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Les glorieuses années berlinoises de Simon Rattle

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Simon Rattle, les années berlinoises :  Œuvres de Thomas Ades, Samuel Barber, Ludwig van Beethoven, Hector Berlioz, Georges Bizet, Alexandre Borodine, Johannes Brahms, Benjamin Britten, Anton Bruckner, Dmitri Chostakovitch, Brett Dean, Claude Debussy, Antonin Dvorak, Joseph Haydn, Gustav Holst, Franz Liszt, Gustav Mahler, Colin Matthews, Olivier Messiaen, Modeste Moussorgsky, Carl Orff, Matthias Pintscher, Serge Prokofiev, Serge Rachmaninov, Maurice Ravel, Kaija Saariaho, Arnold Schoenberg, Franz Schubert, Richard Strauss, Igor Stravinsky, Piotr Illitch Tchaikovsky, Mark Anthony Turnage, Tom Tykwer-Johnny Klimek-Reinhold Heil.

45 CD Warner. Solistes, Chœurs, Orchestre philharmonique de Berlin. Direction Simon Rattle Enregistré à la philharmonie de Berlin de 1994 à 2012. Notice trilingue : allemand, anglais et français. Durée : 49h18

 
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Successeur de Claudio Abbado en 2002, a su redonner à l' son lustre digne des grandes années Karajan, mais en l'emmenant sur les sentiers nouveaux d'un répertoire parfois inconnu des musiciens. 

La nomination de à la tête de l' en 1999 à la succession de Claudio Abbado pour prendre ses fonctions en 2002 apparaissait comme une évidence tant la maîtrise du chef anglais acquise dans ses années de Birmingham en faisait le meilleur  pour prendre la direction de la prestigieuse phalange. Il allait y rester jusqu'en 2018, marquant de son empreinte le répertoire et la discographie de l'orchestre.

Le présent coffret de quarante-cinq disques, « the Berlin years » fait le pendant exact de celui précédemment consacré par l'éditeur à Celibidache « the Munich years » (y compris dans un emboitage tout aussi malcommode à manipuler). Toutefois, il ne recoupe pas exactement les années Rattle car ses premiers enregistrements à Berlin précèdent sa prise de fonction, tandis que durant les dernières années de son règne l'orchestre a publié ses CD sous sa propre étiquette ; c'est ainsi que les intégrales des symphonies et concertos de Beethoven, des symphonies de Schumann et Sibelius sont disponibles sous l'étiquette BPO.

Mais dans ce coffret, on trouve sinon toujours le meilleur du moins le plus représentatif des choix de Rattle, un chef dont chaque gravure est passionnante même si parfois discutable. Le premier CD ouvre le parcours avec la Faust-symphonie ; on y trouve à la fois le goût du maestro pour une grande page romantique, la maîtrise des timbres et des climats, l'approche souvent un peu oblique des grands compositeurs, et un discours à la fois orignal et captivant d'un bout à l'autre. Ces qualités font merveille dans Mahler, autre point fort du répertoire de Rattle. Sa Cinquième qui ouvrait son mandat berlinois est l'une des plus belles de la discographie, ses Neuvième et Dixième (Rattle étant un grand défenseur de la réalisation Cooke) impressionnant diptyque d'outre-tombe, seule sa « Résurrection » déçoit par un premier mouvement statique et non dépourvu de lourdeur. Dans ces conditions, on ne s'étonne pas que les Gurre Lieder et leur gigantisme post-mahlérien aient été une formidable réussite, comparable à celle de son prédécesseur Abbado (mais à Vienne car le maestro italien était paradoxalement plus convaincant comme invité que comme titulaire à Berlin). De Schoenberg une abrasive Kammersymphonie et une interprétation d'une folle virtuosité de l'orchestration du Quatuor op.25 achèvent de nous soulever d'enthousiasme. On n'en dira pas tout à fait autant du grand cycle brahmsien (les quatre symphonies et le Requiem allemand) un peu trop léché et retenu à note goût ; pour le coup, Rattle n'atteint pas les sommets que ses trois prédécesseurs au podium avaient imposés avec éclat. Deux symphonies de Bruckner seulement figurent dans le coffret, La « Romantique » est puissante mais quelque peu empesée (tout comme d'ailleurs la Neuvième de Schubert) tandis que la Neuvième avec le final achevé (version Samale-Mazzuca-Philips et Cohrs) a marqué la discographie en montrant ce qu'aurait pu être l‘ultime chef d'œuvre de Bruckner s'il nous était parvenu complet. Inattendu chez Rattle (mais la curiosité quasiment sans limite du chef anglais sait toujours nous surprendre), les Carmina Burana montrent à nouveau ce que, sous la baguette d'un grand maître des timbres et des sonorités, la musique d'Orff recèle de richesse et de poésie. Enfin, à l'autre bout de la chaîne de l'histoire de la symphonie austro-allemande, les symphonies 88 à 92 de Haydn sont emblématiques de la volonté de Rattle de dégraisser la sonorité de l'orchestre en le faisant travailler à petit effectif. De la même manière, Le bourgeois gentilhomme de Strauss pétille tandis que la vie de héros manque un peu de panache. Seul enregistrement beethovénien, le Fidelio sent trop son concert et manque de véritable ressort dramatique malgré sa grande beauté plastique.

