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Les Berlinois rendent un bel hommage au maestro Seiji Ozawa

Disparu cette année, qui fut le disciple de Karajan, a souvent dirigé l' auquel le reliait une particulière affection. C'est une heureuse idée du label de l'orchestre que de rééditer les témoignages de concerts s'échelonnant de 1979 à 2016, en six CD que complète un copieux Blu-Ray.

Le premier CD offre une impressionnante ouverture de Léonore 2 et trois magnifiques concertos : le premier pour violon de Bruch avec un Pierre Amoyal au sommet de son art, le Concerto en sol de Ravel avec l'immense Martha Argerich elle aussi en pleine possession de ses moyens dans un concerto qu'elle a marqué de son empreinte au disque (particulièrement avec Abbado dont Ozawa s'avère un digne concurrent), enfin celui pour alto de Bartók avec Wolfram Christ, le chef de pupitre des berlinois.

Le deuxième commence par une pétillante symphonie de Haydn « Le Distrait », originale par sa forme en six mouvements et d'une énergie rayonnante. La première symphonie « Rêves d'hiver » de Tchaïkovski nous mène vers le romantisme dont Ozawa a été un défenseur toujours inspiré et qui innerve aussi de magnifiques lectures de la symphonie « Titan » de Mahler (dont Ozawa a enregistré une superbe intégrale des symphonies à Boston) ainsi que de la Fantastique de Berlioz qui rappelle qu'Ozawa avait travaillé avec Charles Munch. Dommage que la Symphonie n° 7 de Bruckner, un compositeur qu'Ozawa a relativement peu dirigé, souffre (la faute à des micros mal positionnés ?) des cris et grognements du maestro. La Symphonia Serena de Hindemith fait curieuse figure dans cet ensemble (ce n'est pas la plus inspirée des partitions d'orchestre du compositeur allemand).

Le dernier CD est en revanche somptueux, tant par le lyrisme du prélude et mort d'Isolde que par la superbe Symphonie des Alpes straussienne. Avec la puissance des berlinois, la magnificence de l'orchestration de Strauss demeure un éblouissement total. Un très généreux Blu-Ray complète le portrait du chef japonais avec la tardive ouverture d'Egmont, qui permet d'admirer la gestique passionnée du maître, la Fantaisie chorale de Beethoven malheureusement un peu ternie par le jeu peu imaginatif de Peter Serkin, une Symphonie n° 1 de Bruckner déjà disponible dans l'intégrale des symphonies parue chez le même éditeur (Clef d'or ResMusica), et surtout une magnifique exécution d'Elias de Mendelssohn sublimée par la géniale incarnation deMatthias Goerne et la réplique de Nathalie Stutzmann, très certainement le sommet de ce coffret.

Pour chaque œuvre on admire le sens de la clarté et de la justesse d'expression du chef, sa capacité à maîtriser les pages les plus chargées orchestralement, et la perfection technique de l'orchestre. Quelques photos sont glissées ci et là dans les pages du livret dont une, particulièrement touchante, montre, en 1981, Karajan se relaxant dans un canapé, Ozawa à ses pieds…

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