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Daniel Harding retrouve l’Orchestre de Paris pour une soirée viennoise

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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 17-XII-2024. Johann Strauss II (1825-1899) : Ouverture de la Chauve-Souris ; Wiener Blut op. 354 ; Frühlingstimmen op. 410 ; Arnold Schönberg (1874-1951) : Pelléas et Mélisande, poème symphonique op. 5. Sabine Devieilhe, soprano. Orchestre de Paris, direction : Daniel Harding.

retrouve l' dont il fut le directeur musical entre 2016 et 2019 pour un concert totalement dévolu à des compositeurs viennois, mettant en miroir l'insouciance des bals de la Vienne impériale composés par  et l'amour tourmenté de Pelléas et Mélisande d'.

 

C'est sur une évocation de l'« Apocalypse joyeuse viennoise » associant tout à la fois les fastes finissants des Habsbourg et les espoirs d'une modernité naissante, que se construit ce surprenant programme qui convoque dans un grand écart symphonique et .

Avec quelques jours d'avance, on pourrait se croire non pas dans la Grande Salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris, mais dans la mythique salle du Musiverein à Vienne, pour le traditionnel concert du Nouvel An ! Trois œuvres constituent cette première partie. L'Ouverture de la Chauve-Souris (1873) qui se nourrit des nombreux thèmes célèbres de l'opéra éponyme (Die Fledermaus) dans un pot-pourri plein d'allant, d'élégance, de légèreté et de sensualité, agrémenté de rythmes de polka, de valse, ou encore de solos instrumentaux dont la superbe cantilène douloureuse du hautbois qui apparait à postériori comme étrangement prémonitoire…

Wiener Blut (1873) composé par à l'occasion du mariage princier de la fille de l'Empereur François-Joseph I (et de Sissi) avec le Prince Leopold de Bavière. Entamé par les chefs de pupitres du Quatuor jouant à découvert, bientôt rejoints par la petite harmonie, ce Sang viennois ne saurait mentir, qui fait valoir une fois encore toute sa sensualité, sa légèreté, ses nuances expressives dans une impeccable mise en place et un équilibre souverain.

Frühlingstimmen (1883), dédié à la chanteuse Bianca Bianchi, achève ce triptyque plein d'entrain, en fournissant à la soprano colorature une belle occasion de faire montre de son impressionnante technique vocale dans un registre particulièrement volubile fait de vocalises superbement ciselées, exaltées par un émouvant duo avec la flûte traversière, malgré un timbre un peu métallique et une diction discutable.

 

Bien différente la seconde partie est totalement dévolue à avec le poème symphonique Pelléas et Mélisande. Composée en 1902, il s'agit d'une œuvre éminemment complexe par sa multitude de thèmes et sa polyphonie redoutable de densité, qui représente un véritable défi pour tout chef qui s'y mesure, difficile exercice de direction visant à maintenir la continuité de la ligne et à échapper au danger de l'éparpillement des timbres. Un défi que relève crânement, empoignant la partition à bras le corps, maitrisant avec maestria son orchestration foisonnante par la clarté du discours et par des entrées millimétrées. Plus qu'une lecture purement narrative, avouons-le assez artificielle, choisit de nous offrir une vaste fresque symphonique parfaitement structurée qui met en exergue toutes les couleurs (attente, urgence, drame, mystère), tous les thèmes (celui de Mélisande au hautbois, celui de Golaud au cor ou de Pélléas à la trompette) et tous les leitmotivs (celui du Destin à la clarinette basse ou de l'Amour à la clarinette et aux violons) sur un phrasé constamment tendu, envoûtant,  alternant épisodes de tension et de détente, moments de lyrisme et de passion, passages éclatants ou  désolés, servie par des prestations solistiques de haute tenue et de savantes combinaisons de timbres (cuivres, percussions, harpe, clarinette basse, cor). Un grand moment de musique !

Crédits photographiques : Daniel Harding © Denis Allard ; © Ava du Parc  

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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 17-XII-2024. Johann Strauss II (1825-1899) : Ouverture de la Chauve-Souris ; Wiener Blut op. 354 ; Frühlingstimmen op. 410 ; Arnold Schönberg (1874-1951) : Pelléas et Mélisande, poème symphonique op. 5. Sabine Devieilhe, soprano. Orchestre de Paris, direction : Daniel Harding.

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