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Iván Fischer dirige le Concertgebouw d’Amsterdam à la Philharmonie de Paris

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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 17-XII-2024. Alphons Diepenbrock (1862-1921) : Entracte de la Suite Marsyas ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour piano n° 9 dit « Jeunehomme » en mi bémol majeur K 271 ; Antonin Dvořák (1841-1904) : Symphonie n° 8 en sol majeur op. 88. Maria João Pires, piano. Orchestre Royal du Concertgebouw d’Amsterdam, direction : Iván Fischer.

L'Orchestre Royal du Concertgebouw dirigé par , et avec en soliste , apporte par sa superbe tenue un fil directeur à ce puzzle symphonique.

Constituant une sorte de tour de chauffe pour le RCO, l'Entracte de la Suite Marysas (1910) d', est un Andante con moto qui lie l'acte I et l'acte II de la Suite . Après une section initiale très lyrique, un peu statique, qui fait la part belle aux cordes, la flûte du silène prend rapidement la parole pour initier un dialogue plus animé, très romantique, avec le reste de l'orchestre lors d'un court épisode symphonique dont Ivan Fischer lisse quelque peu les aspérités sur un tempo assez lent dans une lecture essentiellement lyrique (quelles cordes !) qui met d'emblée l'accent sur la magnificence impressionnante et la cohésion du RCO, tous pupitres confondus.

Soixante-seize ans de carrière (elle a débuté en concert à l'âge de quatre ans !) n'auront pas réussi à altérer la sincérité confondante et l'intense impact émotionnel véhiculés par les interprétations de , confortant depuis de longues années une science inaltérable du piano, dont le Concerto n°9 dit « Jeunehomme » (1777) de Mozart témoigne encore ce soir, exalté par un accompagnement orchestral juste, équilibré et complice, subtilement conduit par Ivan Fischer. Introduit par une courte entame cantabile sans galanterie excessive, l'Allegro institue rapidement un dialogue symbiotique avec l'orchestre, agrémenté de beaux contrechants et porté par une virtuosité pianistique bien contenue, sans pathos ni effets de manche. On admire la clarté de la sonorité, la netteté des articulations (malgré quelques accrochages digitaux sans importance), la richesse en nuances agogiques, les couleurs changeantes et l'expressivité prégnante du discours conclu par une cadence superbement menée ; dans un contraste singulier le poignant Andantino s'ouvre sur une phrase plaintive avant de poursuivre plus avant sa péroraison douloureuse et envoûtante, conclue, là encore, par une cadence chargée de souffrance et de désolation ; le Rondo final retrouve joie et sérénité dans une course échevelée, plein de fantaisie et de fougue juvénile en parfaite osmose avec l'orchestre.

La Symphonie n° 8 d'Anton Dvořák (1890) occupe à elle seule la seconde partie, toute entière portée par la joie (partagée par instrumentistes et chef) dans un subtil mélange de germanité et de slavitude, de lyrisme et de mélancolie, de musique savante et de folklore. Ivan Fischer nous en livre une interprétation rayonnante, énergique et équilibrée, émaillée de nombreuses performances solistiques mettant en avant tous les pupitres d'un RCO qui s'affirme, une fois de plus, comme l'un des meilleurs orchestres. Dès l'Allegro initial on est séduit par la dynamique, la clarté et l'ampleur du discours sollicitant dans un mélange de puissance et de lyrisme, des cordes somptueuses à la sonorité profonde et des vents rutilants (cor, cuivres, flute). L'Adagio suivant, un peu décanté, empreint d'un fort sentiment d'attente voit l'émergence du violon solo de Thomas Reif (Konzertmeister de l'orchestre de la Radio bavaroise) et de la flûte de Kersten McCall, avant que le phrasé ne s'anime, hésitant entre lyrisme (cordes) et drame sous les assauts des contrebasses, des cuivres et des percussions. Le célèbre Allegretto, très dansant et impeccablement mis en place est un moment de lyrisme éperdu teinté de slavitude qui n'est pas sans rappeler les Danses hongroises de Brahms avant que l'Allegro final, annoncé par un virulent appel de trompette, ne conclut cette remarquable interprétation, superbement dirigée par Ivan Fischer, dans une ambiance à la fois solennelle et joyeuse. Magnifique !

Crédits photographiques : Ivan Fischer © Renske Vrolijk ; © Caroline Doutre

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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 17-XII-2024. Alphons Diepenbrock (1862-1921) : Entracte de la Suite Marsyas ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour piano n° 9 dit « Jeunehomme » en mi bémol majeur K 271 ; Antonin Dvořák (1841-1904) : Symphonie n° 8 en sol majeur op. 88. Maria João Pires, piano. Orchestre Royal du Concertgebouw d’Amsterdam, direction : Iván Fischer.

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