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Portrait Rebecca Saunders par l’EIC et Pierre Bleuse

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Paris. Cité de la Musique. 08-XI-2024. Rebecca Saunders (née en 1967) : Scar, pour quinze solistes et chef d’orchestre. Skin, pour soprano et treize instruments. Skull, pour quatorze instruments et chef d’orchestre (CF). Juliet Fraser, soprano. Ensemble Intercontemporain, direction : Pierre Bleuse

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L' et invitaient la compositrice londonienne à Paris pour son cycle en trois pièces, dont la dernière donnée en création française.


Le sens d'écriture aurait voulu que Skin ouvre le concert, mais même si celle-ci s'intègre aujourd'hui dans un cycle devenu un véritable triptyque, cette œuvre, par le fait qu'elle nécessite la présence d'une soprano soliste, prend plus facilement la seconde position du portrait proposé à la Cité de la Musique de Paris.

C'est donc Scar, la plus courte des pièces du programme, qui ouvre un concert de forme presque classique (ouverture-lied-entracte-symphonie), dans lequel Skull achève la soirée en apparaissant pour la première fois en France. Certainement la plus facilement identifiable à l'écriture de la compositrice, Scar s'entrevoit comme une cicatrice qui marque la musique en l'agressant toujours en surface. D'une quinzaine de minutes, l'œuvre se développe par accrocs et glissandi, entre stridence et courtes griffures, où des cris apparaissent aussi régulièrement. Pour petit ensemble, la partition utilise dès l'introduction deux pianos, qui laissent se développer un matériau prêt à mourir à petit feu sur la fin, prolongé par les longs thrènes de la guitare électrique et de l'accordéon. Dès cette première partition se ressent déjà l'entente entre les musiciens de l'Intercontemporain et leur directeur musical , avec un son plus concentré et plus tendu que celui de la saison passée, dans la continuité des premiers concerts de cette rentrée.

Aussi soignée, l'interprétation de Skin surpasse celle de nos souvenirs à ManiFeste en 2018, pourtant déjà avec la soprano , la créatrice et dédicataire de l'œuvre. Entre ces deux pièces, vient s'asseoir sur scène pour y lire en anglais – et sans sur-titres – Text for Nothing XIII de Samuel Beckett. La compositrice repartie, Fraser introduit la partition, dans laquelle sa voix s'entremêle et se confond rapidement avec les notes des instruments, tout particulièrement de la flûte basse. La stridence du chant et la perfection des trémolos impressionnent, mais le texte – pour grande partie de Saunders ou tiré d'un court passage du Ulysse de Joyce – n'est que rarement écrit pour être compréhensible, quand il ne se transforme pas purement en onomatopées. Là encore, l'accompagnement de l'EIC sous démontre une grande concentration, qui procure du poids à chaque intervention des instruments, peu ou prou dans le même effectif que pour Scar, bien qu'avec un seul piano.


Au début de la seconde partie, Rebecca Saunders revient à Beckett avec son poème Alba. Puis l' initie Skull, dans un effectif quasi similaire à celui de Skin, mais avec un basson à la place du hautbois, ainsi que l'ajout d'un saxophone ténor. Les instruments y apparaissent toujours pour de brèves phrases, souvent faites de glissandi, qui construisent une matière très étendue pendant plus d'une demi-heure, sans que l'on puisse cette fois vraiment reconnaître la patte de l'artiste. Pierre Bleuse tente certes d'y maintenir la tension, mais au bout de quelques minutes, le matériau s'affadit, et les nombreux fragments restent en suspens, jusqu'à un attendu fracas pré-conclusif, auquel les percussions apportent un sursaut d'ampleur. De cette approche autour de la peau, reste surtout en mémoire la première cicatrice, Scar.

Crédits photographiques : © Anne-Elise Grosbois (concert) ; Mathias Benguigui (Portrait Saunders)

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Paris. Cité de la Musique. 08-XI-2024. Rebecca Saunders (née en 1967) : Scar, pour quinze solistes et chef d’orchestre. Skin, pour soprano et treize instruments. Skull, pour quatorze instruments et chef d’orchestre (CF). Juliet Fraser, soprano. Ensemble Intercontemporain, direction : Pierre Bleuse

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