Les démonstrations des plus Petits rats de l’Opéra

Comme chaque année en décembre, les élèves l'Ecole de danse de l'Opéra de Paris présentent sur la scène du Palais Garnier le fruit de leur premier trimestre de travail. Nous y étions ce 15 décembre matin pour assister aux démonstrations des petites classes et à la présentation des cours complémentaires.

Les démonstrations débutent traditionnellement par la classe des garçons de 6e division. Les plus jeunes élèves, sous la houlette de leur professeur, le danseur Etoile Stéphane Bullion et accompagnés par Yuko Tsuchiya, nous offrent un panel d'exercices à la barre avant une série de dégagés, pirouettes et exercices de changements de pied au milieu. Dès leurs plus jeunes années, les élèves sont ainsi formés au style de l'école française avec une grande attention portée au travail du bas de jambe et à la propreté du travail comme en témoigne cette série d'exercices. C'est la première fois que ces huit tout jeunes garçons montent sur scène : le stress est palpable, les visages sont fermés, concentrés, mais les sourires apparaissent au moment des saluts de ces enfants, visiblement contents d'avoir réussi avec brio leurs démonstrations.

La classe des 6e divisions filles, avec la professeure Laurence Laffon et la pianiste Naoko Mallet, est presque deux fois plus nombreuse que celle des garçons. Plus à l'aise, elles présentent un travail de relevés et un adage à la barre avant de passer au milieu avec un exercice de pas de liaisons demandant beaucoup de coordination, puis une série sissones – exercice difficile mais très bien réussi – et une coda. On n'est pas dans la recherche du spectaculaire mais de la propreté d'exécution, de la musicalité, du travail collectif avec une classe très appliquée et prometteuse.

Vient ensuite le groupe des 5e division garçons conduits par leur professeur Emmanuel Hoff et le pianiste Philippe Cavagnat. Après la barre présentant des exercices de pirouettes et des préparations à la petite batterie, les élèves exécutent plusieurs exercices au milieu avant de terminer par une série de tours en l'air. Les enchainements de pas sont plus complexes, les amplitudes de mouvements plus larges et quelques garçons se distinguent déjà par leur façon d'habiter la scène.

Les quatorze filles de 5e division enchaînent avec un exercice de frappés et des grands battements à la barre accompagnées au piano par Clément Rataud. Les mouvements sont amples, bien placés et les jambes font apparaitre de très beaux coups de pieds. Au milieu, leur professeure, Muriel Hallé, insiste sur la nécessité de faire de respirer et de contrôler les espaces afin de danser ensemble. Les exercices de pirouettes sont encore en cours de travail mais déjà bien réussis malgré la pente de la scène et le trac. Les exercices de petite batterie avec entrechats 3 et 4, préparation au travail des pointes,  dénotent une technique et une qualité de mouvement certaines chez ces élèves.

Les 4e division garçon de Karl Paquette, avec le pianiste Matthieu Lecoq, débutent par un adage demandant beaucoup d'équilibre et de coordination. L'exercice de pirouette est encore hésitant de même que les tours en l'air pas toujours très bien réceptionnés. Ce sont des exercices difficiles, on voit qu'il y a une marche importante franchie avec la 5e division. Le final, enchainement de pas techniques très bien réalisé, rencontre un succès mérité auprès du public.

Les filles de 4e division présentent toutes leurs exercices sur pointes et montrent déjà une belle maîtrise. Les exercices à la barre sont dans la continuité de ceux présentés par la 5e division, mais plus complexes. Au milieu, les élèves réalisent un exercice d'échappés puis de temps de pointes avant une série d'arabesques. Géraldine Wiart incite avec bienveillance ses élèves à oser, à essayer, quitte à se tromper. Accompagnées par Valeria Vitaterna, les jeunes filles offrent un très joli final en hommage à Pierre Lacotte.

Après l'entracte vient le moment de présentation des cours complémentaires nécessaires à une formation complète du futur danseur.

Les 6e division et leur professeure Marie Blaise exécutent une série de courtes danses folkloriques où le travail du regard et de la respiration est essentiel afin de bien danser ensemble. Avec la même professeure, les 5e divisions proposent des exercices de danse baroque plaçant en leur centre le travail des bras et de l'espace. Les jeunes élèves se montrent très à l'aise dans ce répertoire et dansent avec autant d'application que d'entrain.

Les 2e divisions filles et garçons n'ont que peu de pratique de la danse contemporaine et cela se ressent sur scène. Iris Florentiny leur a fait travailler une série de mouvements très dansants tant en collectif qu'en petits groupes. Les élèves, accompagnés par Gaëlle Sadaune qui joue ses propres compositions, sont encore un peu trop sages et encore dans le contrôle du mouvement, en particulier les garçons. Gageons que les autres représentations leur permettront de se sentir plus à l'aise et libres sur scène.

La classe de mime de Yasmine Piletta emporte l'adhésion du public avec des exercices préparatoires aux scènes de pantomime des ballets où l'humour est toujours présent. La joie des enfants de 5e division présentant les différents exercices, pas si simples que ça tant le geste doit être à la fois lisible et exagéré sans ridicule, est manifeste.

Jessica Choppe a fait travailler aux élèves de 4e division une série de danses de caractère après des exercices à la barre. « De la fierté », « Il faut que ça pétille » demande l'enseignante. Les élèves présentent un travail soigné à la technique bien assurée. Ils sont encore très concentrés sur l'exécution de leurs mouvements. Les garçons se montrent plus à l'aise, plus fougueux que les filles qui ont orné pour l'occasion leur chignon d'un joli ruban rouge assorti à leurs tuniques.

La matinée se termine par le cours d'expression musicale de Scott Alan Prouty, moment toujours très attendu. Les élèves de 6e et 5e division chantent dans une belle justesse et homogénéité tout en mimant et en dansant ce qui donne tout à coup à l'Opéra Garnier un petit air de Broadway. L'apparente spontanéité des enfants est en réalité le fruit d'un grand et rigoureux travail préparatoire qui trouve son aboutissement sur scène. Rejoints par les 4e et 2e divisions, les élèves entonnent en guise de final « Laissez-moi danser » de Dalida et leur joie spontanée d'enfant transparait derrière les artistes qu'ils sont déjà.

Crédits photographiques : © Opéra national de Paris