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Ravel et Liatochinski par le rayonnant Quatuor Tchalik

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Maurice Ravel (1875-1937) : Quatuor à cordes en fa majeur ; Boris Liatochinski (1895-1937) : Quatuor à cordes n° 2 op. 4 en la majeur ; Quatuor à cordes n° 3 op. 21 « Suite ». Quatuor Tchalik. 1 CD Alkonost ALK 009. Enregistré au Studio RIFFX1 de la Seine Musicale le 30 novembre et les 1er et 2 décembre 2023. Notice trilingue : anglais, allemand et français. Durée : 127’17

 
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Le propose un captivant parallèle entre le Quatuor en fa majeur de Ravel et deux quatuors de l'Ukrainien .

« Dans la lignée esthétique de Glière, on peut citer son élève qui composa cinq quatuors dont le dernier, sur des airs traditionnels ukrainiens, qui fut très souvent joué », nous indique Bernard Fournier dans son ouvrage consacré à l'Histoire du quatuor à cordes paru chez Fayard. De son côté Frans C. Lemaire dans Le Destin russe et la musique chez Fayard également, précise que Liatochinski ne quitta jamais son Ukraine natale… On peut ainsi à juste titre le considérer comme le père de la musique ukrainienne du XXe siècle.

Avec cet enregistrement sur son propre label Alkonost, créé en 2014, le , met en évidence la filiation entre le slavisme du grand maître français et ses répercutions russo-ukrainiennes, démontrant les relations existantes entre le Quatuor en fa majeur, un des chefs-d'œuvre absolus du jeune (27 ans), composé en 1902, créé à Paris deux plus tard et également donné en Russie, et plus particulièrement, le Quatuor à cordes n° 2 op. 4 (1922) du compositeur ukrainien pas encore trentenaire.

En ce qui concerne l'œuvre de , les Tchalik abordent le premier mouvement Allegro moderato en dégageant avec délicatesse et précision deux idées cycliques que l'on retrouvera dans les mouvements suivants. À l'instar des souhaits du compositeur ils le revêtent d'une atmosphère à la fois raffinée et pénétrante comme le montre l'introduction dont le thème est noté « Très doux » et l'apparition d'une seconde section davantage éloquente et cordiale. Le mouvement suivant un scherzo marqué « Assez — vif – Très rythmé » convient au mieux aux fougueux musiciens tant pour l'énergie qu'ils déploient brillamment que pour l'humour et l'enjouement sous-jacent qu'ils ne manquent pas de souligner. Pour autant la partie centrale lente stimule un jeu expressif et évoque un climat presque maussade avant de revenir avec une énergie décuplée lors du retour du rythme vif initial. Le troisième mouvement (« Très Lent ») propose un retour vers un andante poétique entrecoupé d'accents lyriques que les quartettistes maîtrisent avec une facilité apparente confondante sans faiblir lors des passages plus toniques venant pimenter le déroulé sonore. Le Quatuor en fa majeur s'achève par plusieurs métamorphoses savantes dont l'inspiration se trouve contenue en germe dans le mouvement initial.

Le Quatuor n° 2 en la majeur (1922) de Boris Liatoschinski en quatre mouvements révèle un créateur inspiré, doté d'une puissante force expressive renforcée par ces accents parfois incisifs et ce dès l'Allegro non troppo initial tandis que le mouvement final noté Allegro molto fait alterner des élans fantasques et des instants de rêverie. L'ensemble se caractérise par une vitalité entraînante alternant sans exagération avec un climat inquiet. Il parvient à capter l'attention en jouant délicatement avec une délicatesse rassérénée, une transparence sobre et un regard perdu dans une pensée dépouillée (Intermezzo. Molto lento) bousculée par une libération rythmique (Allegro vivace e leggero).

Le Quatuor n° 3, sous-titré « Suite » (1923), écrit quelques années plus tard, est construit en cinq courts mouvements contrastés ; ce qui pourrait évoquer la Suite lyrique d'Alban Berg. Une écriture plus expressionniste induit un sentiment quelque peu tragique notamment avec les éclats angoissés voire compulsifs et inquiets du Prélude (Agitato assai) qui ouvre la partition. L'atmosphère du Nocturne lento suivant prend un tour nettement plus accablé tandis que le Scherzo qui lui fait suite accentue cette impression désabusée. Un regain d'énergie volontaire et son âpreté qui caractérise l'Intermezzo (Allegro non troppo) laissent cours à un sentiment d'inquiétude voire obsessionnel. Cette musique dense, peu épargnée par un authentique repos, précède de peu les brutales et impitoyables interventions d'un tyran nommé Staline.

Les interprètes de cette gravure habitent ces œuvres, semblant les vivre de l'intérieur, leur conférant tour à tour une véracité confondante, une inquiétude tourmentée, une opulence contrôlée, et les rendent indéniablement captivantes.

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Maurice Ravel (1875-1937) : Quatuor à cordes en fa majeur ; Boris Liatochinski (1895-1937) : Quatuor à cordes n° 2 op. 4 en la majeur ; Quatuor à cordes n° 3 op. 21 « Suite ». Quatuor Tchalik. 1 CD Alkonost ALK 009. Enregistré au Studio RIFFX1 de la Seine Musicale le 30 novembre et les 1er et 2 décembre 2023. Notice trilingue : anglais, allemand et français. Durée : 127’17

 
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