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Le pari réussi de la zarzuela pour Juan Diego Flórez

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Florez Zarzuela. Œuvres de José Serrano (1873-1941), Federico Moreno Torroba (1891-1982), Pablo Luna (1879-1942), Ruperto Chapí (1851-1909), Rafael Calleja (1870-1938), Tomás Barrera (1870-1938), Reveriano Soutullo (1880-1932), Juan Vert (1890-1931), Amadeo Vives (1871-1932), Agustín Pérez Soriano (1846-1907), Pablo Sorozábal (1897-1988). Juan Diego Flórez, ténor. Orquestra y Coro juvenil Sinfonía por el Perú. 1 CD Flórez Records. Enregistré au GranTeatro National du Pérou en janvier 2024. Notice de présentation en espagnol et anglais. Durée : 47:00

 

D'une grande qualité autant orchestrale que vocale, le premier disque de sous son propre label est une valeur sûre pour les lyricomanes souhaitant découvrir un genre musical typiquement hispanique, digne des plus grandes pages lyriques.

Le renouveau de la zarzuela n'en est plus à ses prémices, autant sur scène qu'en livres, même si les enregistrements discographiques se font encore trop rares. Pour ce premier opus de sous son propre label sommairement nommé « Flórez », dommage que le prestige de la pochette ne puisse être pleinement appréciée par des acquéreurs francophones, les textes d'intention n'étant reproduis qu'en espagnol et en anglais. Peut-être que ce choix est l'un des éléments du parti-pris du ténor en faveur d'une production intégralement péruvienne et la mise en avant au premier plan d'un genre lyrique typique de ses origines ?

Il ne faut pas plus de quarante-sept minutes de musique pour qualifier la démarche musicale entreprise d'en tout point remarquable. D'abord par l'engagement de son instigateur qui souhaite porter des projets « très personnels » via son propre label. Ici, les premiers pas du ténor dans l'univers du chant lyrique sont matérialisés par une programmation musicale uniquement consacrée à la zarzuela, un genre dont l'attachement de restera constant malgré ses années belcantistes, celui-ci lui offrant régulièrement – notamment dans les rappels de ses récitals – la rare opportunité de chanter dans sa langue maternelle.

L'engagement de Flórez est aussi social grâce aux collaborations exclusivement péruviennes que ce label lui permet. Dans l'écrin du Gran Teatro Nacional del Perú, ce sont les jeunes artistes du Sinfonía pour el Perú Youth, qui font honneur à leur fondateur, le ténor ayant créé ce programme de formation – et d'ascension sociale – pour des jeunes défavorisés et talentueux. Sous la baguette du madrilène Guillermo García Calvo, directeur musical du Teatro de la Zarzuela depuis 2020, ces musiciens présentent une interprétation digne des plus grands professionnels, construite selon des nuances subtiles et une caractérisation des effets des plus exaltantes. Les violons sont mordants à souhait dans El último romántico de (1880-1932) et (1890-1931), le chœur est parfaitement homogène dans l'Alma de Dios de (1873-1941), l'orchestre est idéalement en phase avec son soliste, autant dans ses intentions, ses effets contrastés que son dynamisme renouvelé dans La Alegría del Batallón du même compositeur emblématique du genre. Alors, quand l'intermède flamboyant de Gerónimo Giménez, extrait de La boda de Luis Alonso, fait découvrir une virtuosité et une détermination assurées et assumées (superbes percussions), on ne peut qu'être admiratif face à la qualité constante de ce travail orchestral dans ce programme exigeant.

Les admirateurs du ténor ne seront pas en reste au regard de la ferveur du chanteur à défendre des pages musicales dignes des plus grands airs d'opéra. La sensibilité de Juan Diego Flórez illumine El Milagro de la virgen de Ruperto Chapí (1851-1909) et offre un adieu vibrant à Grenade dans Emigrantes de (1870-1938) et (1870-1938) où toute l'Espagne résonne dans les accords des cordes caractéristiques d'un jeu de guitare et les inflexions de voix d'un ténor majestueux. Son chant quasi a cappella dans l'Alma de Dios véhicule une atmosphère mystique, contrastant avec le ton joueur et séducteur de La Alegría del batallón selon de subtiles consonnances hispaniques, alors que le dialogue entre l'orchestre et la voix, fait jaillir autant la volupté de La pícara molinera de (1879-1942), que l'énergie communicative d'un ensemble orchestral et d'un soliste vocal en symbiose.

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Florez Zarzuela. Œuvres de José Serrano (1873-1941), Federico Moreno Torroba (1891-1982), Pablo Luna (1879-1942), Ruperto Chapí (1851-1909), Rafael Calleja (1870-1938), Tomás Barrera (1870-1938), Reveriano Soutullo (1880-1932), Juan Vert (1890-1931), Amadeo Vives (1871-1932), Agustín Pérez Soriano (1846-1907), Pablo Sorozábal (1897-1988). Juan Diego Flórez, ténor. Orquestra y Coro juvenil Sinfonía por el Perú. 1 CD Flórez Records. Enregistré au GranTeatro National du Pérou en janvier 2024. Notice de présentation en espagnol et anglais. Durée : 47:00

 
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