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Pierre Boulez : le parcours d’une vie

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Livre ; Gaëtan Puaud : Pierre Boulez ; bleu nuit éditeur ; 175 p. ; novembre 2024 ; 25 €.

 
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Cerner la personnalité de , compositeur, chef d'orchestre, théoricien et directeur d'institutions en 170 pages, c'est le défi que relève Gaëtan Puaud dans une nouvelle monographie chez Bleu Nuit éditeur qui anticipe le centenaire de cette figure iconique du monde musical.

« La foi soulève les montagnes », nous dit Gaëtan Puaud, fondateur du Festival Messiaen au Pays de la Meije dont l'ambition, dès la création de la manifestation, fut d'y faire venir pour participer à la célébration de son maître au cœur de la montagne. Ainsi se resserrent les liens entre l'auteur et le musicien qui sera l'invité d'honneur du festival en 2010, treizième édition mémorable (Messiaen/Boulez, une filiation fertile) dont Gaëtan Puaud commente l'aventure dans le 13ᵉ et dernier chapitre de sa monographie.

Si l'auteur procède chronologiquement, depuis la naissance de Boulez en 1925 à Montbrison (Loire), c'est sans s'attarder sur les détails biographiques, insistant davantage sur les rencontres fondatrices (Messiaen, Cage, Barrault, Char, Strobel…), la naissance du Domaine musical et l'installation en Allemagne en 1959. Le récit se nourrit des publications de et sur Boulez (Célestin Deliège, François Meimoun, Cécile Gilly, Bruno Serrou, …) s'arrêtant ponctuellement sur les œuvres qui jalonnent le parcours auxquel, pour certaines d'entre elles, Gaëtan Puaud consacre une lecture analytique accessible au plus grand nombre.

Au Boulez-chef d'orchestre, dont il relève le profil atypique (« Il se penchait sur l'orchestre comme un sourcier », raconte Béjart), il accorde plusieurs chapitres fourmillant de détails, listant les œuvres phares qui ont assis sa réputation : Le sacre du printemps dès juin 1963, Wozzeck, pour l'entrée au répertoire de l'Opéra de Paris, la création de Lulu de Berg dans cette même institution en 1979 et le « Ring du centenaire » à Bayreuth, de l'accueil houleux de 1976 au triomphe mythique de 1980. Y est associée l'activité discographique (enregistrer « tout Mahler » notamment) menée par Boulez avec les majors de l'industrie musicale. Si le chef trouve avec Patrice Chéreau et Peter Stein des collaborateurs fidèles en matière de mise en scène d'opéras, le compositeur échoue avec ses deux librettistes, Jean Genet et Heiner Müller qui disparaissent avant d'avoir concrétiser des projets laissés à l'état d'ébauches.

Le créateur d'institutions (l' en 1976, l' en 1977) y est évidemment célébré, Boulez organisant dès 1978 un séminaire sur le thème du « Temps musical », avec le gotha des philosophes: Barthes, Deleuze et Foucault. C'est ce dernier qui introduit Boulez au Collège de France où il donnera ses célèbres « leçons » durant vingt ans. Le onzième chapitre (« La stimulation du regard ») s'intéresse aux rapports féconds du musicien avec les peintres, Klee, Kandinsky, Vieira da Silva, De Staël et Tinguely à qui il commande la fabuleuse fontaine, remise en eau depuis peu, de la place Stravinsky.

Si la personnalité politique engagée dans la cité et l'artiste-musicien écouté et fêté depuis son retour en France (Boulez est exposé au Louvre en 2008) sont mis en lumière, on sait gré à l'auteur de rappeler son action en direction de la jeune génération, interprètes et compositeurs, en répondant positivement à l'invitation de , nouveau directeur du festival de Lucerne, lorsqu'il lui propose de prendre en main la Lucerne Festival Academy consacrée à la musique d'aujourd'hui, une mission dont il s'acquittera chaque année avec le même élan et la même hauteur de vue, de 2004 à 2011 : « L'expérience qu'ils acquièrent là, il la dissémineront à leur tour par la suite », confiait-il à Bruno Serrou (Entretiens avec Pierre Boulez, Aedam Musicae).

Parcours d'une vie bien documenté, de l'article du monde aux archives Boulez de la fondation Sacher, l'ouvrage – qui pâtit hélas d'une relecture trop rapide laissant nombre d'imperfections typographiques – est jalonné de belles illustrations et photos du compositeur renouvelant d'autant les contextes, tel ce cliché du musicien détendu au volant de sa décapotable, à Donaueschingen, sous le regard envieux d'Heinrich Strobel !

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