La Maîtrise de Radio France dans un sublime Actéon d’Emmanuelle Da Costa à Bastille
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Paris. Amphitéâtre de l’Opéra Bastille. 9-XI-2024. Emmanuelle Da Costa (née en 1988) : Actéon, opéra sur un livret de Samuel Muller. Mise en scène : Victoria Sitjà. Scénographie et costumes : Lucie Mazières. Lumières : Louis Sady. Avec : Maxime Echardour, percussions ; Ruta Lenciauskaite, piano ; Maîtrise de Radio France (direction : Sofi Jeannin). Direction : Morgan Jourdain
Il arrive parfois que le critique présent à un spectacle soit tellement happé par la représentation qu'il en oublie sa liste de points à noter. Cela arrive rarement, encore plus rarement à un spectacle pour enfant. Ce fut pourtant presque le cas pour cet Actéon « Jeune public ».
Actéon raconte le mythe antique du chasseur Actéon qui a surpris la déesse Diane en train de se baigner. Cette dernière pour se venger le transforme en cerf avant qu'il ne soit chassé et dévoré par ses propre chiens. Ce mythe particulièrement cruel est raconté tel quel mais transposé à l'époque actuelle par Samuel Muller. Ce changement d'époque, qui a engendré de légères incompréhensions du livret chez les jeunes spectateurs, est le seul petit bémol que l'on peut mettre à cette sublime production. La narration reste toutefois très lisible et reprend toutes les étapes de l'histoire racontée notamment par Ovide dans ses Métamorphoses.
Actéon est plus une œuvre pour chœur mise en scène qu'un opéra à proprement parler, les interprètes chantant tous les rôles. Les costumes simples de Lucie Mazières, s'accordent au décor et rendent les protagonistes (Le groupe de Diane et des nymphes, Actéon accompagné des chasseurs et des chiens et enfin les cerfs) facilement identifiables. Quelques troncs, un fond de ciel bleu, un sol vert suffisent à camper la forêt dans laquelle va se dérouler le drame. Un long tissu déroulé, et ce sera la rivière dans laquelle Diane et ses nymphes iront se baigner. La mise en scène de Victoria Sitjà est claire et compréhensible, adaptée au jeune public. La dernière scène, représentant les ombres des cerfs tués, est remarquable de beauté dépouillée, concluant de façon fort émouvante cet opéra.
La musique d'Emmanuelle Da Costa, spécialiste des voix d'enfants, joue subtilement sur la polyphonie et la spatialisation dans une partition mêlant différentes techniques vocales et n'ayant pas peur de proposer un langage musical contemporain au jeune public. Accompagnée par Maxime Echardour au piano et Ruta Lenciauskaite aux percussions, la Maîtrise de Radio France, placée sous la direction de Morgan Jourdain, livre une prestation approchant de la perfection. Les jeunes maîtrisiens, habitués à chanter en formation chorale, s'emparent avec aisance de la scène après avoir mémorisé près d'une heure d'une partition polyphonique complexe. Le professionnalisme de cette trentaine d'adolescents de 12 à 17 ans est remarquable. Leurs voix et leur présence envoutent les spectateurs, en témoigne le degré d'écoute exceptionnel du public, même chez les plus petits spectateurs. Il ne reste plus qu'à espérer une reprise dans les années à venir de cette production commune à l'Académie de l'Opéra national de Paris et à Radio France.
Crédits photographiques © Vincent Lappartient
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Paris. Amphitéâtre de l’Opéra Bastille. 9-XI-2024. Emmanuelle Da Costa (née en 1988) : Actéon, opéra sur un livret de Samuel Muller. Mise en scène : Victoria Sitjà. Scénographie et costumes : Lucie Mazières. Lumières : Louis Sady. Avec : Maxime Echardour, percussions ; Ruta Lenciauskaite, piano ; Maîtrise de Radio France (direction : Sofi Jeannin). Direction : Morgan Jourdain