Martynciow, parle lui de la difficulté de jouer le Boléro, de l'importance du placement de la caisse claire… La transe est même plus loin expliquée du point de vue d'une psychanalyste. Et pour revenir sur terre, la succession compliquée de Maurice Ravel fait l'objet d'un chapitre entier : « une affaire de droits d'auteur ».
Ce livre-catalogue, ni biographie du compositeur, ni essai musicologique sur l'œuvre, s'appréhende plus par touches et impressions, notes et pensées, réhaussé significativement par la belle iconographie relative aux collections de la BnF, décrites dans une section par Mathias Auclair, conservateur général au département de la musique.
En somme, un beau-livre qui peut tout à fait mener sa vie par lui même.
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Ravel Boléro. Lucie Kayas (direction) et Jean-François Cornu. Catalogue accompagnant l’exposition présentée au Musée de la musique – Philharmonie de Paris du 3/12/2024 au 15/6/2025. Editions de La Martinière, en coédition avec la Philharmonie de Paris. 224 pages. 32,50 €. Novembre 2024.
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