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Rennes. Opéra de Rennes. 16-XI-2024. Johannes Brahms (1833-1897) : Ein Deutsches Requiem op. 45, version pour solistes, chœur et deux pianos. Elsa Benoit, soprano ; Damien Pass, baryton. Colette Diard, Amandine Duchênes, pianos. Chœur de Chambre Mélisme(s), direction musicale : Gildas Pungier
Donné dans sa version pour deux pianos, le Requiem Allemand de Brahms prend grâce à l'Opéra de Rennes par la pureté du chant du Chœur de Chambre Mélisme(s).
Bien connu dans sa version pour orchestre et grand chœur, Ein Deutsches Requiem existe également dans une version pour deux pianos, transcrite de la main de Johannes Brahms deux ans après la création de la partition symphonique, afin d'en donner une exécution avec un effectif plus restreint à Londres.
Parfaitement adaptée à un chœur de chambre comme celui de Mélisme(s), cette version met en valeur les trente-deux choristes, espacés sur toute la scène de l'Opéra de Rennes, juste derrière les deux Steinway & Sons. Le Requiem débute sous la direction attentive et extrêmement concernée de Gildas Pungier, dans un tempo très lent pour la première partie, qui revient à des rythmes plus conventionnels ensuite, avec une interprétation globale d'une durée d'une heure et cinq minutes.
Parfaitement dans l'ADN des chanteurs de Mélisme(s), la polyphonie de l'œuvre profite particulièrement du petit effectif, grâce auquel chaque ligne de chant est précisément identifiée, bien que les femmes, toutes devant les hommes, ressortent un peu plus. L'introduction du premier chœur permet d'abord d'identifier les deux pianistes Colette Diard et Amandine Duchênes, toujours très bien coordonnées, sans avoir besoin de se regarder souvent l'une et l'autre. Puis les chanteurs appliquent toute sa grâce au texte extrait du Sermon sur la montagne, d'un fin halo lumineux, de plus en plus clair à mesure que l'on s'approche de la Joie (Freude) et du Psaume 126.
Sans aucun doute le plus beau moment de l'interprétation, « Denn alles Fleisch, es ist wie Gras » touche comme rarement dans les occurrences répétées de cette phrase. Le premier solo du baryton débute dans la puissance des graves de Damien Pass pour « Herr, lehre doch mich », légèrement altérés par la suite à cause de sa diction trop soucieuse et d'un accent français perceptible.
Elsa Benoit, plus à l'aise avec le texte pour être souvent en terres germaniques (où elle reprendra d'ailleurs la semaine suivante à la Philharmonie de Berlin le Deutsches Requiem dans sa version avec orchestre) tient la partie de soprano le second soir, après Catherine Trottmann le premier. Comme récemment dans le lied de la Symphonie n° 4 de Mahler, la chanteuse française démontre la qualité de sa prosodie, et surprend par les reflets graves dont elle teinte aussi cette partition, là où l'on a plus souvent l'habitude de voix aux timbres plus étincelants.
Après le retour de Damien Pass et l'évocation de la vie éternelle, le Chœur Mélisme(s) s'illumine une dernière fois au-dessus des deux pianos pour louer le bonheur des morts qui meurent avec Dieu, puis sans accompagnement après les saluts, pour un bis annoncé par Gildas Pungier : l'Abendlied d'un contemporain de Brahms, Josef Rheinberger.
Crédits photographiques : © Laurent Guizard
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Rennes. Opéra de Rennes. 16-XI-2024. Johannes Brahms (1833-1897) : Ein Deutsches Requiem op. 45, version pour solistes, chœur et deux pianos. Elsa Benoit, soprano ; Damien Pass, baryton. Colette Diard, Amandine Duchênes, pianos. Chœur de Chambre Mélisme(s), direction musicale : Gildas Pungier