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Lumineuse révélation de Marcelle de Manziarly

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Marcelle de Manziarly (1899-1989) : Chamber Works. Piano Trio (1921). Nocturne pour violon et piano (1977). Dialogue pour violoncelle et piano (1970). Sonate pour violon et piano (1918). Trilogue pour violon, violoncelle et piano (1977). Cecilia Zilliacus (violon), Kati Raitinen (violoncelle), Bengt Forsberg et Peter Friis Johansson (piano). 1 CD Bis. Enregistré en mai 2022 au Vasteras Konserthus, Suède. Notice de présentation en anglais, allemand et français. Durée: 69:46

 
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Une valeureuse équipe d'instrumentistes suédois nous permet de découvrir la fascinante musique de chambre de la compositrice (1899-1989), brillante élève de Nadia Boulanger. Une révélation.

Comment une telle musique a-t-elle pu dormir aussi longtemps dans la poussière des bibliothèques musicales  ? Compositrice, cheffe d'orchestre, pianiste et pédagogue, (1899-1989) a connu une certaine notoriété entre la Première et la Seconde Guerre mondiale, avant de partir au États-Unis et revenir en France une fois la paix revenue. va ensuite se partager entre les deux pays, et c'est aux États-Unis qu'elle  mourra en 1989.

Cette brillante élève de Nadia Boulanger fait pourtant partie de cette cohorte de compositrices actives en France au début du XXe siècle et que l'on commence seulement à redécouvrir, notamment grâce au travail remarquable de labels comme La Boîte à pépites : Jeanne Leleu, Rita Strohl, ou bien sûr Lili Boulanger, etc.

Ce n'est pourtant pas un label français, mais suédois, Bis, qui propose, à notre connaissance, la première réalisation discographique consacrée à la musique de chambre de Marcelle de Manziarly. Et c'est un choc.

Car cette compositrice, dont les œuvres s'étalent sur plus de six décennies, propose un monde sonore divers et passionnant. Un univers sépare en effet la Sonate pour violon et piano de 1918 du Trilogue de 1977. Mais l'intensité de la musique de Marcelle de Manziarly y est intacte.

Les instrumentistes, la violoniste , la violoncelliste , les pianistes et s'y sont investis avec une totale passion. Et il y a de quoi.

Le disque s'ouvre ainsi sur un chef-d'œuvre, le Piano Trio de 1921. Marcelle de Manziarly est encore au début de sa carrière, mais sa personnalité est déjà bien affirmée. Le «  Grave, rude, sans lenteur  » qui ouvre l'œuvre avec force est ainsi une page toujours changeante, dans les rythmes comme dans les timbres. Les «  sonneries  » et «  batteries  » de cloches du piano peuvent rappeler Ravel. C'est bien tout un monde de mystères qui s'ouvrent à nous et va se poursuivre tout au long de l'oeuvre. Que ce soit dans la danse enjouée mais inquiète du Scherzo ou les discrètes dissonances du troisième mouvement «  Sans trop de lenteur  », avant l'implacable «  Rude  » final.

Un univers sonore tout autre apparaît avec le Dialogue pour violoncelle et piano de 1970, dépouillé et plus dissonant. Les instrumentistes se répondent tout d'abord à travers de courtes séquences minimalistes, presque l'univers statique d'un Morton Feldman, avant de s'animer peu à peu en une course poursuite haletante.
Retour à la modalité et aux chatoiement «  début de siècle  » avec la Sonate pour violon et piano de 1918. Une fois de plus Marcelle de Manziarly nous offre une musique lumineuse, parfois élégiaque, à la fois sereine et angoissée, sans aucune afféterie.

Le disque s'achève sur le mystérieux Trilogue pour violon, violoncelle et piano de 1977. Sous l'influence de son séjour aux États-Unis, Marcelle de Manziarly renoue avec la veine minimaliste et dissonante du Dialogue pour violoncelle et piano. Mais jamais la musique ne tombe dans l'artifice ou la sécheresse. Tout ici est vie, frémissement et subtilité.

Les instrumentistes suédois défendent ces pages fascinantes avec passion, équilibre et justesse. Quel orchestre osera maintenant ressusciter les œuvres symphoniques de Marcelle de Manziarly ?

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Marcelle de Manziarly (1899-1989) : Chamber Works. Piano Trio (1921). Nocturne pour violon et piano (1977). Dialogue pour violoncelle et piano (1970). Sonate pour violon et piano (1918). Trilogue pour violon, violoncelle et piano (1977). Cecilia Zilliacus (violon), Kati Raitinen (violoncelle), Bengt Forsberg et Peter Friis Johansson (piano). 1 CD Bis. Enregistré en mai 2022 au Vasteras Konserthus, Suède. Notice de présentation en anglais, allemand et français. Durée: 69:46

 
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