Intégrale des pièces pour violoncelle et piano de Fauré par Bartissol et Wagschal

Cette nouvelle contribution vient enrichir le catalogue de Gabriel Fauré dédié au duo violoncelle-piano grâce aux interprétations inspirées de la violoncelliste Pauline Bartissol et du pianiste Laurent Wagschal.

Les deux opus majeurs que sont la Sonate pour violoncelle et piano n° 1 en ré mineur op. 109 de 1917 et la Sonate pour violoncelle et piano en sol mineur n° 2 op. 11 de 1921 ont gagné depuis longtemps une place notable dans le répertoire de la musique de chambre. Position que défendent avec efficience le duo Bartissol et Wagschal. Les deux interprètes offrent une lecture virile du premier mouvement Allegro au sein duquel domine un climat fougueux, rugueux et agité alors que la terrible Grande guerre fait rage. Néanmoins l'Andante suivant offre un contraste surprenant et émouvant par son expression romantique et sa retenue méditative. Le dernier mouvement, noté Allegro commodo, opte pour une expression médiane, sereine et ouverte vers un avenir plus radieux.

La Sonate n° 2, écrite quelques années plus tard, traduit des métamorphoses esthétiques mais intensifie cependant l'ambiance affective du maître comme en témoigne l'Andante central au célèbre thème rêveur, tandis que les Allegros qui le cernent intensifient et complexifient le dialogue des instruments, qui conversent avec fringance, dynamisme, presque juvénilité.

Le reste du programme est joué avec beaucoup de sensibilité mais ne sombre jamais dans un pathos déplacé. Ainsi la mélancolique Elégie op. 24, créée en 1883, la mélodieuse et spirituelle Sérénade op. 98, dédiée à Pablo Casals et la populaire Romance op. 69 (1880) reçoivent une exécution pacifique de toute beauté, de part en part.

La musique virevoltante et divertissante de Papillons op. 77 (1884) illustre de manière habile et assez véridique, mais non sans fantaisie, le vol léger, irrégulier et libre du papillon.

On reconnaitra aisément le thème illustre de la Sicilienne op. 78 (1893), de Pelléas et Mélisande, déploration nostalgique où le violoncelle déploie les différentes facettes de ses timbres et de ses rythmes.

Pauline Bartissol et Laurent Wagschal réalisent là une prestation très aboutie qui, en dépit d'une prise de son quelque peu décevante, devrait trouver une place de choix au sein d'une abondante et excellente discographie. Rappelons seulement : Paul Tortelier-Eric Heidsieck (Erato) ; François Salque- Eric Le Sage (Alpha Classics) ; Andreas Brantelid- Bengt Forsberg (BIS) ; Xavier Phillips-Cédric Tiberghien (La Dolce Volta)….