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Le Concerto Caccini et la naissance de la basse continue

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Il Concerto Caccini. Giulio Caccini (1551-1618), Francesca Caccini (1587-1640), Settimia Caccini (1591-1638), Peter Philips (ca1560-1628), Emilio de Cavalieri (1550-1602), Johann Nauwach (1595-1630). Wei-Lian Huang et Gwendoline Blondeel soprano. Isabelle Druet, mezzo-sopranos. Andrea Gavagnin, contreténor, Pierre Derhet et Emanuele Petracco, ténors. Nicolas Achten, baryton. Ensemble Scherzi Musicali. Direction artistique Nicolas Achten. 2 CD. Enregistré à Bruxelles en août et septembre 2023. Livret anglais/français. Durée 2:06:43.

 

Quinze ans après son premier enregistrement consacré à L'Euridice de Caccini (Clef ResMusica), l'ensemble de Nicolas Achten revient à ses premières amours avec un double album où se retrouve entouré de sa famille et de ses amis.

Caccini est une figure incontournable dans le passage de la Renaissance au Baroque en Italie. Le madrigal de la Renaissance était polyphonique ; avec Caccini et ses contemporains, il devient monodie accompagnée. Au service des Medicis à Florence, il participe aux Intermèdes de la Pellegrina à l'occasion du mariage du grand-duc Ferdinand avec Christine de Lorraine en 1589. En famille, avec son épouse et ses enfants, il forme le Concerto Caccini, qui devient célèbre dans toute l'Europe. Henri IV, pour qui il a écrit le Rapimento di Cefalo à l'occasion de son mariage avec Marie de Medicis, l'invite à Paris en 1604 avec toute sa famille. Son recueil de madrigaux Nuove Musiche (1602) comporte une importante préface qui constitue le premier traité de chant, sorte de manifeste de la seconda pratica, qui marque le début de la basse continue. C'est ce qu'illustre cet enregistrement, qui s'attache à varier les instruments d'accompagnement pour rendre compte de la diversité des couleurs du continuo. On apprécie que le livret d'accompagnement détaille l'instrumentarium, photos à l'appui. Pas moins d'une trentaine d'instruments différents, dont certains spécialement construits pour cet enregistrement, accompagnent la voix des chanteurs aguerris au style du premier baroque. La basse continue soutient ainsi parfaitement la rhétorique du chant.

Comme le faisait , le baryton Nicolas Achten s'accompagne lui-même au luth ou au théorbe. Polyinstrumentiste, le chanteur joue avec un même bonheur le chitarrone, le théorbe, les guitares, les harpes, le clavecin et l'orgue. Sept chanteurs solistes déroulent les principes de la monodie accompagnée, avec une démonstration très convaincante de l'art de la diminution. Les voix sont souples, l'ornementation agile. Citons particulièrement les deux sopranos Gwendoline Blondeel et Wei-Lian Huang, le contre-ténor Andrea Cavagnin et le ténor Pierre Derhet. Le « tube » de Caccini, Amarilli, mia bella, repris à travers toute l'Europe à l'époque, est présenté dans différentes versions chantées et une version pour clavier de Peter Philips qui est ici jouée par trois luths.

Le premier CD présente des extraits du Rapimento di Cefalo donné pour le mariage d'Henri IV : un court épisode chanté par le chœur sert de refrain entre les versets solistes et nous donne envie de découvrir cette œuvre rare dans son intégralité. Le second CD fait une grande place aux deux filles de Caccini, Settimia et Francesca, trop oubliées. L'aînée, Francesca, est une compositrice accomplie, dont l'ensemble I Gemelli vient de ressusciter l'opéra La liberazione di Ruggiero. Moins connue, Settimia nous donne l'occasion d'une vraie découverte, avec des airs d'une très belle expressivité, comme Gia sperai, non spero chanté avec une grande sensibilité par la mezzo-soprano Isabelle Druet.

Mais était-il utile de conclure cet enregistrement par un canular : le pseudo Ave Maria de Caccini, écrit dans les années 1970 par un obscur compositeur russe ? Après une si belle démonstration de la parfaite connaissance des pratiques vocales de l'époque baroque, ce pastiche n'apporte rien à la gloire du grand Caccini.

 

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Il Concerto Caccini. Giulio Caccini (1551-1618), Francesca Caccini (1587-1640), Settimia Caccini (1591-1638), Peter Philips (ca1560-1628), Emilio de Cavalieri (1550-1602), Johann Nauwach (1595-1630). Wei-Lian Huang et Gwendoline Blondeel soprano. Isabelle Druet, mezzo-sopranos. Andrea Gavagnin, contreténor, Pierre Derhet et Emanuele Petracco, ténors. Nicolas Achten, baryton. Ensemble Scherzi Musicali. Direction artistique Nicolas Achten. 2 CD. Enregistré à Bruxelles en août et septembre 2023. Livret anglais/français. Durée 2:06:43.

 
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