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Quintette de jeunesse et Quatuor d’adieu de Frank Martin par les Terpsycordes

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Frank Martin (1890-1974) : Quintette pour piano, deux violons, alto et violoncelle, Quatuor à cordes, Pavane couleur du temps. Fabrizio Chiovetta, piano; François Grin, violoncelle. Quatuor Terpsycordes : Girolamo Bottiglieri, premier violon; Raya Raytcheva, second violon; Caroline Cohen-Adad, alto; Florestan Darbellay, violoncelle. 1 CD Claves. Enregistré à la Salle de musique de La-Chaux-de-Fonds, en février 2023. Livret soigneusement illustré de photos des séances d’enregistrement. Durée: 52:22

 

Les Clefs d'or

Le joue dans son arbre généalogique en défendant les rares quintette et quatuor de , composés à près de cinquante ans d'écart. 

Il y a des projets discographiques qui paraissent aussi simples à réaliser que logiques, et qui pourtant attendent des décennies. C'est le cas de cet album qui voit le enregistrer les pièces pour quatuor de , et qui paraît l'année du cinquantenaire de la disparition du compositeur. L'ensemble tient en trois œuvres et dépasse à peine la cinquantaine de minutes. A quoi tient une telle attente ?

D'abord, à la lente distillation de la postérité, le temps nécessaire à ce qu'un compositeur de musique savante soit réapproprié par les générations suivantes. Le cinquantenaire de la disparition de a vu la Suisse défendre son compositeur avec une vigueur inédite, avec la création en 2023 du Frank & Maria Trust qui finance des nouveaux projets autour de la musique du compositeur, et de l'Association l'Odyssée Frank Martin qui vise à jouer toute sa musique sur trois années. Les décennies passant et la géopolitique semblant aimantée par le sombre et les extrêmes, la musique humaniste de Frank Martin en devient par contraste toujours plus essentielle.

Le Quintette pour piano et cordes de 1919 et la Pavane couleur du temps pour quintette à cordes, qui le suit de près en 1920, forment un ilot dans sa production chambriste, et enserrent dans cet album le plus important et plus représentatif Quatuor de 1966-1967, qui sera  sa dernière pièce chambriste. Frank Martin fait la rencontre d'Ernest Ansermet en 1918 et cette période de sa vie marque une sortie progressive du post-romantisme et une influence grandissante de l'art de Debussy et de Ravel, évolution qui se ressent dans ces deux œuvres.

Le titre de la Pavane est issu du conte Peau d'âne de Perrault  où une princesse cherche à éconduire son prétendant en lui demandant une robe couleur du temps, et il est un clin d'œil aussi à la Pavane de la Belle au bois dormant qui est la première pièce de Ma mère l'oye. C'est la pièce la mieux connue des trois, que Frank Martin arrangea aussi pour orchestre à cordes, elle est d'une élégante nostalgie, et conclut logiquement le disque.

Le Quintette étonne par le rôle timide attribué au piano, en particulier dans l'Andante con motto inaugural, et l'œuvre fuit tout effet de grandiloquence, ce en quoi Martin a bien senti son époque. Près d'un demi-siècle plus tard, Frank Martin est pleinement lui-même dans un Quatuor de maturité que l'auteur de la notice Yaël Hèche résume par une formule admirable : « une manière très personnelle de néo-classicisme magnifié par une expressivité d'une sobre intensité ». Dans cette perspective, avouons notre faible pour l'Adagio ma non troppo du Quintette et le Larghetto du Quatuor, qui sont tous deux représentatifs de cette douceur consolatrice typique du compositeur, au charme pénétrant et qui vous nourrit de l'intérieur.

Le complété par Fabrizio Chiovetta au piano et par son premier violoncelle François Grin, adoptent un parti-pris interprétatif d'une grande douceur, tout au long de l'album. Un parti pris qui contraste dans la discographie, marquée par le par deux fois chez Divox en 1990 et 2001 pour le Quatuor, ou en 2023 par l'Armida Quartett avec le pianiste Martin Klett chez DG pour le Quintette. Les deux formations mettent plus de chair et de sang, et s'attachent à ce que la musique sonne. Si en première écoute ou en écoute continue on peut légitimement préférer leur engagement interprétatif, les Terpsycordes ont une finesse et une fragilité qui nous paraît la plus proche de l'intention et de la nature même du compositeur.

Le livret soigneusement illustré de photos de l'enregistrement, qui a été réalisé dans la mythique Salle de musique de La-Chaux-de-Fonds, concourre à faire de ce disque une très belle contribution de la Suisse à son grand compositeur.

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Frank Martin (1890-1974) : Quintette pour piano, deux violons, alto et violoncelle, Quatuor à cordes, Pavane couleur du temps. Fabrizio Chiovetta, piano; François Grin, violoncelle. Quatuor Terpsycordes : Girolamo Bottiglieri, premier violon; Raya Raytcheva, second violon; Caroline Cohen-Adad, alto; Florestan Darbellay, violoncelle. 1 CD Claves. Enregistré à la Salle de musique de La-Chaux-de-Fonds, en février 2023. Livret soigneusement illustré de photos des séances d’enregistrement. Durée: 52:22

 
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