Plus de détails
En fanfare. Un film d’Emmanuel Courcol. Scénario : Emmanuel Courcol et Irène Muscari. Musiques de Ludwig van Beethoven, Félix Mendelssohn-Bartholdy, Wolfgang Amadeus Mozart, Giuseppe Verdi, Maurice Ravel, Michel Petrossian. Avec : Benjamin Laverhne, Pïerre Lottin, Sarah Succo, Clémence Massart, Ludmilla Mickaël, Jacques Bonnafé, Anne Loiret, Mathilde Courcol-Rozès… Distribution : Diaphana. Sortie le 27 novembre 2024. Format: 2,35. Durée : 103:00
Musique savante, musique populaire : nouveau round cinématographique. Le troisième film d'Emmanuel Courcol apporte sa pierre à l'édifice.
Film d'auteur, film populaire… Aussi bien écrit que narré, Ténor de Claude Zidi Junior avait évité toutes les chausse-trappe du « feel good movie », un genre dont Emmanuel Courcol, on s'en réjouit, affirme se méfier tout particulièrement. Remarquablement écrit et monté, magnifiquement interprété (les immenses Benjamin Laverhne et Pierre Lottin), En fanfare, au contraire de Ténor, trébuche néanmoins en fin de parcours sur l'improbable de sa conclusion.
Chef d'orchestre mondialement reconnu atteint d'une leucémie, Thibaut Désormeaux (Laverhne, carrément plus crédible quand il dirige Egmont ou Les Hébrides, que moult confrères en activité) se trouve contraint à l'immersion dans le quotidien de Jimmy Lecoq (Lottin, d'emblée magnétique), tromboniste d'une fanfare du Nord de la France, et surtout frère retrouvé dont la moelle osseuse pourra sauver le maestro condamné. Les deux hommes, séparés dans leur prime enfance, ont atterri, un peu comme dans La Vie est un long fleuve tranquille d'Etienne Chatilliez, dans deux milieux sociaux différents. Il s'avère cependant assez vite que l'un comme l'autre sont liés par un don commun pour l'art sans, comme l'écrivit Nietzsche, « la vie serait une erreur »: la musique. L'un et l'autre s'accomplissent donc dans leurs domaines respectifs : la musique symphonique pour le premier, la musique d'harmonie pour le second. Deux mondes pratiquant respectivement le complexe de supériorité et celui d'infériorité (le professionnalisme et sa recherche de la perfection d'un côté, l'amateurisme et ses approximations de l'autre) mais réunis par la même passion.
Epaulé par ses fabuleux comédiens (Laverhne on savait déjà, mais Lottin, de film en film de plus en plus indispensable), En fanfare détaille très finement les retards à l'allumage de cette relation d'abord houleuse mais (on s'en doutait) très vite complice. On rit souvent. On s'attache. Même aux seconds rôles : des professionnels Sarah Suco (réalisatrice du très remarquable Les Eblouis), Clémence Massart, Jacques Bonnaffé, Ludmila Mikaël, Mathilde Courcol-Rozès, aux amateurs de l'Union Musicale des Mineurs de Walincourt (la fanfare élue pour jouer dans le film), sur lesquels s'incline à loisir la caméra de Courcol, au fil d'un scénario également attentif à ne pas faire l'impasse, comme dans moult films anglais similaires, sur la casse sociale des délocalisations agitant la région.
Les valses-hésitations des deux héros n'engendrant pas la mélancolie, on croit qu'En fanfare n'a plus dès lors qu'à suivre le cahier des charges de son rêve oecuménique, avant d'être cueilli par un revirement de situation quant à lui totalement inattendu. C'est dans la foulée de ce coup de théâtre que le film, qui avait franchi avec succès tous les sauts d'obstacles de la guimauve, bascule dans ce qu'il voulait à tout prix éviter, au cours d'une scène de concert à La Seine Musicale dont l'invraisemblance brise dans l'oeuf un climax émotionnel que même le talent jusqu'au bout éblouissant des deux comédiens reste impuissant à préserver du pathos jusque là miraculeusement effleuré. On aurait tant aimé qu'En fanfare, avec sa prestigieuse cohorte d'invités (Beethoven, Mendelssohn, Aznavour, Mozart, Miles Davis, Dalida, Verdi, Ravel, mais aussi Michel Petrossian, qui a composé la création mondiale de Désormeaux qui clôt le film), se finît en fanfare.
Plus de détails
En fanfare. Un film d’Emmanuel Courcol. Scénario : Emmanuel Courcol et Irène Muscari. Musiques de Ludwig van Beethoven, Félix Mendelssohn-Bartholdy, Wolfgang Amadeus Mozart, Giuseppe Verdi, Maurice Ravel, Michel Petrossian. Avec : Benjamin Laverhne, Pïerre Lottin, Sarah Succo, Clémence Massart, Ludmilla Mickaël, Jacques Bonnafé, Anne Loiret, Mathilde Courcol-Rozès… Distribution : Diaphana. Sortie le 27 novembre 2024. Format: 2,35. Durée : 103:00