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Le Chœur de la radio suédoise célèbre Schnittke

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Stockholm. Högalidskyrkan. 16-XI-2024. Johannes Brahms (1833-1897) : Warum ist das Licht gegeben dem Mühseligen? ; Alfred Schnittke (1934-1998) : Douze psaumes de la repentance. Chœur de la radio suédoise, direction : Kaspars Putniņš

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A Stockholm, le Chœur de la radio suédoise sous la baguette de son chef exprime le message musical et spirituel de Schnittke.

Le compositeur russe aurait fêté son 90e anniversaire cette année. Bien que Schnittke ait joui d'une renommée et d'une reconnaissance considérables de son vivant (il a d'ailleurs été au centre du festival des compositeurs de l'Orchestre philharmonique royal de Stockholm en 1989), sa musique est tombée dans une relative obscurité depuis sa mort, et son anniversaire n'attire certainement pas le même niveau d'attention que celui d'Anton Bruckner, par exemple, dont on célèbre les 200 ans de la naissance cette année.

Néanmoins, l'année de l'anniversaire de Schnittke n'est pas passée complètement inaperçue, puisque plusieurs œuvres clés ont été jouées cette année. Parmi elles figurent certainement les Douze Psaumes de la Repentance, sans doute la plus grande œuvre chorale a cappella de Schnittke et peut-être la déclaration la plus personnelle, la plus spirituelle et la plus belle de toute l'œuvre du compositeur.

Le programme débute avec Warum ist das Licht gegeben dem Mühseligen ? de Brahms. Bien que cette pièce se situe généralement dans un univers esthétique différent de celui de Schnittke, les deux pièces comportent un texte plutôt désespéré (dans le cas de Brahms, tiré du livre de Job). Qu'à cela ne tienne, ce soir l'interprétation du dirigé par son chef principal depuis 2020, , présente un chant pianissimo d'une grande délicatesse et un phrasé soigné, qui donnent à chaque retour du geste « Warum » un sentiment de satisfaction et d'inéluctabilité.

Les Psaumes de Schnittke ont été écrits à l'occasion du millième anniversaire de la christianisation de la Russie, de l'Ukraine et de la Biélorussie. Contrairement à Brahms, la musique de cette œuvre n'a pas été réglée sur des textes bibliques, mais sur des textes russes anonymes de la seconde moitié du XVIe siècle. Tout au long du cycle et dans les mouvements individuels, Schnittke oscille, parfois de manière choquante, entre dissonances grinçantes et tonalités rayonnantes, reflétant à la fois le désespoir et l'espoir que l'on trouve dans les textes. On ne peut qu'imaginer à quel point il doit être difficile d'interpréter cette musique de manière convaincante. Les lignes mélodiques chromatiques et sinueuses, les harmonies en grappes denses et l'endurance physique et mentale requise exigent une confiance et une virtuosité collective et individuelle. Le Chœur de la Radio suédoise a sans doute réalisé l'enregistrement de référence de cette pièce (bien qu'il remonte à une génération), il n'est ainsi pas surprenant que son interprétation transcende les exigences techniques et physiques de la pièce, permettant au message musical et spirituel de Schnittke d'atteindre sa pleine expression. Cette interprétation est marquée par de nombreux points forts, dont quelques-uns méritent d'être mentionnés. Il s'agit notamment de la manière dont façonne le premier mouvement, qui semble ainsi être une ligne ininterrompue depuis le bourdonnement initial jusqu'à l'apogée déclamatoire. On apprécie également les solos fervents et d'une beauté déchirante du ténor Magnus Wennerberg, et l'intonation collective sans faille tout au long de l'œuvre. Notons que le chef de chœur depuis 2019 est le Français Marc Korovitch. Notre seule réserve dans cette interprétation par ailleurs mémorable est qu'on aurait préféré une respiration moins ostensible entre les changements magiques d'harmonie dans les derniers instants de l'œuvre.

Au final, ce bel et émouvant hommage à Schnittke est à saluer.

Crédit photographique : Kaspars Putniņš © Mattias Ahlm/Sveriges Radio

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