Iodéa à la Philharmonie, une belle réussite jeunesse de l’ONDIF
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Paris. Philharmonie – Grande salle Pierre Boulez. 7-XII-2024. Iodéa, les aventures d’une goutte d’eau. Livret et scénographie : Marie Piemontese et Florent Trochel. Musique : Grace Williams (1906-1977), Thomas Adès (né en 1971), Daniel Temkin et Jean Sibelius (1865-1957). Récit : Lucie Brandsma. Orchestre national d’Île-de-France, direction : Subin Kim
Pour sa dernière production jeunesse, l'Orchestre national d'Île-de-France a choisi un thème fécond, celui de l'eau et de la mer, mais n'a pas fait dans la facilité au niveau musical. Et cela fonctionne !
On a déjà vu le tandem Marie Piemontese et Florent Trochel s'illustrer dans l'adaptation (du Petit Poucet de Perrault ou du Petit Ramoneur de Britten). Les deux auteurs-réalisateurs-acteurs signent ici une histoire originale, dont ils règlent aussi la scénographie, centrée sur une goutte d'eau, appelée Iodéa, et son parcours à travers le temps, l'espace et les milieux naturels… ou humains. Cette goutte, c'est la comédienne Lucie Brandsma qui l'incarne, robe à paillettes et micro serre-tête, virevoltante et drôle, comme en un one-woman-show accompagné. Le texte, qui fait penser à une Perlette goutte d'eau modernisée, mêle très habilement récit, leçon de chose, poésie et humour. Comme dans le passage où Iodéa se trouve prise dans un cycle sans fin, de station d'épuration en utilisation pour les activités humaines, ou celui lors duquel, devenue goutte d'eau de mer, elle file le parfait amour avec « Chris », un cristal de chlorure de sodium, avant de s'en séparer par évaporation dans une scène douce-amère qui ne manque pas de faire sourire petits et grands.
Pour la musique, on aurait pu s'attendre à des pages fameuses, comme La Moldau de Smetana, La Mer de Debussy ou les Four sea interludes de Britten, mais l'ONDIF a fait le choix d'un effectif resserré (22 musiciens) et d'œuvres originales pour orchestre à cordes. À côté de la magnifique Canzonetta de Sibelius, avec sa cantilène funèbre et son accompagnement qui évoque les vagues, on découvre les Sea Sketches (1944) de la Galloise Grace Williams, musique puissante et contrastée empreinte d'une modernité discrète. Ou encore l'Ocean's call de Daniel Temkin, dont le travail, sur les timbres notamment, est assez poussé mais abordable, et le formidable Shanty-Over the sea de Thomas Adès qui parvient à évoquer un balancement liquide avec un subtil jeu de rythme et de legato. Un percussionniste, Georgi Varbanov, assure également des intermèdes divers, y compris en bruitage avec une vasque d'eau.
L'imbrication du texte et de la musique est finement pensée, parfaitement équilibrée en durée comme en volume. Sous la direction attentive de Subin Kim, la coordination entre la musique et le texte est impeccable. Ce spectacle d'une heure, rehaussé de quelques jeux de lumière efficaces, a tout pour plaire à des enfants à partir de six ans, et à leurs parents.
Crédits photographiques : Kim Subin © ONDIF
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Paris. Philharmonie – Grande salle Pierre Boulez. 7-XII-2024. Iodéa, les aventures d’une goutte d’eau. Livret et scénographie : Marie Piemontese et Florent Trochel. Musique : Grace Williams (1906-1977), Thomas Adès (né en 1971), Daniel Temkin et Jean Sibelius (1865-1957). Récit : Lucie Brandsma. Orchestre national d’Île-de-France, direction : Subin Kim