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Klaus Mäkelä découvre les Wiener Philharmoniker avec Mahler

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Wien. Musikverein ; Großer Saal. 14-XII-2024. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°6 en la mineur « Tragische ». Wiener Philharmoniker, direction musicale : Klaus Mäkelä

Pour son premier programme avec les Wiener Philharmoniker, dirige une unique Symphonie n°6 de Mahler, exclusivement abordée par son prisme symphonique, mais d'une énergie impressionnante.

Contrairement aux publics conquis dès qu'une direction procure à un orchestre beaucoup de dynamique, les mélomanes viennois entendus à la sortie de la deuxième représentation et sur les réseaux sociaux sont restés plus dubitatifs face à la démonstration de , pour trois concerts au Musikverein avant un soir en tournée à l'Elbphilharmonie, où il dirigeait uniquement la 6ème Symphonie de Mahler.

Pourtant, il faut rappeler que le chef finlandais n'aura que vingt-neuf ans en janvier prochain, et qu'il dirige pour la première fois les Wiener Philharmoniker, dont en plus une grande partie des premiers titulaires n'est pas présente, car étant au même moment dans la fosse avec Thielemann pour Palestrina de Pfitzner. Et si en effet la proposition de Mäkelä reste purement symphonique, trop démonstrative dans les premières minutes – la fatigue aidera à apaiser un geste bien plus mesuré à partir du 3ème mouvement -, il faut tout de même reconnaître que rarement ces dernières années, l'orchestre a été entendu aussi vif et énergique.

Très fort comme souvent avec le chef, le son se voit autant internationalisé avec les Wiener qu'il l'est sous sa direction pour l'Orchestre de Paris. Et même des cors viennois, il est difficile de ne pas croire parfois à un orchestre américain, tant les timbres ressortent brillants. Cependant, dès l'entame de l'Allegro energico et pendant plus de dix minutes, tout se montre extrêmement tenu, nerveux, racé, comme si Mäkelä connaissait cette grande formation depuis des années, alors qu'il la dirige pour la première fois. Au premier moment calme vers dix minutes, puis encore plus au second peu avant la coda du mouvement, le message se perd quelque peu, effacé par le manque d'approche globale de la lecture. Elle n'est ni tragique, ni dramatique pour tenter de caractériser le héros évoqué par la partition, ni romantique pour les parties d'Alma.

Comme la majorité des chefs aujourd'hui, Mäkelä place l'Andante en seconde position, ce qui est pour nous un contresens historique sur lequel nous nous sommes à plusieurs reprises exprimés, mais qui se défend ici comme sous les interprétations de Kirill Petrenko ou Simon Rattle ces dernières années. En effet, aucun, pas plus que le jeune chef, ne recherche l'amplitude réflexive ni une force étale, mais plutôt seulement un moment calme avant de relancer les forces dans le Scherzo. Là encore de grande tenue, dans une acoustique resserrée du Musikverein qui encaisse sans saturer le volume sonore très élevé, ce mouvement dynamique met particulièrement en valeur les cuivres et les percussions.

Il faut véritablement attendre le Finale pour apprécier les solos de la première violon, Albena Danailova, ainsi que ceux d'une partie des bois, dont les flûtes sonnent étonnamment sourdes dans un passage central. Là encore, pas de propos philosophique ou narratif sous cette baguette dans cet ultime partie, mais la 6ème en souffre moins que la 9ème, encore décevante cette saison à Paris, d'autant que le geste du jeune chef harassé se montre plus limité, mieux concentré sur l'essentiel. Avec ce que l'on vient de dire, on se doute qu'il n'y aura pas le troisième coup de marteau, mais les deux restants procurent tout l'impact nécessaire, de même que tous les coups de cymbales donnés par le même excellent percussionniste.

Sur une grosse caisse classique (Mahler avait fait tendre une énorme peau sur un cadre bien plus grand, qu'un orchestre du niveau des Wiener se devrait d'avoir), ces coups marquent moins que le marteau, mais grâce à des cordes fermes jusqu'aux derniers instants, des bois puissants (par cinq) et des cuivres toujours acérés, la symphonie s'achève en laissant une belle impression de détermination. Voyons maintenant ce que le jeune prodige parviendra à faire en avril et mai prochain des Berliner Philharmoniker, qu'il dirigera eux-aussi pour la première fois, là encore avec un programme constitué d'une unique symphonie : cette fois l'Alpensinfonie de Richard Strauss.

Crédits photographiques : © ResMusica

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Wien. Musikverein ; Großer Saal. 14-XII-2024. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°6 en la mineur « Tragische ». Wiener Philharmoniker, direction musicale : Klaus Mäkelä

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