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À Luxembourg, ardeurs et passions avec Asmik Grigorian et Lukas Geniušas

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Luxembourg. Salle de Musique de Chambre de la Philharmonie. 18-XI-2024. Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : « Sred’ shumnogo bala, sluchajno » extrait de Six Romances op. 38 ; « Snova kak prezhde odin » extrait de Six Mélodies op. 73 ; « Net, tol’ko tot, kto znal? » et « Sleza drozhi t» extraits de Six Romances op. 6 ; « Humoresque » extrait de Deux Pièces op. 10 ; « Scherzo humoristique » extrait de Six pièces pour piano op. 19 ; « Blagoslavlyayu vas lesa » extrait de Sept Mélodies op. 47 ; « Ne sprashivai » extrait de Six Mélodies op. 57. Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : « V molchan’ji nochi tajnoj » et « Ne poj, krasavica, pri mne » extraits de Six Chansons op. 4 ; « Ditia kak tsvetok ty prekrasna » et « Son » extraits de Six Mélodies op. 8 ; « Jeshchjo v poljakh belejet sneg », « O, nié grousti » et « Ia jdou tebia » extraits de Douze Chansons op. 14 ; deux extraits des Préludes op. 32 (n° 12 en sol dièse mineur et n° 13 en ré bémol majeur ; « Sumerki » et « Zdes’ khorosho » extraits des Douze Romances op. 21 ; « My otdokhniom » extraits des Quinze Romances op. 26 ; « Dissonans » extrait des Quatorze Romances op. 34. Asmik Griovorian, soprano ; Lukas Geniušas, piano

Dans un programme entièrement consacré aux romances de Tchaïkovski et Rachmaninov, et revisitent les codes et les règles du récital chant-piano. Déferlements enfiévrés pour un genre que l'on croyait réservé à l'intimité du salon.


Celles et ceux qui pensaient que les romances de Tchaïkovski et de Rachmaninov étaient des pièces de salon retourneront de ce concert avec les idées bien remises en place. Qu'on se le dise, il n'en est rien. Avec des artistes de la trempe de et , chaque mélodie est interprétée avec la flamme, la ferveur et la passion qui conviendraient à un opéra miniature. On sait que depuis plusieurs années , une des cantatrices les plus fascinantes de sa génération, met ses immenses moyens au service des opéras les plus brûlants du répertoire. Les compositeurs du vingtième siècle et de la fin du dix-neuvième comme Strauss, Janáček, Tchaïkovski, Puccini n'ont plus de secrets pour elle, et elle les interprète partout dans le monde avec le feu et l'ardeur qui sont les siennes. Le concert donné à la Philharmonie de Luxembourg montre également qu'elle n'a aucun mal à plier son large soprano au répertoire plus intimiste du récital. Certes, le vibrato n'est pas toujours maîtrisé, contrairement à ce qu'elle a livré récemment au disque, et certaines attaques prises pianissimo dans les hautes notes de la voix peuvent être parfois quelque peu hasardeuses. Tout cela n'est que broutille au regard de l'énergie et de l'intensité communiquées à chacune des pièces abordées lors du concert. Des mélodies de Tchaïkovski, données en première partie de programme, Grigorian parvient grâce à ses capacités de coloration à rendre la langueur pudique de la célèbre valse « Au milieu d'un bal bruyant » ou la « nostalgie » afférente au plus célèbre encore lied de Mignon, dans sa version traduite en russe. Elle n'a aucun mal non plus à exprimer la noblesse de la mélodie « Une larme tremble », ou encore l'exaltation du « Je vous bénis forêts », sans doute un des moments les plus réussis de la première partie. Rachmaninov, évidemment, convient encore davantage à de tels moyens vocaux, même s'il faut bien reconnaître que l'instrument n'a pas les harmoniques capiteuses des grandes chanteuses qui se sont attaquées à ses mélodies, très exigeantes vocalement : Leontyne Price autrefois, Renée Fleming et Anna Netrebko plus récemment. Les tubes que sont « Ne me chante pas, ma belle, ces mélodies », « Les eaux printanières », « Un rêve » et « Je t'attends » déclenchent les applaudissements enthousiastes d'un public pourtant attentif, de façon générale, à respecter le code des cycles et des sous-parties qui constituent le programme. Mêmes applaudissements torrentiels pour les solos de , pianiste surdoué qui n'est pas le genre d'accompagnateur à se soucier de ne pas jouer trop fort. Son jeu ardent et enflammé, d'une extrême virtuosité autant dans les romances que dans les pièces jouées seules, est en parfaite adéquation avec l'interprétation enfiévrée de son incandescente partenaire. Le public fort nombreux, fait rarissime pour les récitals de chant à Luxembourg, ne s'y est pas trompé. Ovation debout dès les dernières mesures du programme. Un bis unique octroyé au terme d'un programme riche et dense de près d'une heure trente de musique, d'une remarquable et rare intensité.

Crédit photographique : © Eric Engel

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Luxembourg. Salle de Musique de Chambre de la Philharmonie. 18-XI-2024. Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : « Sred’ shumnogo bala, sluchajno » extrait de Six Romances op. 38 ; « Snova kak prezhde odin » extrait de Six Mélodies op. 73 ; « Net, tol’ko tot, kto znal? » et « Sleza drozhi t» extraits de Six Romances op. 6 ; « Humoresque » extrait de Deux Pièces op. 10 ; « Scherzo humoristique » extrait de Six pièces pour piano op. 19 ; « Blagoslavlyayu vas lesa » extrait de Sept Mélodies op. 47 ; « Ne sprashivai » extrait de Six Mélodies op. 57. Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : « V molchan’ji nochi tajnoj » et « Ne poj, krasavica, pri mne » extraits de Six Chansons op. 4 ; « Ditia kak tsvetok ty prekrasna » et « Son » extraits de Six Mélodies op. 8 ; « Jeshchjo v poljakh belejet sneg », « O, nié grousti » et « Ia jdou tebia » extraits de Douze Chansons op. 14 ; deux extraits des Préludes op. 32 (n° 12 en sol dièse mineur et n° 13 en ré bémol majeur ; « Sumerki » et « Zdes’ khorosho » extraits des Douze Romances op. 21 ; « My otdokhniom » extraits des Quinze Romances op. 26 ; « Dissonans » extrait des Quatorze Romances op. 34. Asmik Griovorian, soprano ; Lukas Geniušas, piano

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