Deuxième grand axe imposé par Rattle à l'orchestre, la musique russe est remarquablement bien servie ; un étincelant Casse-Noisette, deux CD Stravinsky où la puissance berlinoise se plie à l'alacrité rythmique du chef (les trois symphonies, géniales, ou le Sacre impressionnant), deux symphonies de Chostakovitch – une brillante Première (un CD de 33' !) et une tragique Quatorzième – le seul disque de concertos (les n° 1 de Chostakovitch et Prokofiev avec la peu marquante Sarah Chang), précèdent l'un des sommets du coffret : les Danses symphoniques et surtout Les cloches de Rachmaninov d'après Edgar Poe, fantastiques et cauchemardesques, un CD sublime. La rare symphonie épique de Borodine voisine avec les Tableaux d'une exposition dans l'orchestration de Ravel (quelle Grande porte de Kiev étourdissante !). En marge, les deux CD consacrés aux quatre poèmes symphoniques de Dvořák sont eux aussi transcendants dans leur façon de raconter les histoires et d'ouvrir la voie à Mahler ou Janáček. Un CD Nielsen offre à et l'occasion de montrer leur virtuosité, mais font regretter que Rattle n'ait pas gravé de symphonies.

La musique française est aussi à l'honneur : onirique et visionnaire Symphonie fantastique de Berlioz où se déploie la puissance de l'orchestre, envoûtante et poétique Ma mère l'oye, hilarante Heure espagnole de Ravel. Plus surprenante, Carmen offre son rôle titre à , l'épouse de Sir Simon confrontée au magnifique José de , couple d'amants maudits reléguant les autres chanteurs au second plan. Eclairs sur l'au-delà de Messiaen n'est pas son chef d'œuvre mais une intéressante rareté.

Sir Simon n'aurait pas été lui-même s'il n'avait fait goûter la musique britannique à sa phalange. Un poétique CD Britten avec et surtout d'éblouissantes Planètes de Holst, dignes de rivaliser avec celles de Karajan à Vienne, et complétées de façon séduisante par des œuvres dédiées aux astéroïdes et commandées à divers compositeurs, parmi lesquels se détache avec Tevot.

Un seul CD s'avère décevant et assez inutile dans ce coffret somptueux, celui consacré à la musique du film de Tom Tykwer « Le parfum » d'après Süskind. Après tout, vous n'êtes pas obligé de l'écouter, il y a assez de merveilles à savourer dans le reste.

Le résultat des 45 CD regroupés dans ce somptueux coffret nous émerveille le plus souvent. Aucun disque faible, beaucoup de sommets notamment post-romantiques, une somme éblouissante. Avec le recul on se dit que Rattle avait su dépasser l'inégale période d'Abbado pour restaurer la splendeur de l'orchestre mais laisse pendante l'interrogation : son successeur saura-t-il maintenir ce niveau d'excellence ?

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Simon Rattle, les années berlinoises :  Œuvres de Thomas Ades, Samuel Barber, Ludwig van Beethoven, Hector Berlioz, Georges Bizet, Alexandre Borodine, Johannes Brahms, Benjamin Britten, Anton Bruckner, Dmitri Chostakovitch, Brett Dean, Claude Debussy, Antonin Dvorak, Joseph Haydn, Gustav Holst, Franz Liszt, Gustav Mahler, Colin Matthews, Olivier Messiaen, Modeste Moussorgsky, Carl Orff, Matthias Pintscher, Serge Prokofiev, Serge Rachmaninov, Maurice Ravel, Kaija Saariaho, Arnold Schoenberg, Franz Schubert, Richard Strauss, Igor Stravinsky, Piotr Illitch Tchaikovsky, Mark Anthony Turnage, Tom Tykwer-Johnny Klimek-Reinhold Heil.

45 CD Warner. Solistes, Chœurs, Orchestre philharmonique de Berlin. Direction Simon Rattle Enregistré à la philharmonie de Berlin de 1994 à 2012. Notice trilingue : allemand, anglais et français. Durée : 49h18

 
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2 commentaires sur “Les glorieuses années berlinoises de Simon Rattle”

  • Jaquart dit :

    Les « glorieuses années » ? Le résultat de ce coffret vous « emerveille » ? A lire votre article, à peine plus de la moitié du coffret trouve grâce à vos yeux.
    Etonnant ces titres racoleurs ou ces conclusions qui n’ont aucun lien avec le contenu développé.
    Assumez le.
    Non, les années de Sir Simon ont été tout sauf glorieuse. Et surtout, les disques de ce coffret sont d’une mediocrité inouie quand on pense à la qualité de l’orchestre. Pour chaque disque, on trouve mieux ailleurs. Le pompom, un album Debussy, summu de vulgarité et de superficiel: réecoutez Karajan et Abbado pour vous en convaincre.

    La réputation de Sir Simon est incompréhensible. Demandez aux Berlinois !!

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