Pierre Hantaï de retour sur le clavecin du château d’Assas

En ouverture de la onzième édition du festival Musiques Anciennes en Pic-Saint-Loup et Gorges de l'Hérault, le directeur artistique Sylvain Sartre a invité le claveciniste Pierre Hantaï, un habitué des lieux.

Mettre en résonnance la musique ancienne et les lieux de patrimoine, tel est le propos de ces rencontres initiées par l'association Les Muses en dialogue. Assas, dans la campagne montpelliéraine, est un lieu chargé d'histoire : le château d'Assas et son clavecin historique sont indissociables du souvenir de Scott Ross, qui nous quittait il y a trente-cinq ans. C'est à une évocation du répertoire que le musicien aimait jouer sur cet instrument que Pierre Hantaï nous invite en ces lieux. Pour cet hommage en clair-obscur, l'interprète a choisi d'annoncer lui-même les pièces jouées ; c'est ainsi que faisait Scott Ross, qui construisait ses programmes de concert au fil des pages (façon de parler, car il jouait le plus souvent par cœur), pour une plus grande proximité avec le public. Ce concert marque le retour à Assas de Pierre Hantaï qui nous offrait il y a exactement cinq ans un programme dans le même esprit de promenade mémorielle.

C'est la musique française qui ouvre le bal, avec un prélude non-mesuré de d'Anglebert, plein de temps de suspension, suivi de La Flore de François Couperin. Une grande suite de Johann Sebastian Bach dans le style français nous permet d'apprécier la belle dynamique de l'interprète dans une bourrée dont l'ornementation profuse ne masque en rien la structure de la danse. On revient ensuite en France avec une superbe Sarabande de Rameau et la grande chaconne La Morangis de Forqueray, qui fait magnifiquement sonner le grave des claviers. Le programme se conclut par des extraits d'une suite en ré mineur de Georg Friedrich Haendel, avec un air à variations très virtuose et un final brillant qui cite un concerto pour orgue. En premier bis, une Sarabande de d'Anglebert offre un beau retour au calme, avant l'incontournable mouvement perpétuel des Barricades Mystérieuses de François Couperin. Et c'est une très attendue sonate de Scarlatti qui termine la soirée en feu d'artifice.

Crédit photographique :  © Bruno Garcia